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The Pan African Music Magazine
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Freevoices : 4 rappeuses et une DJ pour célébrer les 30 ans du hip‑hop sénégalais

« Quand tu es une femme dans le hip-hop, il faut que tu arraches le micro, on te le donnera jamais. »

C’était le 2 mai, à la Maison des Métallos à Paris. Un lieu qui accueille des spectacles qui font résonner les problèmes sociaux et politiques qui traversent notre époque. Cinq femmes étaient à l’affiche, quatre rappeuses et une DJ, toutes originaires du Sénégal. C’est que le pays de la Teranga (l’hospitalité) est aussi celui du hip-hop, qui faisait ses premiers pas dans le pays il y a trente ans déjà, et s’installait pour durer. Au point de faire de cette musique la bande son des mouvements de revendication, et de Dakar l’une des capitales majeures du hip-hop en Afrique.

Mais si l’on connaît bien à l’extérieur du pays les Positive Black Soul et Awadi, Daara J ou encore Matador ou les Keur Gui du mouvement Y’en a marre, on connaît moins les MC féminins qui participent de cette déferlante hip-hop. Elles étaient justement en vedette hier, à la maison des métallos : Moona, OMG, Eve Crazy et Sister LB, accompagnées par DJ Nina. Un collectif réuni par l’association Africulturban, fondée par le rappeur Matador en 2016, très active dans l’éducation populaire et l’insertion des jeunes en difficulté.

Des filles dans le hip-hop ? Eh oui, elles existent, même si comme ailleurs, elles doivent batailler pour se faire une place dans un univers plutôt masculin. Mais les temps changent… C’était justement l’un des sujets débat qui précédait le show, animé par l’excellent Birom Seck, alias Ceptik, l’un des MC’s qui participe au développement du mouvement depuis de longues années.

OMG, qui n’était pas née quand le hip-hop Galsen a débuté, et qui a été distinguée aux derniers Galsen Hip hop Awards, déplore : « on (les femmes) n’est que des invitées dans le hip-hop, mais pas considérées comme des membres à part entière ». Son aînée Moona, qui rappe depuis une quinzaine d’années, et qui a rapporté une médaille d’argent des derniers jeux de la francophonie, ajoute : certes, le monde du hip-hop est macho, voire misogyne, mais c’est vrai partout. « Quand tu es une femme dans le hip-hop, il faut que tu arraches le micro, on te le donnera jamais. » Mais elle relativise : « il ne faut pas que les femmes oublient que les garçons, même entre eux c’est dur. La musique c’est dur pour tout le monde, que tu sois une femme ou un homme. C’est vrai, pour les femmes, tu es dans un milieu où tu ne peux pas facilement sortir à certaines heures, parce qu’on est dans un pays à 90 % musulman où les garçons n’ont pas la même éducation que les filles, mais… les choses changent. Alors si tu veux faire du rap, bouge-toi !!! ». D’ailleurs, son grand frère Awadi qui l’accompagne depuis 2004 n’a eu cesse de lui répéter qu’elle était « plus puissante que tous ces gars-là ». La confiance en soi : un des maîtres mots et le thème d’une des chansons qu’elles livreront sur scène une heure plus tard devant un public enjaillé.

Car le show de ces ladys MCS – précédées d’une intro mixée par DJ Nina — avait l’énergie et la flamme des block parties festives qui furent le berceau du hip-hop, et l’essence de son esprit. Faire la fête, danser, s’amuser tout en faisant passer des messages conscients. La pluralité des expériences, des flows, des langues (wolof, anglais, français) et même des points de vue fait la force de ce collectif. La chanson Sey par exemple, qui sample les guitares d’un vieux classique (Orchestra Baobab ?) met en scène les différences d’opinions des rappeuses -2 sont mariées, les deux autres non — sur la question du mariage et convergent sur la liberté du choix.

Les cinq femmes de Freevoices, qui ont partagé pour la première fois la scène le 8 mars dernier à l’Institut français de Dakar, sont en passe de finaliser le disque qui témoigne de leur rencontre (sortie prévue en juin). En attendant, elles sont lancées pour une série de concerts et d’activités qui se tiendront à Bruxelles du 04 au 11 mai prochain. On les retrouvera évidemment Sénégal au cours de cette saison 2018-2019 qui fête les trois décennies d’un hip-hop toujours aussi dynamique.

Retrouvez Freevoices en concert le 28 mai à Munich (Allemagne), le 30 mai à Heide (Allemagne), ainsi que le 4, 8 et 10 mai à Bruxelles (Belgique).

Lire ensuite : Yemi Alade : « L’Afrique est devenue le lieu où ça se passe ! »

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