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The Pan African Music Magazine
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Ekambi brillant, « l’homme important » n’est plus

Le chanteur camerounais, qui aura joué un rôle majeur dans la modernisation et l’internationalisation du makossa, est décédé le 12 décembre à Douala. Les mélomanes, au Cameroun et ailleurs, sont en deuil. 

Ekambi Brillant, qui porta haut les couleurs de son pays et de son makossa, s’est éteint le lundi 12 décembre 2022 à l’hôpital Laquintinie de Douala. Il était revenu récemment de France, où il avait été évacué pour des raisons de santé. Son parcours fut celui d’une étoile qui dure. 

Avant de devenir mot’a muenya, « l’homme important » (c’est le titre d’une de ses premières chansons), toujours bien sapé, Ekambi Louis Brillant est né à Dibombari en 1948. C’est tout jeune qu’il commence à s’intéresser à la musique, un goût qui se confirme après son certificat d’études et son entrée au collège. 

Il arrête ses études en 2de et se lance : d’abord avec le groupe Les Crack’s qui joue au Domino, un club de Douala. Mais son étoile se met à briller lorsqu’il remporte, en 1971, le prix de la chanson organisée par l’ORTF (Office de radiodiffusion-télévision français) dont le jury est présidé par Francis Bebey et Manu Dibango. De quoi le lancer, et lui permettre d’enregistrer son premier disque, Jonguélé la Ndolo. L’année suivante, il part pour la France  et signe avec Phillips Phonogram. Un contrat qu’il va rompre quatre ans plus tard pour collaborer avec l’arrangeur et chef d’orchestre Slim Pezin. C’est avec lui qu’il enregistre l’album « Africa Umba », où figure son titre phare, maintes fois repris tant en Afrique qu’en Occident : « Elongui ». Une chanson assez loin du makossa qui lui est familier, un carton qui devient disque de Diamant. Dans la foulée, il fonde son propre orchestre, Les Ebis. 

La fin des années 70 et la décennie 80 sont ses années les plus prolifiques : c’est dans son giron qu’on découvre des artistes comme Valéry Lobé, Roger Kom, ou encore Aladji Touré. Il collabore aussi avec Jacob Desvarieux (comme sur le double LP Ekambi Brillant paru en 1979) ou avec ses compatriotes Toto Guillaume et plus tard Sergeo Polo. Avec plus de 20 albums à son actif, il est élevé en 2009 au grade d’officier de l’ordre national de la Valeur, ce qui donne lieu à une grande fête qui se termine par l’hommage que lui rendent les artistes camerounais dans un club de Deido, à Douala. 

En 2021, interrogé par la chaine Canal 2 International, il s’insurgeait contre les concerts hors de prix des artistes étrangers organisés au Cameroun : « Y’a pas de raison, disait-il, que des Camerounais qui invitent des artistes étrangers leur proposent des sommes faramineuses, et nous on est là, on nous donne rien, on nous donne des miettes : c’est une façon de mépriser les artistes camerounais, et de mépriser le Cameroun. On va prendre des ambianceurs pester chez nous, en playback, on les amène au palais, on les programme dans les fêtes nationales de notre pays : il y a quelque chose qui ne va pas ! Les Camerounais n’aiment plus leur pays ! C’est une conspiration qu’on a mise en place pour tuer les musiques et les artistes camerounais ». 

Il s’emportait aussi contre les « musiques kleenex » qui ne durent que trois mois, parce que musiques et textes avaient été bâclés. Sa leçon : « Une chanson c’est comme un livre, le chapeau, la tête, le refrain, le pont pour respirer, la conclusion : il faut avoir du temps pour écrire de bons textes ». 

Ekambi Brillant n’est plus. Mais son étoile brille encore.

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