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The Pan African Music Magazine
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Blick Bassy lance la première édition du festival New_Bell Fest

Le festival qui se déroulera le 14 avril prochain à Bordeaux (Le Rocher de Palmer), piloté par Blick Bassy, met en lumière des artistes afro-descendants de tous horizons.

Le 14 avril prochain, Le Rocher de Palmer (à Cénon, agglomération bordelaise) accueille le New_Bell Fest, une journée d’ateliers et de conférences pour accompagner les artistes, conclue par une nuit de concerts qui invite à découvrir les talents urbains de la nouvelle génération afro-descendante. Le tout, sous la houlette de Blick Bassy, musicien, écrivain et “artrepreneur” (comme il aime lui-même se définir). De passage à Paris, Blick Bassy nous explique les raisons qui l’ont amené à monter ce projet. Rencontre.


Ce festival concentré sur 24 heures s’inscrit dans les JNDA (
Journées Nationales des Diasporas Africaines). Quel est le sens de ces journées ?

Les JNDA essayent de mettre en lumière les afro-descendants qui vivent en France et qui sont des entrepreneurs installés, tout en encourageant les nouvelles générations. Une journée de rencontres, débats et ateliers pour essayer de mettre en avant une diaspora africaine très active en France, qui parfois n’est pas suffisamment mise en avant dans les médias traditionnels.

Sur la journée du 14 avril, la journée New_Bell, je m’occupe de la programmation des artistes, du choix des intervenants et des thèmes des ateliers. C’est une journée consacrée au domaine artistique alors que les autres journées recouvrent d’autres domaines d’activité.


Au programme de la “Nuit Blanche à New_Bell” (la soirée de concerts), on trouve
E.sy Kennenga, Locko, Daphné, Kiff No Beat, Jean du Voyage, Benkadi Quartet, Souleymane Diamanka, Dj Noss, La Dame Blanche…Ta programmation est éclectique , quelle a été ta ligne directrice ?

C’est un projet que j’ai initié avec Patrick Duval (programmateur du Rocher de Palmer, Musique de Nuit, Musiques Métisses à Angoulême), avec la volonté de faire découvrir les nouvelles tendances afro-contemporaines urbaines, que ce soit dans la danse ou dans la musique, ces tendances qui sont en train de conquérir l’Afrique et qui s’étendent hors de leurs frontières.

Le plus souvent ces artistes ne jouent que devant leurs communautés, et donc l’idée est de faire découvrir ces différentes esthétiques dans des lieux où on ne les voit pas toujours. C’est aussi offrir à des artistes qui n’ont pas encore de tourneurs internationaux une opportunité de jouer dans des lieux comme ça, en se confrontant avec d’autres artistes qui évoluent dans des esthétiques différentes. C’est aussi pour eux l’occasion de s’habituer à jouer dans des salles et lieux très professionnels. Les nouvelles générations peuvent ainsi se rendre compte de l’organisation qu’implique un événement de ce type. En plus des artistes, on invite également des promoteurs locaux camerounais pour qu’eux aussi puissent voir les personnes impliquées sur la mise en place d’un tel événement. L’idée, d’une certaine manière, est de contribuer à la construction d’un écosystème local pour faire évoluer les choses, en donnant aux gens la chance de voir comment c’est structuré ailleurs, qu’ils se confrontent à d’autres réalités afin que cela puisse les inspirer pour trouver un modèle qui correspond à leur écosystème.

Il y a beaucoup de dynamiques individuelles, des gens autodidactes qui essayent de faire à leur manière, mais qui n’arrivent pas encore à bien travailler ensemble, chacun ayant appris à sa manière. Il n’y a pas vraiment de règles, et lorsqu’il n’y a pas de règles, comment on fait.. ? Il faut essayer de créer un modèle, un standard qui soit suivi parce qu’il correspond aux réalités de chacun.

Donc oui, au-delà d’une programmation musicale, le projet est de participer à la construction de cet écosystème qui répond à leur environnement et à leur quotidien.  


Tu te présentes toi même (outre artiste-musicien et écrivain, comme un « artrepreneur » qu’est-ce que ça veut dire ?

Je considère que pendant longtemps l’artiste a été relégué au rôle de quelqu’un qui s’occupe tout simplement de “crier”… et ensuite plus rien!  Pendant longtemps on a fait croire à l’artiste qu’il n’était pas important qu’il comprenne comment fonctionne son métier. Mais je ne vois aucun métier qui fonctionne comme cela, où les participants d’un domaine d’activité n’ont aucune notion de comment fonctionne leur secteur.

Les artistes, on leur demande d’écrire et de créer de la musique et ensuite “on s’en occupe”. A partir du moment où on sait comment fonctionne l’écosystème, comment il est régi, alors notre création est complètement influencée par cela. On a des notions, cela nous permet de rentrer en cohérence avec le lieu et le système dans lequel on vit. On ne peut pas être dans une cage, hors du système, et juste vouloir créer de la musique. Si on décide de crier et de ne rien attendre, si on ne veut pas gagner sa vie avec, dans ce cas là c’est autre chose… Mais on ne peut pas décider de vouloir faire de la musique et gagner sa vie avec, d’être payé pour jouer sans même comprendre comment fonctionne le système.

C’est comme sortir de chez soi pour faire les courses au supermarché sans savoir ou il se trouve. C’est notre cartographie, comment je dois faire pour aller d’un lieu à un autre. Et la cartographie dans notre système en tant que musicien est de comprendre le rôle de chacun, de qui doit faire quoi dans cet écosystème. Il est important pour moi que les artistes se positionnent comme des entrepreneurs, comme des gens qui sont créatifs, mais qui sont entrepreneurs aussi, car la créativité ne s’arrête pas qu’aux métiers artistiques. Dans tous les métiers, la créativité est présente, ça n’empêche pas tous ces gens, de comprendre et de connaître leurs métiers.

On a voulu faire croire aux artistes que leurs cerveaux ne s’arrêtaient qu’à la notion de création alors que tout le reste autour est essentiel et doit être compris. C’est comme ça que l’on peut savoir ce que l’on a envie d’écrire, comment et pourquoi on l’écrit en fonction du public. Un discours par exemple sera différent s’il est adressé à des enfants ou à des malentendants, ou à toute une autre communauté.


Peux-tu nous dire quelques mots du programme de l’après-midi, gratuit, fait de rencontres autour de l’entrepreneuriat culturel : quel est leur but ?

Le premier thème de la journée porte sur le rôle des femmes dans l’entrepreneuriat culturel. Les JNDA cette année posent un regard sur la place de la femme dans l’entreprise, c’est pourquoi j’ai eu envie aussi de donner une place aux femmes dans un secteur où les femmes sont encore trop sous-représentées bien que très actives.

Ensuite il y aura un atelier sur les méthodes et stratégies pour un meilleur développement de carrière d’artistes et un autre sur comment capitaliser sur son projet sur internet avec l’aide des nouvelles technologies digitales. J’ai essayé de trouver différents intervenants qui pourront apporter de la lumière aux personnes qui viendront assister à ces ateliers, mais aussi aux artistes et managers qui viennent d’ailleurs. Il n’y a encore que très peu de formations en Afrique sur le travail de manager d’artistes, c’est aussi une opportunité pour des managers de pouvoir assister à ces ateliers pour qu’ils se confrontent à d’autres visions, à d’autres manières de fonctionner.


L’événement va-t-il se pérenniser ?

La prochaine édition 2019 aura lieu à Douala au Cameroun. Le festival souhaite s’inscrire sur le long terme grâce au jumelage entre Douala et Bordeaux en invitant des artistes à Douala, mais aussi des artistes bordelais pour leur faire voir à leur tour comment les choses fonctionnent là-bas, en créant des échanges entre les universités des deux villes. Par exemple, il y a une artiste-peintre camerounaise qui viendra en septembre faire une résidence à Bordeaux et un artiste bordelais ira lui aussi à son tour au Cameroun pour organiser une résidence. Toute l’année on fait  un travail de fond avec de nombreuses initiatives comme ces échanges et rencontres entre différents artistes, des artistes que l’on veut impliquer au niveau national pas uniquement des bordelais. L’événement New_Bell Fest lui englobe la diaspora africaine contemporaine dans sa globalité, cette année on invite des artistes de Côte d’Ivoire, de Martinique, du Cameroun, du Burkina-Faso, du Sénégal, de France et de Cuba.

New_Bell Fest, samedi 14 avril 2018, dès 14h au Rocher de Palmer (entrée libre)

Lire ensuite :  Le Moabi Cinéma de Blick Bassy

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