Le jeune DJ et producteur Greg entame sa discographie avec Eau Coulée Smart City, un premier EP où ses racines mauriciennes s’emparent des dancefloors parisiens. On vous propose de lire notre interview en écoutant le single « Dembow Tronico », en collaboration avec King Doudou.
Membre du crew Boukan aux côtés de Bamao Yendé, bras armé du collectif parisien La Créole et résident mensuel chez Rinse France… A seulement 20 ans, on peut déjà parler d’un beau palmarès. Arrivé tout droit de l’île Maurice en quête de culture club, Greg a trouvé son bonheur dans la capitale, harcelant sans relâche les talents influents du milieu jusqu’à trouver la place qui l’attendait. En titrant l’EP en hommage à sa ville d’origine, Greg entend bien mêler ses influences aux sons de la bass music, histoire de donner un peu de fil à retordre aux journalistes friands d’étiquettes. En introduisant son histoire avec un titre éponyme qui tape à 145bpm, le rookie Mauricien annonce qu’il n’est pas là pour rigoler. Il y déroule avec aisance un track taillé pour le peak-time des clubs, en duo avec Krampf des Casual Gabberz venu l’épauler à la prod tout au long de l’EP. Il nous offre ici « Dembow Tronico » en avant-première, véritable banger au groove moite et co-composé avec King Doudou, la machine à tubes qui se cache derrière certaines prods de PNL, J Balvin ou Bad Gyal. Greg fait en sorte de ne pas relâcher la tension sur le minimaliste « Langet » avant de lâcher les fauves pour de bon avec « Shatta », mélange entre le style martiniquais du même nom et UK jungle old school, une autre de ses influences majeures. Discussion au calme avec un enfant de la bass.
Ton EP s’appelle Eau Coulée Smart City. J’ai compris que c’était en référence à ta ville d’origine. Pourquoi l’avoir nommé ainsi, que représente cet endroit pour toi ?
En effet, Eau coulée est la ville d’où je viens et le « Smart City » provient d’une blague qu’on faisait entre potes du quartier, quand on a constaté que la nuit ça bougeait pas mal contrairement aux autres endroits dans les environs, où les rues étaient désertes dès 19h. C’était important pour moi de faire référence à mes origines dans mon premier EP, car c’est là où je me suis construit en tant que personne et musicalement. J’ai commencé à m’intéresser à la musique électronique quand j’avais 12/13ans. Je passais des heures dans ma chambre à digger du son, j’apprenais à mixer chez mon voisin Cream Cracker car je n’avais pas de platine chez moi, et je suivais et décortiquais à distance les line-ups européens, dont ceux de Concrete et du Weather festival. J’essayais même également de rentrer en contact avec des personnes comme, entre autres, Brice Coudert (DA de Concrete et Weather festival), qui ne m’a jamais répondu (ah ah !), mais que j’ai fini par rencontrer par la suite, et qui sort finalement mon premier EP sur son label lavibe.
Dans ton set réalisé pour notre série PAM Club, tu mettais en avant le shatta, qui est apparemment une grande influence pour toi. Comment t’es-tu approprié ce style pour l’EP, et quelles sont les autres influences mises en avant ?
Le shatta est un style de musique dérivé du dancehall qui vient de la Martinique. À Maurice aussi, c’est un style qui s’est vite imposé. Depuis quelques temps, c’est la musique qu’on entend le plus souvent en club et ça m’a naturellement inspiré. Que ce soit dans mes DJ sets ou dans mes productions, mon idée est de toujours essayer de mélanger les genres, et de ne pas les laisser tels quels, dans leur format d’origine. Par exemple, sur le morceau « Shatta », je me suis amusé à mélanger le shatta à mes autres influences plus axées footwork ou jungle. Ou encore, dans le morceau « Eau Coulée Smart City », j’ai mélangé le kuduro à des sonorités et des structures plus techno. J’ai vraiment fait en sorte d’apporter une dimension « club » à cet EP.
Aujourd’hui on présente le morceau « Dembow Tronico » en avant-première. Comment as-tu rencontré King Doudou ?
King Doudou est vraiment pour moi un des plus gros producteurs français ! Comme avec Brice, j’ai tout fait pour le contacter via les réseaux sociaux. Il avait joué un de mes premiers édit (que j’avais sorti sur Boukan quand j’avais 16ans), dans un de ses mixes. On est resté en contact à partir de ce moment-là. Puis quand je suis venu en France, je suis allé rendre visite à des amis mauriciens à Lyon, et je me suis dit que j’allais lui envoyer un message pour le prévenir que je serai dans le coin. Il m’a proposé de venir faire un tour dans son studio ! Ce jour-là, il m’a fait écouter un projet en cours, une version reggaeton de « Dembow Tronico », beaucoup plus lente et plus courte aussi, et c’est comme ça que la collaboration a commencé !
Comment as-tu vécu cette collaboration ?
Il a accepté de m’envoyer le projet, et une fois rentré à Paris, j’ai apporté ma touche sur le morceau, puis on a bossé dessus ensemble à distance jusqu’à avoir la bonne version ! C’est vraiment trop cool et inspirant d’avoir pu travailler avec lui. Il est tellement efficace, c’est vraiment un autre level ! Tout comme Krampf d’ailleurs, qui a également bossé sur l’EP (production additionnelle et mix), et qui est un gars que j’admire aussi beaucoup ! C’est vraiment un rêve qui se réalise pour moi de travailler avec des gens aussi talentueux !
En quoi tes 2 ans passés à Paris ont-ils (re)modelé ta musique?
Tout ce que je voyais via internet, j’ai pu le voir en vrai. J’ai expérimenté la culture club à 100%. Ça a influencé la musique que je produis ainsi que ma manière de mixer. J’ai aussi commencé à avoir mes premières dates à Paris et à rencontrer du monde. Par exemple l’été dernier à la teuf Rinse x Boukan x La Creole, où j’ai pu rencontrer Brice et où Rinse m’a proposé de devenir un de leur résident.
Quel est ton rôle au sein des collectifs Boukan et La Créole ?
Je n’ai pas la prétention d’avoir un rôle au sein de ces collectifs. Ce sont plutôt eux qui ont eu un rôle important dans ma vie ! Je parlais à Vincent de la Creole depuis Maurice. Ma première date avec eux était un remplacement au pied levé car un des DJs qu’ils avaient booké ne répondait plus. Je m’en souviens très bien, il m’a appelé un lundi en me demandant si j’étais chaud pour faire le closing de la soirée qui allait avoir lieu le vendredi ! Et pour Boukan, c’est la même chose, ce sont les premiers qui m’ont aidé. Je parlais à Bamao Yendé via Facebook et on a fini par être programmés aux Electropicales l’année suivante et se connecter en vrai. Je suis content de faire partie de ces collectifs en particulier. Je peux m’exprimer musicalement et on y défend les mêmes valeurs. Au final, je ne regrette pas de ne rien avoir lâché et d’avoir harcelé tous ces gens depuis Maurice ! J’ai fini par les rencontrer et je travaille maintenant avec eux, c’est incroyable ! Je me retrouve même à l’affiche du festival Peacock society en septembre en B2B avec King Doudou !
L’EP sera disponible le 25 juin, précommandez-le ici.
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