Ghana : Yaw Tog x Stormzy x Kwesi Arthur – Sore (Remix)
On commence notre parcours en faisant un premier arrêt au niveau de la scène rap africaine qui fait le plus parler d’elle ces derniers mois. Il s’agit de la scène drill de Kumasi, la deuxième ville du Ghana. Et s’il y a bien un rappeur qui est responsable de l’intérêt grandissant pour la version ashanti de cette musique, c’est bien Yaw Tog. En août dernier, son titre « Sore » est devenu un tube et a mis en lumière tous ses collègues du label Life Living Records (Jay Bahd, City Boy, Reggie, O’Kenneth). Le 4 mars, le jeune artiste publiait le tant attendu remix du morceau avec le rappeur britannique Stormzy et le rappeur ghanéen d’Accra Kwesi Arthur. Un grand moment pour Kumerica (le surnom donné à Kumasi et à la culture locale inspirée par les Afro-Américains) et tous ses représentants. Gageons que ce n’est que le début d’une longue aventure.
Sénégal : Shampagne Baby x Papeush – Present and The Future
On reste dans la drill mais en wolof cette fois-ci. À la mi-mars, deux rappeurs sénégalais ont enflammé le studio de Vibe radio à Dakar. Shampagne Baby et Papeush appartiennent tous les deux au label Buur Music, implanté à Guédiawaye, banlieue de la capitale. La version en live de leur featuring encore inédit a rapidement fait le tour de la toile. Shampagne Baby, 21 ans, est née et a grandi à Bergame en Italie. Elle a commencé à rapper il y a trois ans pour le plaisir et on a pu la découvrir l’an dernier grâce à « Bad Bitch » sur lequel elle rappait en italien. De son côté, Papeush, 25 ans, vit à Dakar. Reconnaissable à son flow rapide et son goût pour les ambiances sombres, il a participé en mars à « Deuil national », un morceau collectif écrit par plusieurs artistes de la team Buur pour rendre hommage aux étudiants tués lors des manifestations. La collaboration de Shampagne Baby et Papeush a finalement été dévoilée sous le titre de « Present and The Future ». Pour la petite histoire, la rencontre entre les deux artistes a été permise en raison de la présence de Shampagne Baby au Sénégal pour sa lune de miel.
Togo : Folidjanta x Beatpopovelo – Drill 5
Drill toujours. Cela fait six mois que le rappeur togolais Folidjanta nous régale avec les clips pleins de style de sa série consacré à ce sous-genre du hip-hop. Originaire du quartier populaire d’Adamavo, dans la banlieue nord de Lomé, le rappeur a commencé à faire de la musique en 2020 : « Je me suis mis a la drill suite à la mort du rappeur Pop Smoke. Ce qui me plaît avec cette musique, c’est les percussions et les sons de la boîte à rythme TR-808 sur lesquels l’instrumental se base. En tant qu’Africain, ces percussions m’inspirent beaucoup », précise-t-il. Folidjanta est toujours accompagné du rappeur et beatmaker Beatpopovelo, un ami de longue date. Pour « Drill 5 », les deux artistes ont repris l’instrumental de « Whoopty » du New-Yorkais C.J.. Le clip au stylisme original a été tourné a Kagomé, un autre quartier populaire de la banlieue nord de la capitale togolaise où vit Beatpopovelo.
Kenya : Boutross – Yea Yea Yea
Il n’y a pas que la drill dans la vie, il y a aussi la trap. Et l’un de ses meilleurs représentants au Kenya, c’est Boutross. Membre du groupe AD Family et du collectif Shrap Nite, il impose peu à peu son style face au gengetone, le dérivé kényan du dancehall. Boutross rappe ses egotrips en sheng, un mélange urbain de swahili et d’autres langues (kikuyu, jaluo, kisii). Auteur depuis 2013 d’une discographie qui compte déjà huit projets, le rappeur a annoncé en février, avec le single « Yea Yea Yea », la sortie prochaine de Mtindo. Dans ce nouveau titre, Boutross célèbre la belle progression de sa carrière et vante la beauté de ses bijoux et des femmes qu’il côtoie.
Kenya : SilversTone Barz x Victoria Kimani – Africana
On reste à Nairobi avec SilversTone Barz. Cette jeune artiste fait indubitablement partie des meilleures rappeuses kényanes aux côtés de Femi One, Ssaru et Bey T. On l’a découverte en 2019 grâce à Khaligraph Jones, l’une des têtes d’affiche du rap au Kenya, et à son « Khali Cartel 3 », un morceau de dix minutes dans lequel il mettait en avant des artistes prometteurs de son pays. Depuis, la musicienne de 23 ans basée à Nairobi continue de démontrer son talent à chaque nouveau single (« So On My Sh*t ») ou freestyle (« Watch Yo Mouth »). En février 2021, elle s’est associée à la chanteuse Victoria Kimani pour « Africana », un titre afropop doux et acidulé qui reprend le refrain du tube de reggaeton de 2006 « Oye Mi Canto » de N.O.R.E., Nina Sky et Daddy Yankee.
Afrique du Sud : Blxckie – Stripes (feat Flvme)
On part en Afrique du Sud pour découvrir une nouvelle pépite venue de Durban. La ville n’est pas seulement le berceau de la musique gqom. Elle a aussi donné le jour à d’excellents rappeurs. La preuve en est avec Blxckie, 21 ans, et membre du collectif Clout Internet Boyz. Le jeune rappeur et beatmaker s’est fait un nom depuis deux ans en sortant de nombreux projets de qualité sur Souncloud et plus récemment grâce à « Big Time Sh’lappa », son featuring avec LucasRaps, l’autre étoile montante du rap à Durban. Blxckie se balade avec aisance et malice sur des instrus trap, en rappant et en chantant. Pour son dernier morceau « Stripes », il est accompagné de Flvme, un des plus gros rappeurs du moment en Afrique du Sud. Pour l’occasion, l’artiste originaire du township de Kathlehong dans la province du Gauteng nous gratifie d’un couplet tout en chuchotements. À noter que Blxckie vient d’être le tout premier artiste de son pays à être mis en valeur par Up Next, le programme d’Apple Music qui révèle les futures stars.
Maroc : ISSAM – Wra Tabi3a
Il y a un autre petit génie qui mériterait bien cette exposition, c’est le Marocain ISSAM. Le rappeur de Casablanca mélange le chant en darija – l’arabe dialectal marocain –, les sonorités trap et les musiques traditionnelles nord-africaines. Grâce au succès rencontré par son titre « trap Beldi », il a signé le plus gros contrat du hip-hop arabe avec le label Island Def Jam d’Universal Music France. Son premier album, Crystal devrait sortir en 2021. En attendant, ISSAM a commencé à dévoiler certains titres dont « Wra Tabi3a ». Dans le clip qu’il a lui-même réalisé, les scènes quotidiennes d’un foyer sont figées et rendues angoissantes par des masques terrifiants et des cornes de diable.
Côte d’ivoire x France : Fior 2 Bior x Niska – Gnonmi avec lait
Rien de mieux qu’un bon petit plat pour détendre l’atmosphère lors d’une réunion de famille. Et niveau gastronomie, on peut compter sur les Ivoiriens pour mettre en valeur les spécialités nationales dans leur musique. Depuis 2019, Fior 2 Bior est l’un des rappeurs les plus en vue à Abidjan avec ses expressions fantasques et son mélange de rap et de coupé-décalé. Son morceau « Gnonmi au lait », sorti le 1er mars et sur lequel il est accompagné du rappeur français Niska, est dédié à une friandise ivoirienne à base de farine de mil, très appréciée pendant la période de rupture du jeûne du ramadan. Un tube instantané où l’énergie des deux artistes fusionne. Et un morceau dans lequel Niska, d’origine congolaise, a fait honneur à la Côte d’Ivoire en faisant rimer le français et le nouchi, le parler urbain ivoirien, ainsi qu’en citant deux des plats emblématiques de la cuisine ivoirienne : le garba (plat de poisson accompagné de semoule de manioc) et l’alloco (bananes plantains frites). Un mois à peine après sa publication, le clip avoisine les dix millions de vues sur Youtube. C’est le plus gros démarrage de l’histoire du rap ivoire.
Cameroun : Stanley Enow – Tu Vas Lire l’Heure (Remix) (feat. Kamer All Stars : Boy Tag, Mic Monsta, Sojip, Mihney, Big Game, Cleo Grae, Inna Money, Show Yoh, Inspi, & Majo R)
Grosse réunion de famille en vue maintenant du côté du Cameroun. Depuis 2013 et son tube « Hein Père », Stanley Enow est l’un des patrons du rap local. En quelques années, le natif de Bafoussam dans l’ouest du pays a réussi à se hisser au rang de star panafricaine, comme en témoignait en 2019 le remix de sa chanson « My Way » avec le Tanzanien Diamond Platnumz et l’Ivoirien Ariel Sheney. Après s’être éloigné un certain temps du rap pour aller vers la pop, le single « Tu Vas Lire l’Heure » sorti en octobre dernier semblait marquer un retour à ses premiers amours. Pour le remix du morceau, le fondateur du label Motherland Empire a choisi d’inviter tout le gratin du rap kamer. Le « Bande organisée » de Jul mais version Douala avec pas moins de dix artistes conviés. Et on se réjouit de trouver dans le lot les deux rappeuses Mihney et Inna Money.
Mali : Ami Yerewolo – I bamba
On termine avec un message d’espoir. Après le très remarqué « Je gère » sorti en octobre dernier, Ami Yerewolo, une des pionnières du rap féminin au Mali, nous a présenté en février dernier le clip « I bamba ». Ce titre qui signifie « la persévérance » en bambara est un hymne en faveur de l’accomplissement de soi. La jeune rappeuse engagée a souhaité représenter la lutte perpétuelle visant à s’émanciper des attentes d’autrui. Nous y voyons une jeune élève subissant du harcèlement scolaire, en raison de sa singularité. Telle une prophétesse, la MC délivre son message à cette jeune fille, entourée d’autres femmes bienveillantes. Ami Yerewolo invite les femmes à pratiquer la sororité ainsi que la jeunesse malienne à faire preuve de persévérance. On attend avec impatience AY, son prochain album.
Votre soif de rap n’est pas encore rassasiée ? Abonnez-vous notre playlist Pan African Rap sur Spotify et Deezer.