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Les Dunes Électroniques, épisode III : le Sud s’éveille

L’état d’urgence est soluble dans le sable des Dunes Électroniques, qui viennent de signer leur édition la plus réussie à ce jour. Le week-end dernier, les tauliers de la Rave internationale se sont posés en Tunisie sur la « planète Mos Espa », dans les décors de Star Wars I : PAM y a atterri aussi, on vous raconte.

Photo : Sur le site d’Ong Jmel, samedi 16 novembre, lors de l’opening des Dunes Électroniques, Part. III. © Laura Nury

On est supers heureux ! Franchement on savait qu’en relançant la machine des Dunes en 2019, on repartait presque de zéro, alors là, on peut le dire, c’est gagné” nous confient en chœur les Pandas. Les Pandas, à savoir Panda Events, turbulents organisateurs de fêtes électroniques sur le pourtour méditerranéen (du Moga à Essaouira aux Plages Electroniques à Cannes). Ce sont eux qui, aux côtés de l’hotellier et porteur de projet Patrick el Ouarghi, ont monté ce reboot de la troisième édition des Dunes Électroniques dans le Sud Tunisien. Portés cette année, il faut bien le dire, par le vent de la victoire.

Nous approchons la vingt-cinquième heure de son discontinu – sur un format marathon de trente heures au total svp –, les cernes se mélangent au khol, les pompes sont ensablées et les voix cassés, mais en ce dimanche ensoleillé, au milieu du Djérid et à plus de huit heures de route de la capitale, l’événement tunisien sera parvenu à cocher presque toutes les cases du festival réussi. Oui, c’est fait, les Dunes ont amené à nouveau la rave à Ong Jmel, près de la ville de Nefta, dans le sud de la Tunisie
 

Le site de Mos Espa, le village natal d’Anakin Skywalker, où fut tourné Star Wars I. © Jdridi Production


Pour infos, les décors de Star Wars (le village de Mos Espa précisément, la ville contrôlée par les Hutts sur la planète désertique Tatooine où Anakin a grandit), n’avaient pas vibrés depuis 2015. À cette époque, l’épisode II des Dunes avait alors subi des pluies diluviennes, dans une région où, habituellement, les précipitations annuelles cumulées ne dépassent pas le centimètre. Cette seconde édition d’alors n’y avait pas survécue.

Mais, au crépuscule de 2019, les précipitations n’ont pas décollé de leur 0 % traditionnels. Et le Sud tunisien s’est éveillé. Chèches noués autour de la tête et sourires vissés aux oreilles, les dunistes auront donc bravé plus d’une trentaines d’heures de mixes et de live en continu. L’Épisode III des Dunes faisait figurer au casting une internationale électronique assez clinquante. Behrouz, Apollonia, Luciano, Archie Hamilton… Si le tempo Tech-House et les esthétiques “Ibiza et rooftop parties” ont largement dominé le week-end, on peut saluer les très belles sorties de route signées Konstantin Sibold, Sis et évidemment SAMA’, qui a empoigné le peak time matinal absolument glacial. Entre le jour et la nuit, le désert peut faire vivre à ses occupants des différentiels de températures franchement cruels.
 

Le DJ chilien-suisse Luciano, bien connu des clubbeurs d’Ibiza, ici in full effect. © Olivier Riley


En fait, et au-delà de leur promesse artistique, les Dunes Électroniques constituent un événement tellement rare au Maghreb et attendu ici en Tunisie, qu’il bénéficie d’un pouvoir d’attractivité quasiment inné sur son public. Quoi qu’il arrive, les gens “
vont au Dunes”. Ils ne viennent pas “voir Adam Port jouer aux Dunes”. On peut ainsi regretter le manque de découvertes au sein d’une programmation finalement très mainstream, et poncée jusqu’aux quatres coins de la méditerranée.

Côtés sécu, les Dunes sont un festival officiellement safe, bordé par plusieurs services de protection privé, policiers ou militaires. Tous auront fait le taff avec correction, chose suffisamment rare de côté-ci de la Méditerranée pour être salué. Cette vaste fête est organisée dans un pays qui a décrété l’état d’urgence le 24 novembre 2015. Et qui y sera encore au 31 décembre 2019. Les nouvelles du pays sentent régulièrement le treillis, mais sur le dancefloor, la jeunesse ne boude pas son plaisir. Le droit de faire – entre autres – la fête a été arraché au système Ben-Ali. Alors en Tunisie désormais, on danse.
 


Côté huiles, l’événement a prouvé qu’il constituait un enjeux territorial de taille puisque les Dunes auront vu les visites de M. René Trabelsi – aux commandes depuis plus d’un an du tout puissant ministère du Tourisme et de l’Artisanat de Tunisie –, ainsi que, dans un genre décidément plus familier, de Jack Lang, qui préside l’
Institut du monde arabe. En Tunisie, le développement local a toujours été, de manière paradoxale, du ressort du pouvoir central. Aussi, il est toujours bon de voir un ministre s’aventurer dans le sud du pays. Espérons que le passage-éclair de M. Trabelsi rappelle aux cadres dirigeants une des promesses de la nouvelle Constitution tunisienne : une distribution plus équitable de la prospérité et des opportunités entre les régions. Une ambition qui passe par la reconnaissance institutionnelle d’un gouvernorat comme Tozeur, où se jouent les Dunes Électroniques. Un gouvernorat très pauvre, qui enregistre le taux de chômage le plus élevé de Tunisie*.

Vous l’avez compris : il faut se rendre aux Dunes Électroniques et dans le désert du Djérid. Rendez-vous en 2020 pour l’Épisode IV : La Force soit avec les Dunes !

* À Tozeur, Dgueche, Tamaghza ou Nefta, les principales petites villes qui cerclent le Djérid le taux de chômage oscille entre 25,5 et 35,4 % (source : Institut National de la statistique, Gouvernorat de Tozeur en chiffres, 2017) 

Les Dunes Électroniques 2020, Ong Jmel, Tunisie.

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