Le chanteur Geoffrey Oryema est décédé hier, à Lorient. Il avait 65 ans. Il restera une des grandes voix africaines du XXe siècle, et celle de tous les exilés.
Son album Exile, paru en 1990 sur le label Real World, l’avait révélé au grand public.
L’album portait la marque de son histoire, lui qui avait quitté clandestinement l’Ouganda d’Idi Amin Dada à l’âge de 23 ans, alors que son père, ministre, venait d’y être assassiné. C’est toute la minorité Acholi, dont les Oryema sont issus, qui allait être persécuté par un régime devenu fou. Il allait trouver refuge et reconstruire sa vie en France.
Exile comportait des chants douloureux et nostalgiques, comme le blues « Yé yé yé » ou la méditative « Makambo » inspirée d’une chanson de Franco Luambo. Il y faisait aussi la part belle aux instruments traditionnels, comme la sanza ou la harpe nanga.
Le personnage, parce qu’il avait connu les affres de l’exil, était aussi pétri d’espoir, et savait le transmettre.
Oryema aura signé six albums, et aussi (entre autres) composé la musique d’un documentaire de Wim Wenders sur les enfants soldats de son pays, l’Ouganda. Un pays qui lui était cher où il ne retourna pour la première fois qu’en décembre 2016 pour un concert chargé d’émotions.
On se souviendra de sa grande silhouette aux cheveux fous croisée souvent à Paris, et de son œil lumineux, toujours prêt à capter la beauté des choses. Que la terre lui soit légère.