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The Pan African Music Magazine
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5 classiques du Sénégal des années 70

Après sa sélection des années 80, notre correspondant à Dakar Amadou Dieng s’est fait violence pour choisir 5 chansons emblématiques du Sénégal des années 1970.

5 chansons pour rendre hommage aux années 70. Que c’est difficile de n’en retenir que 5, tant ces années furent riches en créativité et en talent. Musicalement, la période est dominée par l’omniprésence de la salsa, même si quelques lucarnes laissent filtrer des sonorités plus traditionnelles. Les groupes avant-gardistes, tel le Xalam, qui s’essayent à une fusion mêlant rythmes du terroir, jazz et rock sont poussés à chercher leur succès à l’étranger. Le fait est que le public sénégalais de l’époque n’accepte le changement qu’à petites doses. Amour, parents, valeurs restent les thèmes de rigueur, et rares sont les chansons engagées, comme celles de Seydina Insa Wade et son fameux orchestre le Sahel. Lui aussi prendra les chemins de l’exil.

Il faut dire que le Sénégal vit alors toujours sous le régime du parti unique, et la plupart des médias sont sous le contrôle jaloux de l’État. Tout ceci changera dans les années 80 (ouverture démocratique, médiatique, mais aussi crise sociale et économique suite aux ajustements structurels). Mais en attendant, 3 groupes musicaux sont incontournables. Il s’agit du Star Band, de l’Orchestra Baobab et du Number One. Dans une moindre mesure, on peut ajouter, le Sahel, le Ngewel, le Super Diamono et l’Étoile de Dakar. 4 chanteurs majeurs ont fortement marqué cette décennie : Laba Sosseh, Pape Seck, Abdoulaye Mboup et Maguette Ndiaye. Bien sur, d’autres vocalistes comme Nicolas Manheim, Medoune Diallo, Pape Djiby Ba, N’diouga Dieng, Doudou Sow, Mar Seck, Rudy Gomis, Idrissa Diop ou encore le phénomène Youssou Ndour ont déjà tiré leur épingle du jeu. Mais puisqu’il fallait en choisir cinq, les voici… complétés par une playlist plus généreuse

Laba Sosseh
Aminata
Star Band (1971)

« Aminata » est un tube de Laba Sosseh, le salsero d’origine gambienne qui vécut la plupart de son temps au Sénégal. Auteur de plusieurs hits, dont « Seyni » et « El Divorcio », Laba Sosseh est considéré par le public et les professionnels comme la plus grande vedette des années 70. Dans ce morceau, le Maestro chante l’amour qu’il a pour Aminata, malgré l’hostilité des parents de cette dernière.

Laba Sosseh est le premier disque d’or africain grâce à une collaboration avec Monguito El Unico qui donna Salsa Africana un album vendu à 100.000 exemplaires. Parmi les autres succès de Laba, on peut citer « Seyni » ou encore « El Divorcio ».

« Aminata » sera superbement reprise quelques années plus tard par le maestro Pape Fall, fils spirituel de Laba Sosseh.


Maguette Ndiaye
Vamos Pa’al Monje
Star Band (1971)

Maguette Ndiaye chante « Vamos Pa’al Monje » en 1971 avec le Star Band. En 1976, Maguette rejoint Pape Seck Yahya Fall, Thierno Koité et autres pour former le Number One.

Le Number One, né de scission du Star Band va participer à la consolidation d’une tendance entamée quelques années auparavant. Il s’agit de l’introduction des Sabars et des sonorités Mbalakh dans la musique moderne sénégalaise.  

Maguette Ndiaye, grande voix des années 70, offre avec ce morceau un véritable récital. « Vamos Pa’Al Monte », reprise d’un standard de Cortijo y Su Combo est une ballade d’une douceur extrême.


Abdoulaye Mboup
Nijaay
Orchestra Baobab (1972)

Chanson de Abdoulaye Mboup avec le Baobab Orchestra, « Nijaay » est un hymne à la femme glamour qui sait séduire son époux. « Les après-midis, quand tu te laves et que tu t’habilles, t’embaumant d’un doux parfum, ton homme sera à toi… Madame, il faut dire Nijaay ». Dans la tradition wolof, Nijaay veut dire oncle maternel, mais dans le couple c’est le nom que les femmes donnent à leurs maris. C’est à la fois un signe de respect et d’affection, mais aussi un moyen de séduction.

Abdoulaye Mboup, issue de la pure tradition griotte du Sénégal, apporte une fraîcheur nouvelle à son arrivée au Baobab en 1970. Puisant dans la culture profonde du pays, l’artiste à la voix de rossignol exalte les valeurs sociales et amène le chant populaire wolof (dans le style comme dans le texte) dans cet univers très Salsa de l’époque. Il chantera « Ndongo Daara », dédié aux élèves des écoles coraniques et qui sonne encore aujourd’hui comme une prophétie avec la situation désastreuse que vivent les enfants talibés ou plus exactement les enfants de la rue. « Nijaay » est une des chansons les plus reprises au Sénégal. La version des Touré est l’une des plus célèbres.

Né le 27 février 1937 à Dakar, Abdoulaye Mboup meurt accidentellement en 1975 au sommet de son art. L’apparition d’Abdoulaye Mboup annonce, peu ou prou, la venue de Youssou Ndour, Thione Seck… Ce dernier signera d’ailleurs bientôt une des plus belles chansons du Baobab, « Mouhamadou Bamba«  (voir playlist).


Pape Seck
Liiti Liiti
Number One (1976)

Une autre star de l’époque, Pape Seck, fraîchement démissionnaire du Star Band, revient au-devant de la scène avec son nouveau groupe Number One. Avec Yahya Fall à la guitare, Linx Tall à la Tumba, Doudou Sow, Mar Seck et Maguette Ndiaye au chant, ils créent l’une des  formations musicales les plus mythiques du Sénégal.

La chanson « Liiti Liiti » fait partie des gros tubes de l’orchestre. Il popularisa le Wadada-Obligé, une danse très prisée des années 70. La Salsa est ici marié au Mbalakh de façon harmonieuse. « Il n’y a pas meilleur moment que d’avoir sa chérie à ses côtés et de recevoir ses caresses » dit en substance Pape Seck.

« Yaye Boye » hommage aux mères aussi aurait pu être mis en avant sur cette liste, d’autant qu’elle sera reprise jusqu’en dehors du Sénégal notamment par le grand groupe cubain Aragon. L’un des membres fondateurs du All Stars Africando nous a quittés en 1995, à l’âge de 48 ans.


Youssou Ndour
Thiely
Etoile de Dakar (1978)

Youssou Ndour marque incontestablement la fin des années 70. Ce tube « Thiely » qu’il chanta pour la première fois avec le Star Band est une œuvre, dit-on, de Ibra Kassé (grand dénicheur de talent, patron et manger du groupe), qui non content du départ de sa méga-star Pape Seck, fait reprendre au jeune Youssou le tube légendaire Sama Thiely qu’interprétait Serigne Dagana (surnom de Pape Seck) en y ajoutant quelques phrases assassines.

En lieu et place de « Mon aigle s’est envolé, Mon oiseau s’est envolé », Youssou Ndour chante « Mon aigle, qui s’était envolé, est revenu. Je croyais avoir perdu mon amour, mais je l’ai retrouvé ». Ibra Kassé laisse entendre ainsi que le Miami, son club où le Star Band se produit, n’a rien perdu avec le départ de son chanteur vedette. Youssou Ndour avec sa voix d’ange relève le défi avec brio. La chanson, tel un passage de témoin entre deux générations, annonce la domination prochaine de You sur la scène musicale. Sa voix juvénile et pénétrante redonne le sourire à Ibra Kassé et aux habitués du Miami. Pour un temps seulement, parce que Youssou aussi finira par quitter le navire afin d’aller créer l’Etoile de Dakar avec une autre grande voix El Hadj Faye puis le Super Étoile actuel. On connait la suite… En 1978 donc, à l’Étoile de Dakar, Youssou Ndour reprend « Thiely » dans l’album Xalis.

Retrouvez ces morceaux ainsi que d’autres classiques sénégalais des années 70 dans cette playlist.

Lire ensuite : 5 classiques de la musique sénégalaise des années 80

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