La moitié de l’année 2019 écoulée, il est temps pour nous de faire le point sur les meilleurs albums sortis au cours de ces six premiers mois riches en nouveautés comme en nostalgie.
Illustration graphique par Julie Jargeais
Des guitares sahariennes de Mdou Moctar au rap ésotérique de Yugen Blakrok, des délires reggaedéliques du Salvador Dali jamaïcain Lee Perry, à la voix rauque du raï sentimental de Mohamed Lamouri aux mélodies cristallines de Solange, des rythmes frénétiques de Puto tito et Jay Mitta à la sagesse engagée de Tiken Jah, voici une sélection de nos albums préférés des six derniers mois, en toute subjectivité…
Lee Scratch Perry
Rainford
Du haut de ses 83 ans, la légende du dub jamaïcain nous livre le, fruit de plus de deux ans de collaboration avec Adrian Sherwood, avec qui il travaille depuis les années 1980. Rainford, enregistré entre la Jamaïque, le Brésil et le Royaume-Uni, est un album intime pour celui que l’on surnomme le “Salvador Dali jamaïcain”, comme l’indique le titre de celui-ci, qui fait référence à son prénom de naissance.
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Angélique Kidjo
Celia
Après s’être attaquée avec brio à l’héritage africain exploité par les Talking Heads dans leur album Remain In Light, la lauréate de trois Grammy Awards Angélique Kidjo consacre son nouvel album à une icône de la musique des Amériques, Celia Cruz. L’artiste cubaine était la figure de proue de la salsa, style de musique inventé entre Miami et New York par les diasporas cubaines et porto-ricaines. Angélique Kidjo cherche à remonter aux racines africaines de ce style de musique né d’échanges culturels et de mélanges complexes.
En 10 titres, sur l’album Celia, Angélique Kidjo creuse ces influences à travers les chansons phares de la reine de la salsa, et y insuffle sa puissance et son énergie.
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Abdullah Ibrahim
The Balance
Ce nouvel album du jazzman sud-africain a été enregistré avec son septet de longue date, Ekaya. Intitulé The Balance qui fait suite à son dernier LP The Song is My Story sorti en 2014 rend hommage à la vision du jazz d’Abdullah Ibrahim.
« Nous nous poussons à sortir de notre zone de confort, dans le but de présenter à nos auditeurs notre effort pour atteindre l’excellence. Nous voulons nous livrer en dépassant les barrières de nos égos. Ce n’est pas du jazz, pour nous c’est un processus de transcendance des barrières. »
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Yugen Blakrok
Anima Mysterium
Six ans après sa première mixtape Return of the Astro – Goth, et une apparition en 2018, sur la bande originale du film Black Panther qui la révèle malgré elle au grand public, la sud-africaine Yugen Blakrok dévoile un album magnifique, transcendant mais maîtrisé de bout en bout. Plus émotionnel que son prédécesseur, et beaucoup plus rebelle dans ses textes, Anima Mysterium s’appuie sur des productions sombres et lourdes du complice de la rappeuse Kanif the Jhatmaster. Avec ce disque, Yugen se place incontestablement comme l’une des voix hip-hop de l’année 2019.
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Blick Bassy
1958
4 ans après la sortie du lumineux Akö, le chanteur, compositeur et auteur Blick Bassy présente 1958, un album-hommage à Ruben Um Nyobé, leader indépendantiste camerounais qui fut exécuté par les forces coloniales françaises en 1958.
Dans cet album poignant, Blick Bassy évoque le héros disparu et montre qu’il sait se réinventer, s’éloignant des couleurs bluesy de son précédent disque (déjà chez No Format) pour ouvrir la voie à une musique toujours plus subtile, pleine de grâce et d’inventivité. Accompagné de Renaud Letang aux arrangements, l’auteur et compositeur camerounais joue avec les sons du violoncelle (tenu par son comparse Clément Petit), des cuivres (Johan Blanc et Alexis Anerilles) sans oublier les machines et les effets dont il sait parer sa voix de caméléon. Blick Bassy sait ainsi nous mener de la plus grande douceur à la rage ardente, de la transe à la méditation. Toute cette palette d’émotions est mise au service d’un propos politique, au sens le plus noble du terme.
Car 1958 invite les nouvelles générations à redécouvrir leur culture et leur histoire, pour pouvoir s’inventer un futur qui leur ressemble. Un message, rappelle-t-il, qui prend un caractère d’urgence pour une Afrique qui n’a que trop longtemps été le jouet des ambitions étrangères.
Pour la sortie de 1958, Blick Bassy présente un nouveau clip de « Woñi » tourné en Afrique du Sud, tout aussi spectaculaire que le premier.
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Tyler, the creator
IGOR
Tyler, the creator revient IGOR, son cinquième album studio qui fait suite à Flower Boy sorti en 2017. Avec IGOR Tyler expérimente et mélange les genres, la précision de la production et des orchestrations crée une atmosphère qui se marie parfaitement avec l’histoire du disque. Sans pour autant être crédité sur les plateformes, le californien invite Kanye West, Lil Uzi Vert, Santigold, ou encore Playboi Carti. Dans un post publié sur les réseaux sociaux, Tyler explique : « Ne vous jetez pas dedans avec l’espoir d’écouter un album de rap ou n’importe quel album. Juste allez-y, jetez-vous dedans. » Après le sublime Flower Boy, Tyler continue de bousculer les codes du rap et délivre un album audacieux et introspectif, décrivant ses tourments amoureux.
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Mdou Moctar
Ilana: The Creator
C’était il y a plus de 10 ans, en 2008, le guitariste touareg Mdou Moctar diffusait son premier album devenu viral en Afrique de l’Ouest. Après une apparition sur l’excellente compilation du label Sahel Sounds, Music from Saharan Cellphones, une bande originale d’un remake sahraoui de Purple Rain, et des enregistrements live sur Third Man Records de Jack White, il sort Ilana: The Creator , son premier album studio.
Accompagné par des musiciens dont Ahmoudou Madassane du groupe Les Filles de Illighadad à la guitare rythmique, Aboubacar Mazawadjes à la percussion et Michael Coltun à la basse, Mdou Moctar revient dans le folklore touareg, s’inspirant des boucles hypnotiques des griots takamba. Avec “Ilana”, Mdou combine à la fois tradition et modernité à l’image du titre « Kamane Tarhanin », où boucles hypnotiques inspirées des griots takamba et les chœurs en question réponse créent un sentiment d’urgence, dilué dans une réverbération qui rappelle le rock psychédélique occidental.
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Flying Lotus
Flamagra
Pour son premier album studio depuis cinq ans, Flying Lotus s’est entouré d’un grand nombre de collaborateurs de haut niveau. Flamagra fait ainsi figurer entre autres Solange, Denzel Curry, Thundercat, George Clinton et Little Dragon. Cette nouvelle sortie, qui fait suite à son LP de 2014 You’re Dead ! nous présente encore un fois l’univers riche et unique des productions de l’artiste.
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Santi
Mandy & The Jungle
Devenu le porte étendard de la scène alté de Lagos, Santi sort son premier album, Mandy & The Jungle. Mandy & The Jungle c’est l’histoire d’une fille (Mandy) qui n’a pas conscience de son potentiel, Santi explique. Deux ans de travail pour un album à la hauteur de l’attente dans lequel on retrouve la participation du jeune anglais d’origine nigériane Kidda Kudz, le sud africain Shane Eagle ainsi que des pointures US comme GoldLink ou encore DRAM.
Cet album fait suite à une série de singles initiés l’année dernière dont le “Rapid Fire” ou encore « Sparky » plus récemment. Chacun des singles est accompagné d’une vidéo réalisée par Santi. L’artiste, comédien depuis plus de 10 ans crée à travers ses vidéos un univers singulier, processus de création qui aura joué un rôle déterminant à l’ascension de l’artiste.
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Raashan Ahmad
The Sun
Plus instrumental que ses albums précédents, s’inspirant du hip-hop, du folk, des rythmes africains, du spoken word, du jazz et du flamenco, moins MC, plus poète Raashan signe un nouveau bijou à la fois très original et extrêmement cohérent.
Le MC californien est de retour avec The Sun, nouvel album rayonnant d’éclectisme sans perdre de cohérence. Plus instrumental que ses albums précédents, s’inspirant du hip-hop, du folk, des rythmes africains, du spoken word, du jazz et du flamenco, moins MC, plus poète Raashan signe un nouveau bijou à la fois très original et extrêmement cohérent.
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GoldLink
Diaspora
Suite d’At What Cost sorti en mars 2017 et au fameux « Crew », titre nommé aux Grammy Awards, Goldlink dévoile son deuxième album, Diaspora. De son vrai nom D’Anthony Carlos, Goldlink est un des rappeurs les plus talentueux de sa génération. Toujours à la recherche des nouvelles tendances, il avait invité des beatmakers différents sur chaque piste pour son dernier album.
Ce nouveau projet fait figurer bon nombre de collaborations, dont Wizkid, Tyler, The Creator, Jay Prince et Maleek Berry avec Bibi Bourelly sur le titre « Zulu Screams » dont la vidéo a été dévoilé le 20 mai dernier.
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Mohamed Lamouri
Underground Raï Love
Connu pour sa voix rauque et son synthétiseur Casio qu’il promenait de long en large sur la ligne 2 du métro parisien, Mohamed Lamouri dévoile ici son premier album. Il dévoile ainsi par la même occasion ses talents de songwriter (six morceaux sur dix sont des compositions originales), lui qui avait jusqu’alors fait de sa reprise du morceau ‘Tgoul Maaraft » de Cheb Hasni l’oeuvre la plus remarquée de son répertoire. Accompagné du groupe Mostla, au sonorités pop rocks assumées, Mohamed explore avec une simplicité sensible le raï sentimental, en suivant les traces de son idole Cheb Hasni, dont les reprises constituent l’autre partie de ce disque.
Ezra Collective
You Can’t Steal My Joy
Après la sortie d’un premier EP en 2017 et une tournée de plus de 2 ans, Ezra Collective dévoile You Can’t Steal My Joy, leur premier album. Le quintet originaire de Londres s’inspire autant de l’afrobeat, de la musique latine, que du hip-hop et de la grime, dans un mélange singulier qui leur a notamment permis de remporter le prix du ‘Best Jazz Album’ aux Gilles Peterson’s Worldwide Awards. À l’image de « What Am I to Do », premier single dévoilé où on retrouve le rappeur londonien Loyle Carner, l’album est au niveau des attentes. Le quintet invite également sur ce nouvel opus les membres du combo KOKOROKO et la star montante du R’n’B Jorja Smith. On y trouve également une nouvelle reprise du « Space Is The Place » de Sun Ra, ainsi qu’un hommage à Fela Kuti.
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BCUC
The Healing
En moins de 3 ans, l’ovni venu de Soweto BCUC (Bantu Continua Uhuru Consciousness) s’est imposé sur les scènes du monde entier défiant les barrières stylistiques et les formats calibrés imposés par l’industrie du disque.
Outre toutes les musiques d’Afrique du Sud, celles du présent comme du passé (traditions zoulou et percussions shona, les trompes et le chant choral, le groove mbaqanga et le swing malombo…), dans la musique de BCUC le hip-hop a droit de cité, le punk transpire entre les lignes, le free jazz laisse place aux improvisations tout comme le gospel-soul dans ce qu’il touche à l’essentiel. The Healing (la guérison) est dernier volet d’une trilogie initiée en 2016 avec Our Truth. Parmi la liste des contributeurs à cet album on retrouve le saxophoniste nigérian Femi Kuti et le poète américain Saul Williams.
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Beyoncé
Homecoming
Suite à la sortie du documentaire HOMECOMING sur Netflix, qui retrace sa performance à Coachella en 2018, Beyoncé vient de sortir par surprise un album live éponyme. Le projet d’une quarantaine de titres fait figurer certains morceaux exclusifs aux côtés de la tracklist entière de son live, parmi lesquels “Lyft Every Voice and Sing” et une reprise de “Before I Let Go” de Frankie Beverly et Maze. On retrouve dans cet album des versions live de ses plus grands hits, de “Crazy in Love” à “Baby Boy” en passant par “Drunk in Love” et “Flawless”, dont l’énergie est renforcée par l’ensemble de cuivres qui accompagne la diva sur scène.
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Tiken Jah Fakoly
Le Monde est chaud
En 25 ans de carrière et douze albums studio, l’artiste ivoirien est devenu l’incontournable fer de lance d’un reggae engagé qui a fait de la dignité et de l’indépendance de l’Afrique ses priorités. Exaltant ses racines mandingues, il a fait du continent le centre de sa musique, que ce soit en termes de sonorités, en y ajoutant koras, ngonis, sokous, balafons et djembés, mais également dans ses paroles, dénonçant les injustices et les stigmates du néocolonialisme que subit l’Afrique. Le Monde est chaud, son nouvel album, tire la sonnette d’alarme sur le réchauffement climatique et témoigne de son engagement constant à travers sa musique.
Retrouvez notre interview de Tiken Jah Fakoly.
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Jamila Woods
LEGACY! LEGACY!
La chanteuse de soul américaine basée à Chicago nous livre ici un album mature et poignant, qui porte un regard critique et poétique sur l’identité américaine et sur la sienne, en tant que femme et artiste noire. Chaque morceau rend hommage dans son titre à une personnalité, de Basquiat à Frida Kahlo en passant par Sun Ra. Ses paroles puissantes se posent sur les instrumentales de Slot-A, qui mêle hip-hop, funk et électro dans une alliance de grooves inventifs.
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Grupo Pilon
Leite Quente Funaná de Cabo Verde
Après deux compilations consacrées au Soudan, le label Ostinato revient sur au Cap Vert pour une compilation du groupe Pilon. Grupo Pilon: Leite Quente Funaná de Cabo Verdereprésente le deuxième chapitre de l’histoire de la diaspora cap-verdienne en retraçant le chemin de ce quintet qui enregistra trois albums dans les années 90 au Luxembourg. En mélangeant les percussions créoles et les synthétiseurs et guitares caractéristiques du colazouk, ils donnèrent naissance à un genre novateur : l’électro-funaná.
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Koffee
Rapture EP
Depuis la sortie de son hit « Toast » et la très remarquée performance avec Chronixx en 2018, la jeune jamaïcaine de 18 ans a fait un bout de chemin. De son vrai nom Victoria Simpson, Koffee est devenu l’artiste qui incarne le renouveau du reggae, rien que ça. Un succès fulgurant à en voir ses clips de “Toast” et “Throne” qui cumulent des millions de vues. La jeune artiste impressionne par sa maturité et son aisance à manier l’art du reggae-dancehall. Malgré son succès l’artiste garde la tête sur les épaules. Au travers de sa musique, Koffee se donne pour mission de préserver les racines et la culture de son pays, tout en valorisant et responsabilisant la nouvelle génération grâce à son voyage musical autour du monde.
Ce premier EP, Rapture regroupe “Throne”, “Toast “et “Raggamuffin” sortis au cours de l’année 2018-2019 et deux nouveaux titres, “Rapture “et “Blazin” en featuring avec l’artiste dancehall Jane Macgizmo.
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Kel Assouf
Black Tenere
Produit par le claviériste du groupe, Sofyann Ben Youssef, l’homme derrière le projet AMMAR 808, le nouvel album de Kel Assouf va à l’essentiel en se concentrant sur l’énergie du front man Anana Ag Haroun et de son rock Kel Tamashek (touareg).
Inspiré à la fois par le Ishumar desert rock des pionniers Tinariwen et les classiques du rock tels que Led Zeppelin, Black Sabbath et Queens of the Stone Age, ainsi que par la musique électronique européenne, Kel Assouf propose un son unique composé de textures brutes et enivrantes.
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KOKOROKO
KOKOROKO
Un an après la sortie de leur premier single « Abusey Junction », un morceau qui a dépassé les 18 millions d’écoutes sur YouTube et les 3 millions sur Spotify, le groupe londonien de 8 musiciens mené par la trompettiste Sheila Maurice-Grey dévoile un EP 4 titres à la hauteur de leur premier essai.
» Abusey Junction » a fait partie, en 2018, de l’incontournable compilation We Out Here sortie chez Brownswood, documentant cette vibrante nouvelle scène underground londonienne influencée par le jazz.
À travers ce premier EP, KOKOROKO (qui signifie « être fort » en Urhobo) nous offre vision élargie de leur musique singulière, chargée de soul et d’afrobeat, inspirés par Fela Kuti, Ebo Taylor ou encore Tony Allen, tout en gardant des sonorités résolument londoniennes.
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Lafawndah
Ancestor Boy
Ancestor Boy est un objet à la fois audacieux et accessible qui passe haut la main le cap délicat du premier album, confirmant un potentiel créatif déjà entendu dans ses deux premiers EPs autoproduits. Entre chansons pop et expérimentations à deux vitesses, Lafawndah crée ici un remarquable premier essai en totale indépendance, s’entourant d’une équipe d’amis aussi talentueux qu’elle.
Un album comme une « déclaration d’intention stimulante » qui révèle une artiste sans limite de portée avec la volonté de faire voler en éclat les pensées trop formatées façonnant une musique hybride qu’il serait insultant de rattacher à un seul genre.
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Que Vola ?
Que Vola?
Que Vola ? », voilà bien une expression qu’on entend quotidiennement dans les rues de La Havane. Quelque chose entre « ça va ? », et « quoi de neuf ? » : un gimmick de plus pour rythmer les conversations théâtrales des habitants de la capitale cubaine. C’est aussi le nom de ce projet musical plutôt fou, patiemment construit par Fidel Fourneyron, qui a décidé de réunir un septet de jazzmen français dont le contrebassiste Thibaud Soulas. C’est lui qui ouvrit à Fidel, un jour de 2012, les portes de ses amis percussionnistes à La Havane. Adonis Panter Calderon, Ramon Tamayo Martinez et Barbaro Crespo Richard en faisaient partie. Ce sont eux qui donnent à la musique de Que Vola ? ses fondations rythmiques, terrestres, jouant des rythmes cérémoniels aux tambours bata, ou bien de trépidantes rumbas au cajon et congas. Fidel Fourneyron, quant à lui, s’est inspiré du dialogue qui s’établit entre les percussions et les chœurs, sans jamais perdre de vue les danseurs. Résultat : le jazz de Que Vola ?, à la fois savant et populaire, donne envie de bouger la tête, mais aussi les pieds.
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Aziz Sahmaoui
Poetic Trance
Poetic Trance est le troisième album du chanteur marocain Aziz Sahmaoui, ancien membre de l’Orchestre National de Barbès et du Joe Zawinul Syndicate avec le all stars qui l’accompagne, University of Gnawa. Dès le début de l’album, le ton est donné : le son d’un ngoni surgi des bords du fleuve Niger, quelques mots arabes et d’autres venus du Togo, le chœur puissant qui scande les merveilles du Paradis Africain (Janna Ifirikiya) puis le wolof qui nous ramène à Saint Louis, dans la voix d’Alune Wade qui fait miroiter les rayons du soleil sur le .fleuve Sénégal.
Poetic Trance est un disque abouti, un condensé de transe, de groove et de poésie qui tisse des liens entre le Nord et l’Ouest de l’Afrique, l’Orient et l’Occident
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Steel Pulse
Mass Manipulation
Mass Manipulation marque le grand retour du groupe originaire de Birmingham. Avec une douzaine d’albums à son actif, Steel Pulse est un géant du reggae britannique, à l’origines de nombreux classiques tels que leur premier album de 1978, Handsworth Revolution. Le groupe, aujourd’hui composé du chanteur David Hinds et du claviériste Sidney Mills assisté par David Elecciri à la guitare, est de retour pour un album toujours aussi engagé politiquement : du trafic au climat, rien n’échappe au regard critique mais bienveillant du chanteur. Comme Hinds l’explique lui-même, «on ne peut abandonner le futur pour lequel nos ancêtres se sont battus.»
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Lee Fields & The Expressions
It Rains Love
It Rains Love est le cinquième album du parrain de la soul new-yorkaise accompagné de ses fidèles musiciens The Expressions. Cette nouvelle sortie rend hommage à l’amour -son sujet favori – en particulier à celui qu’il partage avec sa femme depuis 40 ans. Sa voix puissante et singulière vibre ici sur des arrangements presque érotiques, laissant alors entrevoir un nouveau disque maîtrisé de bout en bout et doté d’une authenticité devenue rare dans le style. Un voyage musical et romantique dans le New-York des années 70.
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Ifriqiyya Electrique
Laylet El Booree
Ifriqiyya Electrique est né de la rencontre entre Gianna Greco et François R. Cambuzat, issus de la scène européenne post-punk, et des chanteurs et percussionnistes Yahya Chouchen, Fatma Chebbi et Tarek Soltan, membres de la communauté Banga, localisée en plein désert, en Tunisie. La musique du groupe n’a jamais été composée pour un public occidental. Elle vise à ré-interpréter, avec des sonorités contemporaines, les rythmes et incantations présentes au cours des rituels Banga, dans le but d’induire des états de conscience altérée, de transe. La transformation de ces musiques traditionnelles à travers ce mélange bruitiste est qualifiée de « rituel post-industriel » par les membres du groupe. Un terme qui incarne pleinement l’esthétique punk DIY du disque et l’assemblage de rythmes ritualistes sahariens et noise rock.
Various Artists
Jambú e os míticos sons da amazônia
Il aura fallu six ans au label Analog Africa pour élaborer leur 28e compilation, Jambú e os míticos sons da amazônia. Un hommage à la ville portuaire de Belém et à sa diversité musicale qui s’est développée au carrefour entre les eaux des fleuves amazoniens et de ceux de l’océan. L’histoire d’un flot continu de rythmes, de sons, de langues et de la manière dont ils ont été mélangés et réappropriés pour créer une myriade de nouveaux genres musicaux. Jambú est un voyage euphorisant au cœur de la culture brésilienne et de ses mélanges qui vous laisse un arrière-goût persistant.
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Minyo Crusaders
Echoes From Japan
Réussissant le pari fou de revisiter les musiques traditionnelles min’yō par des arrangements cumbia, afrofunk et éthiojazz, le big band japonais Minyo Crusaders est sans nul doute aussi surprenant que rafraîchissant . Originaire de Tokyo, le groupe débarque avec Echoes From Japan, un premier album débordant d’énergie, porté par les dix musiciens de la formation. Le concept du groupe a été imaginé par le guitariste, Katsumi Tanaka : « Pour les japonais, le min’yō est à la fois une musique traditionnelle proche et lointaine. En tant qu’art de la scène traditionnel, le min’yō est considéré comme un art intellectuel. Pourtant, il s’agit principalement de chansons pour travailler, danser ou boire. Nous voulons leur redonner leur sens littéral de chansons du peuple. »
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Makala
Radio Suicide
Après deux ans de méditation, de création et de travail, Makala a enfin sorti l’album. 21 morceaux et de nombreux egos mis au service du projet pour créer un univers métaphorique avec une philosophie simple : “Pas de message pour la jeunesse, j’ai RS 1 pour qu’ils 2 renaissent”. Radio Suicide, un album destiné à la jeunesse, une porte d’entrée dans l’unviers de l’artiste.
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The Comet Is Coming
Trust In The Lifeforce Of The Deep Mystery
Le trio londonien continue ses explorations psychédéliques en sortant un nouvel album qui propulse le jazz sur une autre planète.
Fiers de leur nomination aux Mercury Prizes avec leur premier album remarqué Channel the Spirits sorti en 2016, le groupe au nom explicitement pré-apocalyptique The Comet Is Coming entretient plus que jamais le mystère presque sectaire qui les entoure avec une nouvelle salve de free-jazz organique. Leur second opus Trust In The Lifeforce Of The Deep Mystery tourne autour de l’idée de « trouver un sens dans ce qui est insaisissable et croire en l’existence d’une énergie primordiale. »
Avec In The Lifeforce Of The Deep Mystery, le trio alterne spiritual-jazz, groove électroniques et balades stellaires transcendantales. Une musique composée « pour ces temps de crise et de chaos » explique le saxophoniste Shabaka Hutchings.
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Tshegue
Telema
Après un premier EP largement acclamé, Tshegue continue de s’imposer sur les scènes internationales en brassant le garage, le punk, la bass music et les inspirations musicales africaines avec une énergie et une urgence viscérale. Le duo est de retour avec un nouvel EP Telema qui nous plonge dans une transe aux accents industriels enempruntant autant au rock qu’aux rythmes afros.
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Jay Mitta
Tatizo Pesa
Jay Mitta, connu pour faire partie du Sisso Studios à Dar Es Salaam en Tanzanie Jay Mitta est un producteur de singeli, nouvelle scène musicale à mi-chemin entre le kuduro, le shangaan electro et le gabber. Son premier album, Tatizo Pesa, est sorti sur Nyege Nyege Tapes en ce début d’année. Le projet mélange la frénésie du singeli tanzanien – vitesse minimum 180 bpm – au rap swahili, et introduit un talentueux jeune rappeur du nom de Dogo Janja, âgé d’à peine 14 ans.
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Burna Boy & DJDS
Steel and Copper
L’artiste afrofusion nigérian dévoile Steel and Copper, un projet en collaboration avec le duo de Los Angeles DJDS, via les labels On A Spaceship/Our Bad Habit/Atlantic Records/Loma Vista. L’EP amène Burna Boy sur des ambiances nouvelles, entre pop, trap et sonorités globales. Un mélange qui surprendra les fans respectifs.
DJDS sont connus pour avoir travaillé avec The Dream, Khalid, Empress of, ainsi qu’avec Kanye West sur son The Life of Pablo. Steel and Copper marque un début d’année productif pour Burna Boy, qui a recemment sorti les tubes « Dangote » et « Killin Dem » en featuring avec Zlatan. Il sera dès avril en tournée aux États-Unis, dont deux weekends au festival Coachella.
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Nkisi
7 Directions
La productrice, DJ et sonic activist Nkisi sortait en ce début d’année son premier album 7 Directions, sur le label de Lee Gamble, UIQ. L’album fusionne la polyrythmie complexe du Congo avec la cosmologie africaine des Bantous, en s’appuyant sur les écrits de l’intellectuel Dr Kimbwandende Kia Bunseki Fu-Kiau.
Nkisi s’est fait son nom dans la scène club londonienne grâce à ses morceaux brutaux et frénétiques aux influences multiples : gqom, bande son de giallo des années 70, gabber et doomcore. Elle fonde en 2015 le collectif et label NON Worldwide avec Chino Amobi et Angel Ho.
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Guts
Philantropiques
Porté par une volonté constante de se renouveler, il s’entoure aujourd’hui d’un nouveau live band. Irrémédiablement attiré par les vibrations du monde, c’est principalement sur celles de l’Afrique et des Caraïbes qu’il s’attarde dans son dernier effort. Expérimental, ensoleillé, ce nouvel album s’inscrit dans le prolongement de sa série de compilations intitulée Beach Diggin’ qu’il concocte avec son complice Mambo depuis 2013.
Philantropiques est un album résolument afro-tropical où se rencontrent le jazz et le carimbó. Comptant sur la participation de nombreux musiciens venus de différents horizons, ce disque est une histoire de rencontres et de collaborations où chacun vient apporter une dose de cuivres, de guitare, de flûte ou de vibraphone aux 15 titres qui composent le disque.
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Hama
Houmeissa
Après un premier EP timide mais audacieux sorti en 2015, avec Houmeissa, son premier album, le Nigérien Hama, dit « Hama Techno » vient élargir ce pont imaginaire entre le monde occidental et ces régions qui ont rarement leur place dans la playlist du mélomane moyen, malgré leur intérêt culturel doublé de ce groove si particulier qui n’existe nulle part ailleurs.
Chauffeur privé d’un riche expatrié, de son vrai nom Mouhamadou Moussa, Hama reçut son premier synthétiseur d’un voisin. Et lorsqu’il ne conduisait pas son employeur dans les rues de Niamey, Hama revisitait alors des chansons traditionnelles du désert sur son nouveau jouet, en commençant sans le savoir à développer un style singulier. Rapidement, le multi-instrumentiste s’approprie un laptop, récupère une copie piratée de FruityLoops, puis commence à arranger plus sérieusement ses propres mélodies avec les moyens du bord, mais surtout avec passion. Houmeissa, est un disque spontané et convaincant qui promet de lui ouvrir des portes bien au-delà de Niamey…
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Ekiti Sound
Abeg No Wex
Le rappeur Leke, à l’origine du projet Ekiti Sound, a grandi entre le Royaume-Uni et le Nigéria. Son premier album Abeg No Wex il le décrit comme « la bande son de la nouvelle diaspora », un album de ses souvenirs issus des deux villes dans lesquelles il a vécu. Leke explique : “Cet album est sincère, il s’est construit de lui-même pendant mon séjour au Nigéria. J’avais besoin de comprendre mon identité. Il fallait reconnecter les morceaux. D’un côté il y avait mon identité sonore londonienne et, lorsque mon père est décédé, je me suis retrouvé au centre de la tradition. Je me suis occupé de l’enterrement avec ma mère, des relations avec la famille. J’ai du plonger dans cette culture et j’ai pu vérifier que je n’avais pas perdu mon identité. La musique m’a permis de trouver qui j’étais vraiment. Abeg No Vex n’est vraiment pas le résultat d’une décision, mais une recherche, un choc culturel, un mouvement émotionnel.”
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Ethnic Heritage Ensemble
Be Known: Ancient/Future/Music
Mené par l’illustre percussionniste Sir Kahil El’Zabar, Ethnic Heritage Ensemble est reconnu comme un des précurseurs des mouvements spiritual grooves et jazz afro-futuriste. Les compositions du groupe s’articulent autour de la combinaison d’éléments de la musique afro-américaine avec des motifs issus des racines des musiques traditionnelles africaines, dans la perspective de créer des nouvelles sonorités ancrées dans leurs origines mais radicalement tournées vers le futur. À l’occasion de ses 45 ans d’activité, la formation de jazz afro-futuriste sort un nouvel album sur Spiritmuse Records, intitulé Be Known: Ancient/Future/Music, tout comme le documentaire sur le groupe réalisé par Dwayne Johnson-Cochran qui sortira cette année.
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Octavian
Endorphins
La rappeur londonien Octavian est de retour avec une nouvelle mixtape, Endorphins, qui fait suite à SPACEMAN, sorti en 2018. Le projet contient 12 morceaux, dont des featurings avec des poids lourds tels que Smokepurpp, Skepta, Jessie Ware, A$AP Ferg et Theophilus London. Le clip de “Feel it”, le single en collaboration avec ce dernier, est déjà disponible.
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Dona Onete
Rebujo
La “reine de l’amazone” est de retour avec un troisième album hommage à sa ville natale, Belém, à l’aube de ses 80 ans. Entre carimbos, cumbia, brega et samba, Dona Onete célèbre la diversité de l’état qui l’a vue grandir, le Para. Le titre de l’album, Rebujo, est une référence aux courants de l’Amazone, qui transportent les nutriments du lit de la rivière, mais qui peuvent également entraîner les nageurs imprudents.
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Spaza
Spaza
Le label Mushroom Hour Half Hour se veut être un espace d’expérimentation qui met en avant la nouvelle scène de jazz avant-gardiste d’Afrique du Sud, et principalement de Johannesburg. C’est avec un studio mobile qu’a été enregistré en une prise Spaza, par un groupe de musiciens issu de la scène locale qui n’avaient jamais enregistré ensemble. Le LP tire son nom des boutiques informelles qui pullulent dans les villes du pays. Une ode à l’improvisation et à l’esprit DIY, au talent des improvisateurs et à la culture locale, à laquelle les titres, les rythmes et les sonorités rendent hommage.
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Baloji
Kaniama: The Yellow Version
Suite de son album 137 Avenue Kaniama, Baloji sort aujourd’hui la mixtape Kaniama: The Yellow Version, annoncé par le court-métrage Zombie. Dans le court-métrage comme dans la mixtape, l’artiste pluridisciplinaire nous transporte dans un Kinshasa halluciné. Une traversée dans un monde futuriste entre espoir et dystopie où le rappeur s’interroge sur le lien que l’on entretient avec nos téléphones, devenant presque une excroissance de notre main, mais aussi sur la tension entre les pouvoirs des états et des médias. Kaniama: The Yellow Version contient une version revisitée de l’album dans une même piste, ainsi que deux pistes exclusives, “Spotlight & Miroir” (Feat. Marshall Dixon & Poison Mobutu) et “L’hiver Indien” en collaboration avec Gael Faye.
Retrouvez notre interview de Baloji.
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Les Maravillas de Mali
Africa Mia
« Rendez vous ce soir, chez Fatimata, nous allons danser jusqu’à l’aube, mon ami… » Ce doux refrain en version latino en aura fait danser plus d’un. C’était au temps béni des premières années de l’indépendance du Mali. Et ce titre en fut la bande-son, un hymne qui sera vite repris dans toute l’Afrique de l’Ouest. 50 ans plus tard, sur les traces de son passé, l’album a été réenregistré avec des nouvelles versions de leur unique album produit au studio Egrem en 1967. Africa Mia est un témoin de cette incroyable épopée afro cubaine, un album qui est aussi la bande originale du documentaire du même nom réalisé par Richard Minnier. Il raconte : « Ce projet m’a emmené dans une quête de 20 ans entre le Mali, la Côte d’Ivoire, le Niger et Cuba pour retrouver les membres de ce groupe mythique : Las Maravillas de Mali. J’ai, pendant toutes ces années, retrouvé d’autres musiciens de cet orchestre, je les ai filmés, enregistrés puis en 2016, j’ai ramené à La Havane, le Maestro, Boncana Maïga, le dernier survivant de cette incroyable histoire commencée dans les années 60 au temps des échanges entre l’Afrique et Cuba. L’histoire des Merveilles du Mali ! ».
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Nubiyan Twist
Jungle Run
Né à Leeds mais aujourd’hui établi à Londres, le collectif anglais Nubiyan Twist est composée de dix musiciens – orchestré par le guitariste et producteur Tom Excell – friands de jazz, soul, hip-hop, sonorités latines, africaines, dub ou encore électroniques.
Au casting : le maestro de l’afrobeat Tony Allen s’invite sur le titre « Ghosts » tandis que le père de l’ethio-jazz Mulatu Astatke déploie son jeu de vibraphone sur le bien nommé « Addis To London »
L’album Jungle Run marque une étape importante dans la jeune carrière de ce groupe qui ne cesse de faire évoluer sa recette depuis sa création en 2015 au Leeds College of Music. « La scène musicale de Leeds est des plus excitantes, des soirées reggae ‘Sub Dub’ jusqu’aux salles de jazz expérimental… Ce bouillonnement a été une influence majeure dans la recherche de notre identité artistique » explique Joe Henwood.
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K.O.G
Wahala Wahala
Avec Wahala Wahala, K.O.G., chanteur survolté, poète, percussionniste, conceptualise un album intensément inspiré par ces mères qui élèvent leurs enfants malgré les difficultés et la tourmente, avec force et fierté. Partageant les vocaux avec le rapper Franz Von, K.O.G et son groupe The Zongo Brigade opèrent comme une fusion africaine qui absorbe tout sur son passage sans jamais diluer son âme, un composite de tradition et de modernité. Avec le son rude et incandescent d’un groupe qui enregistre live et ensemble pour ne pas perdre un infime degré de sa combustion musicale. Wahala Wahala ou la musique pour prendre possession des corps et les paroles pour parler à l’esprit et à la conscience. Racisme, rejet, inégalités, exil, le fond est grave mais la forme toujours festive, irrésistiblement dansante dans sa profusion de rythmiques dangereuses. Car, malgré la distance avec son pays d’origine, le Ghana, les liens n’ont jamais été rompus.
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Solange
When I Get Home
Deux ans après l’acclamé A Seat at the Table, Solange Knowles est de retour avec un nouvel album. Intitulé When I Get Home, le nouveau projet de la chanteuse américaine est sorti à minuit, dans la nuit du 28 février au 1er mars. Une date loin d’être anodine, puisqu’il marque le passage du « Black History Month » au « Women’s History Month ».
L’album accueille de nombreuses collaborations prestigieuses comme Dev Hynes, Sampha, Pharrell ou encore Tyler the Creator. L’album, qui mélange avec brio du jazz, de la funk, du hip-hop et du r’n’b, a été enregistré en 2018 en Jamaïque, Nouvelle Orléans et en Californie.
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Ahmedou Ahmed Lowla
Terrouzi
Après les nigériens Hama et Mamman Sani Abdoulaye, le label Sahel Sounds déplace le halo de lumière sur le musicien Ahmedou Ahmed Lowla, qui propose ici une approche différente de la musique synthétique et électronique que peut aujourd’hui offrir le Sahara. Biberonné à la musique traditionnelle par un père joueur de tidinît, l’artiste est devenu l’un des claviéristes les plus en vue de Mauritanie, baladant son clavier d’une cérémonie de mariage à une autre dans la capitale. Dans un style localement appelé WZN, il se construit une réputation grâce à ses performances théâtrales, tapant sur les touches avec ses coudes ou sa tête, et transformant les classiques en pièces électroniques inédites pour leur donner une nouvelle jeunesse.
Dans son album Terrouzi, les mélodies ancrées dans la tradition galopent au son des boîtes à rythmes et des arrangements digitaux. Signe de l’ouverture d’esprit de l’artiste, les percussions organiques se mêlent alors à des beats presque chiptunes, donnant ainsi une couleur 8-bits à des airs rituels toujours chaleureux…
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Puto Tito
Carregando A Vida Atrás Das Costas
Le collectif lisboète Príncipe, à l’origine du rayonnement international que connaît aujourd’hui la scène electro-kuduro de la diaspora africaine locale, revient aujourd’hui avec un double EP constitué de morceaux sauvés d’un compte Soundcloud à l’abandon, celui du jeune Puto Tito. Alors âgé d’à peine 14 ans, le producteur d’origine angolaise produisait dans sa chambre des morceaux inspirés des producteurs qu’il fréquentait, notamment DJ Bébe Poco, et les crews Casa Louca et RS Produçoes desquels il a fait partie.
Laissez à l’abandon sur un vieux compte Soundcloud, les fichiers originaux ayant été perdus, ces morceaux ont été remasterisés et font ainsi office d’un réel travail de mémoire.
Retrouvez Puto Tito dans notre playlist Afro Club Exp. sur Spotify et Deezer.
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Ibibio Sound Machine
Doko Mien
Après le remarqué Uyai, Ibibio Sound Machine revient avec Doko Mien, « Dis-moi », en langue ibibio, toujours sur Merge Records.
Figure majeure de la scène afro-disco moderne, le combo anglo-nigérian né en 2013 à Londres continue de rendre hommage au passé, multiplie ses voyages dans le futur, élargissant ainsi intensément le présent. Sur le titre « Kuka », la chanteuse nigériane Eno Williams explique : « je dis qu’il ne faut pas trop être obsédés par le passé, accepter que nos réalités soient en constantes évolutions. »
Ce troisième album alterne paroles en anglais, comme « Guess We Found a Way », et en ibibio, traduites dans le livret. Il sonne un peu différemment des précédents : « Il y a toujours de l’electro et du highlife, mais on a essayé de capturer un son live, en jouant tous dans la même pièce », décrypte Eno. « On a toujours plein d’influences, poursuit le saxophoniste Max Grunhard, Liquid liquid, les Talking Heads, le disco des années 80, les compilations Nigeria disco 70’s, Kiki Gyan… » Doko mien interpelle à la fois l’auditeur du disque et le « créateur » sur le mode : « Dis-moi quoi faire ! » Eno Williams l’a aussi envisagé comme une pique « contre le fait qu’on dise toujours aux femmes ce qu’elles sont censées faire. « Par exemple, en studio, j’imposais ma féminité quand on se disputait sur la direction musicale de l’album. »
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Luka Production
Falaw
Suite de l’acclamé Fasokan, Luka Production sort Falaw, un album qui marque un nouveau tournant pour le multi-instrumentiste basé à Bamako. En revisitant les traditions musicales ouest-africaines, Luka rend hommage à l’héritage musical mandingue, invitant des musiciens traditionnels à se produire par dessus les arrangements séquencés sur son ordinateur. Entre solos de ngonis, samples vocaux et beats électro-hip hop, sur Falaw Luka crée une musique aérienne, entre tradition et avant-garde.
Retrouvez Luka Productions dans notre playlist Sahel Sounds sur Spotify ou Deezer.
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IAMDDB
Swervvvvv.5
Remarquée en 2017 pour son tube “Shade”, la jeune ovni venue de Manchester pursuit son ascension et dévoile Swervvvvv.5, un nouvel album à la fois doux et spatiale entrecoupé d’interludes et de morceaux empruntant largement à la trap music.
Née d’une mère anglaise et d’un père jazzman angolais, Diana Debrito de son vrai nom, décrie sa musique comme de l’urban jazz. Entre R&B moderne et alternatif, néo-soul, jazz et trap, IAMDDB façonne un style puissant et inspiré. Avec Swervvvvv.5, elle nous expose toute la richesse de sa palette artistique.
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Fokn Bois
Afrobeats LOL
Le duo, composé des rappeurs M3nsa et Wanlov The Kubolor, est aussi bien connu pour son hiplife progressif, décalé et ses performances sur scène que pour ses paroles satyriques et incisives. ‘Fokn Bois’ désigne ceux qui dérangent, chose qu’ils se plaisent visiblement à faire.
Le nom de l’album Afrobeats LOL est d’ailleurs porteur d’une pointe d’ironie envers ceux qui ont tendance à regrouper toutes les musiques africaines sous ce genre fourre-tout. Il compte sur la participation de la scène Hip-Life de Accra avec Mr Eazi, Medikal, Sister Deborah, Dex Kwasi mais aussi de la légende Gyedu Blay Ambolley.
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Manu Dibango
African Voodoo
Le label Hot Casa Records réédite African Voodoo, compilation de titres rares de la légende Manu Dibango. Enregistrés dans un but commercial en 1971 au studio Pathé-Marconi de Boulogne-Billancourt, ces douze titres étaient à l’origine destinés à finir leur vie en accompagnement d’un film ou d’une publicité. Mais à l’instar du titre d’introduction « Groovy flute », dont le but original était de sonoriser une publicité pour du poulet, leur but initial est rapidement oublié lorsqu’on entend le génie du multi-instrumentiste auteur de “Soul Makossa”, natif de Douala.
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Angel-Ho
Death Becomes Her
Jusqu’à présent éprouvée en tant que DJ et productrice, Angel-Ho taquinait les internautes fin 2018 en dévoilant coup sur coup trois titres instrumentaux massifs composés au scalpel. Elle amène ici sa musique à un autre niveau, endossant instantanément le costume de la diva pop pour donner naissance à son tout premier album Death becomes her. Elle débarque par la même occasion en grande pompe sur l’exigeant label Hyperdub, laissant sa propre structure NON Worldwide entre parenthèses. Découvrez notre chronique de l’album.
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Charlotte Adigery
Zandoli
Originaire de Ghent en Belgique, Charlotte Adigery s’inspire des musiques traditionnelles de ses ancêtres martiniquais, notamment de rythmes tels que le gwoka, et les mélange avec un son électronique synthétique, réchauffé par le timbre soul de sa voix. Entre storytelling poignant, refrains accrocheurs et univers absurde et décalé, ce nouvel EP confirme la versatilité du talent de l’artiste. En témoignent les 2 singles “Paténipat”, véritable dancefloor-filler qui ne manque pas de subtilité, et “High Lights”, ôde pop et décalé aux perruques synthétiques.
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Falz
Moral Instruction
Dans son nouvel album Moral Instructions, le rappeur nigérian Falz s’attaque directement à divers problèmes sociaux auxquels le Nigéria est confronté. La pochette de cet album a été conçue par le légendaire artiste Lemi Ghariokwu, principalement pour ses travaux sur les disques de Fela Kuti.
‘Talk‘, le premier clip issu de l’album, sample des éléments de la musique intemporelle de Fela et aborde sans crainte des problèmes tels que la corruption de la sphère politique, un président inefficace et un niveau absurde d’inégalité au Nigeria. La chanson est politiquement chargée et la vidéo n’est pas différente, adoptant le ton de protestation artistique et illustrant l’inspiration légendaire de Fela Kuti.
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Dave
Psychodrama
Ce premier album du jeune rappeur âgé d’à peine une vingtaine d’années est un pari audacieux relevé avec brio. Se présentant presque comme un concept album, Psychodrama observe les relations entre l’individu et le monde extérieur qui l’entoure. Inspiré par les séances de thérapie de son grand frère en prison, l’album suit une structure en trois actes : “environnement”, “relations” et “champs social”.
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Bassekou Kouyaté & Ngoni Ba
Miri
Intitulé Miri, qui veut dire réfléchir en bambara. composé en partie dans son village natal, le maître du n’goni Bassekou Kouyate revient aux sources. Un retour aux sources qui s’explique suite à la mort de sa mère, à qui il dédie une chanson-hommage. A la fois calme et puissant, dans cet album le virtuose décrit sur plusieurs morceaux son inquiétude pour son pays. Bassekou raconte : “J’étais au village à Garana, à la tombée du jour, au bord du fleuve Niger. En regardant l’eau, le soleil devenu rouge, les poissons, je jetais des petits cailloux dans le fleuve et je réfléchissais : « regarde un bon pays comme le Mali en train de chuter ! “
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Rema
Rema
Récemment signé par Mavin Records, le label de Don Jazzy, Rema commence à être un nom qui tourne sur la scène nigériane. Du haut de ses 18 ans, le rappeur est connu pour ses freestyles sur Twitter, sur lesquels il débite ses rhymes avec assurance et nonchalance. Vous avez aussi pu l’entendre sur le hit « Turn Up », la collaboration entre DJ Tunez, Wizkid et Reekado Banks, ou encore aux côtés de Wizkid en photo.
Rema est un quatre-titres qui navigue habillement entre trap et afropop, ainsi que sa signature sonore, les envolées lyriques à la sauce bollywoodienne, déjà présentes sur « Turn Up », qu’on retrouve sur le morceau clippé « Iron Man » – mention spéciale pour le clin d’oeil à la scène de la voiture dans Titanic.
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