Alune Wade a mis sur le marché un nouvel album le 23 février dernier. Intitulé African Fast Food, l’opus est le troisième d’une carrière déjà riche. Le génial bassiste jazz d’origine sénégalaise rend hommage aux sonorités africaines.
Après s’être essayé avec succès aux musiques latines en 2015 dans son disque Havana-Paris-Dakar, African Fast Food sonne comme le retour de l’enfant prodigue sur son continent. Mais Alune dément toute idée d’un retour puisque pour lui, l’Afrique ne l’a jamais quitté. « L’Afrique est dans mon ADN. Dans toutes mes collaborations et pérégrinations, dans tout ce que je fais. Elle est en moi partout. » dit fièrement le natif de Dakar.
Pérégrinations, c’est le cas de le dire. Alune Wade, depuis ses débuts, vogue de projet en projet, jouant entre autres avec Ismaël Lo, Joe Zawinul, Paco Sery, Oumou Sangaré… Et tout dernièrement, il a été l’un des directeurs artistiques du grand bassiste Marcus Miller pour son dernier album Afrodeezia aux accents bien africains. Tout un symbole pour celui que l’on surnomma dès son éclosion sur la scène musicale… Marcus. L’ancien protégé de Samba Laobé Ndiaye (autre immense bassiste qui a guidé ses premiers pas) est devenu grand. Il est loin le temps où il parcourrait des kilomètres, basse en bandoulière, pour aller faire ses gammes d’apprenant entre la Patte d’Oie – son quartier de jeunesse – et Ouakam, un autre quartier de Dakar situé en bord de mer, célèbre pour ses activités de pêche.
On connait la suite. Alune, soutenu également par un père Colonel et surtout ancien chef d’orchestre de la Musique Principale des Forces Armées du Sénégal, va gravir les échelons et s’inviter dans la cour des grands instrumentistes du continent et du monde. Mais modeste, imperturbable, il continue de se considérer comme un apprenant. Sa collaboration avec le célèbre bassiste américain ne lui est pas montée à la tête, pas même lorsqu’il a du entrer en studio pour enregistrer son nouvel album : « Travailler pour cet immense artiste a été une belle opportunité et un grand honneur, mais mon obsession ce sont les faits d’hier et ceux de demain. Autrement dit, je me mets la pression afin que ma musique d’aujourd’hui soit meilleure qu’elle n’était hier et celle de demain meilleure que celle d’aujourd’hui » explique l’instrumentiste. Le fait est qu’Alune est un éternel insatisfait. Avec humilité, il refuse, malgré tout le talent qu’on lui reconnait, de se limiter aux acquis. African Fast Food s’inscrit dans cette recherche effrénée de la perfection.
Le Chef Alune a su fusionner tous ces bons condiments pour offrir au public un goutteux cocktail aux saveurs teintées tantôt d’afrobeat ou d’afro-salsa.
« African Fast Food a été réalisé avec la même passion et la même envie que les précédents, mais j’explore de nouveaux horizons et développe de nouvelles expériences » indique-t-il. Parmi ces expériences, on peut souligner les participations du rappeur Oxmo Puccino, du chanteur nigérian Kuku, du pianiste Argentin Leo Genovese ou encore du Batteur Cubain Francisco Mela. À noter aussi la présence remarquée du légendaire batteur sénégalo-marocain Mokhtar Samba. Le Chef Alune a su fusionner tous ces bons condiments pour offrir au public un goutteux cocktail aux saveurs teintées tantôt d’afrobeat ou d’afro-salsa. Sept morceaux dans lesquels l’auteur-compositeur valse allègrement du wolof à l’anglais en passant par le français. Oui, en plus d’être un formidable bassiste, Alune chante merveilleusement bien. Joe Zawinul en son temps a su exploiter sa belle voix.
La cuisine d’African Fast Food, au regard de toutes les expériences d’Alune, est un lieu d’échange et de partage, un lieu où sont les bienvenues toutes les succulences du monde. Pas étonnant que l’album soit entré dès sa sortie dans le top 5 jazz de la chaîne Mezzo. S’en lécher les babines, c’est bien, mais se rendre chez le disquaire, c’est encore mieux.
Écoutez Alune Wade dans la playlist Pan African Music sur Spotify et Deezer.
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Photo Une : Attila Kleb