L’album Ecuatoriana : el universo paralelo de Polibio Mayorga est l’une des pierres angulaires qui a hissé l’artiste au sommet de l’andean cumbia, ce genre musical mêlant sonorités futuristes et mélodies andines traditionnelles.
La cumbia, autrefois le nom d’une danse et de la musique qu’on y associe, trouve ses origines sur la côte nord de la Colombie qui borde la mer des Caraïbes. Elle agrège des influences africaines – notamment les percussions, indiennes – notamment les flûtes, et enfin celles des espagnols – agencement des textes, guitare puis plus tard accordéon. Le nom proviendrait de Guinée Equatoriale où l’on dansait le “Cumbé” , dont les Cubains auraient tiré le terme “Cumbancha” pour désigner une fête populaire et spontanée. Ce qui est sûr, c’est que cette musique s’est disséminée dans toute l’Amérique latine ou presque, s’hybridant à chaque escale aux particularités locales. C’est ainsi que dans les Andes, dont l’Equateur forme la pointe nord, elle a pris des formes bien particulières.
A mi-chemin entre le passé et le futur, l’andean cumbia charrie la dure réalité sociale des travailleurs migrants à travers ses paroles tout en apportant une ambiance spatiale via ses sonorités électroniques. Ce genre musical nouveau va se répandre comme une traînée de poudre à travers le pays, bien que critiqué par les chanteurs alors les plus en vogue. Empreint de l’esprit d’une décennie marquée par la course à l’espace, et de rêves extraterrestres reflétés par les synthétiseurs (notamment le moog), ce style n’en perd pas pour autant son héritage culturel en transfigurant les mélodies traditionnelles et en les revêtant de couleurs futuristes. L’expérimentation trouve son public parmi les travailleurs équatoriens quittant leurs villages pour trouver du travail à Quito, et qui se reconnaissent dans les paroles.
Polibio Mayorga est une figure emblématique de cette musique chargée de préoccupations sociales. Il a traversé le pays depuis son village natal pour atteindre Quito mais n’en a pas oublié pour autant les rythmes traditionnels ancestraux qui l’ont bercé. Il évolue d’abord au sein du groupe Los Locos del Ritmo avant de rejoindre en 1973 la Fabrica de Disco S.A (Fadisa) – usine de pressage de vinyles et maison de disques – dont il deviendra plus tard le directeur musical. C’est accompagné du saxophoniste Olmedo Torres qu’il va composer des hits pour lui et pour les autres, permettant la renommée de la Fadisa. Porté par Cosmopolita et Marañon, les principales radios de Quito, la musique aux rythmes entraînants de Mayorga a donné un nouveau souffle à l’andean cumbia et à ses artistes. La compilation Ecuatoriana : el Universo Paralelo de Polibio Mayorga a marqué le mouvement de son avant-gardisme.
Avec cette réédition Analog Africa nous offre un voyage des montagnes andines jusqu’aux confins de l’hyper espace, et une contribution pour pérenniser l’héritage musical de Polibio Mayorga. Le label allemand mettra ainsi la compilation à disposition en version digitale le 7 avril mais le CD sera lui aussi disponible accompagné d’une brochure de 24 pages qui raconte la grande histoire de ce courant musical et de l’un de ses plus grands artistes, Polibio Mayorga.
Ecuatoriana : el universo paralelo de Polibio Mayorga , disponible le 7 avril via Analog Africa.