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PAM Rewind : l'univers de Jamz Supernova en 10 sons
© Jake Thompson

PAM Rewind : l'univers de Jamz Supernova en 10 sons

Tous les mois, Cortega vous emmène à la rencontre d'un DJ ou producteur qui met l'Afrique et sa diaspora à l'honneur à travers une playlist exclusive des 10 sons qui ont façonné son univers musical. Aujourd'hui, Jamz Supernova.

Je ne suis pas astronome, mais le nom « Supernova » a forcément un lien avec vitesse de la lumière et niveaux extraordinaires d’énergie, à en juger par ce que Jamz a accompli. Née Jamilla Walters et ayant grandi dans le sud de Londres, elle s’est fait un nom avec ses propres résidences sur BBC Radio 1Xtra, tout en animant les clubs et festivals avec des sons qui mélangent gqom, kuduro, dancehall et UK funky. Et alors que son programme chargé de tournées a volé en éclats l’année dernière, elle a consacré son énergie au développement de sa maison de disque – Future Bounce – donnant vie à un style de musique de club innovant.

Voici sa sélection de 10 sons qui ont façonné son identité en tant que DJ et son rapport à la musique électronique et à la diaspora noire, en suivant un ordre un peu chronologique.

Fish Go Deep – Cure & The Cause (Dennis Ferrer Remix)

Je me souviens très bien d’avoir entendu ce disque pour la première fois, j’avais environ 15 ans, je rentrais de l’école à pied, et nous étions nombreuses à marcher ensemble sur la route qui gravit la colline. Une de mes amies l’écoutait tout le temps sur son téléphone et m’a dit que c’était du UK Funky. Elle me l’a transférée par bluetooth et ça a été le début de mon histoire d’amour avec ce son. De nombreuses années plus tard, je me suis rendu compte que ce n’était pas en fait du UK Funky, mais de la soulful house. Ça a piqué mon intérêt, et c’est devenu la bande originale de mes années de rave (qui ont été très formatrices) ! Au moment où je pouvais aller en rave “légalement”, le son avait explosé et on l’entendait partout, mes amis et moi l’avons vécu et respiré, allant à chaque rave, dévorant les CD de mix à la fin de la nuit, comme lors de nos premières vacances sans parents à Aiya Napa, à Chypre. Aiya Napa c’est un peu « la maison de vacances » de ce son et un lieu de pèlerinage que la plupart des jeunes ados noirs ont fait dans les années 2000.

Black Coffee (Feat. Bucie) – Superman

Pendant mes raves UK funky en talons et robe moulante, je dansais aussi sur des musiques comme celle-ci, d’Afrique du Sud. Encore une fois, à l’époque, pour moi, tout était du UK Funky. Mais je me souviens avoir entendu le disque quelques années plus tard et découvert qui était Black Coffee et d’où il venait. Cela m’a ensuite permis d’en savoir plus sur la musique sud-africaine. Je suis tellement inspirée par leur capacité d’innovation sonore et ce qu’ils ajoutent à la musique électronique, du côté soulful house, bacardi house, gqom et plus récemment amapiano, j’aime tout ça. Les rythmes de batterie sont uniques et ils ont une identité africaine affirmée. Celle ou celui qui a des origines caribéennes sent une sorte de lien spirituel avec cette musique, c’est un retour à la mère ancestrale. Je ne pense pas être la seule à ressentir cela.

Teedra Moses – Be Your Girl (Kaytranada Remix)

Depuis l’enfance, je passe mon temps à chercher de nouvelles musiques. Cela a commencé par parcourir la collection de mes parents, en attendant que mon oncle apporte de nouveaux CD pour les copier, et puis boum, l’INTERNET !!! À partir de 14 ans j’étais bloquée sur Limewire (une plateforme de téléchargement peer to peer, ndt) qui m’a vraiment contaminée, et qui m’a pourrie-gâtée de découvertes. Pour moi, Limewire consistait à se familiariser avec de la vieille musique que j’avais peut-être manquée. Mais c’est Soundcloud qui m’a bluffée : de la nouvelle musique du monde entier à portée de main ! Soundcloud en 2011 m’a redonné espoir dans le R&B en trouvant toutes ces incroyables variétés (de son) qui fusionnent dans la musique électronique. Entendre certains de mes classiques R&B préférés retravaillés en productions futuristes a été très stimulant. Je me suis donné pour mission de soutenir cette musique et d’en faire une émission de radio. Me concentrer sur cette spécialité, ça m’a aidé à me faire un nom et finalement c’est ce qui m’a permis d’obtenir mon émission sur BBC Radio 1Xtra. Le temps passe comme le son, mais entendre ce disque me donnera toujours des frissons d’excitation. Je pense que Kaytranada est un génie : encore une fois, la batterie, les frappes syncopées… dés le depart, vous savez que c’est lui ! 

Uniiqu3 – Phase 3 

Le Jersey club est un autre genre que j’ai découvert grâce à Soundcloud. Les producteurs et les DJ étaient si implacables dans leur prestation, et culturellement si « noirs et fiers ». Quelque chose a résonné en moi, alors que je trouvais mes marques dans la musique électronique. Je me souviens de certains de mes premiers sets en tant que DJ essayant vraiment de représenter ce son sur les dancefloors britanniques et sans grand succès au départ… mais au fil des ans, le Royaume-Uni a rattrapé son retard… Uniiqu3 s’est immédiatement démarquée comme productrice pour moi, et j’étais en admiration. Quand je l’ai finalement rencontrée en 2016, nous nous sommes très bien entendues. Elle a un esprit très indépendant et fait avancer les choses. Elle a bâti un empire et est extrêmement maligne. C’est une femme noire connue, parcourant le monde avec un son, si j’ose dire, tellement… unique !!! Le jersey club aura toujours une place spéciale dans mon cœur !

Buraka Som Sistema – Hangover (Bababa) 

Ce disque !!!!! Je le joue encore aujourd’hui, mais j’ai dû m’interdire de le mettre dans mes DJ sets. Je l’ai usé jusqu’à la corde, et dans les moments de faiblesse, mes doigts me démangent de le rejouer ! Au fil des ans, j’ai conclu de nombreux sets avec ce disque. L’énergie est dingue et cela plait toujours à la foule, même quand elle ne connait pas le morceau.

Comment ne pas danser sur ce disque ! Il m’a fait découvrir un monde très éloigné du mien. A travers cette chanson, je suis devenue une grande fan de Branko, une fervente adepte de son label Enchufada et ça m’a conduit à explorer la musique venant du Portugal. J’ai adoré découvrir le croisement des cultures, l’Angola, le Cap-Vert, le Brésil, etc… fusionnant avec les sons européens. Je ne sais pas quelle serait la description appropriée pour cela, mais cette musique global bass a énormément influé sur ma manière d’être DJ, sur la musique que je recherche et même sur les amis que j’ai rencontrés.

Girls Music · Serocee – Propellah
Toddla T & Serocee – Propellah 

C’était mon tout premier dubplate !! Je me sentais tellement honorée qu’ils prennent le temps de m’en faire un, la voix de Serocee est la meilleure dans le business, on l’entend partout! J’ai passé quelques années à travailler sur l’émission BBC Radio 1 de Toddla en tant qu’assistante de production puis productrice. J’adorais déjà son émission et ses sélections, mais en travaillant dessus, j’ai pu le voir de près et en faire partie. La musique que j’y ai entendue a influencé la façon dont j’ai commence à être DJ et j’ai trouvé génial sa façon de fusionner les sons des Caraïbes avec la scène électronique britannique pour créer un son qui bastonne (bashy en anglais). Le son était parfaitement logique pour moi, c’était en même temps mon héritage et mon éducation !

Jus Now & Dismantle (feat. Busy Signal) – Fire (Spotie)

Un autre disque du genre « bashy » ! En travaillant sur le spectacle de Toddla, j’ai rencontré mon autre moitié, Sam Interface, membre du duo Jus Now, qui était connu pour fusionner les sons UK bass et bristolian avec les sons de Trinidad. J’ai rencontré Sam à un moment crucial de ma carrière. Je venais d’avoir ma propre émission sur BBC Radio 1Xtra et commençais à me sentir comme une vraie DJ. L’année de la sortie de ce titre, j’ai vécu mon plus grand été et je l’ai joué dans chaque set, que ce soit pour l’ouverture ou la fin. J’étais fière et je suis toujours fière de jouer sa musique dans mes sets, c’est mon producteur préféré… D’ailleurs je déteste que nous soyons sur la même affiche car dans ces cas-là je dois retirer ses disques qui sont une partie centrale de mon arsenal.

Hagan – Right Here 

Ce disque a lancé la branche club de mon label Future Bounce. J’avais toujours voulu que Future Bounce publie de la musique club aux côtés des projets R&B, soul et alt. Mais je ne savais tout simplement pas comment lui donner un sens, et je voulais aussi jouer de la musique de mon label dans mes sets en club. Alors j’ai pensé que je les ferais en série, une sortie par mois de mes producteurs préférés, dont on ferait une compilation en fin d’année ! Hagan a été le premier producteur à être partant et il nous a donnés deux titres très forts et puissants. Le disque a bénéficié d’un fort soutien dès le départ et cela m’a vraiment encouragé à continuer. J’ai appris énormément de choses l’année dernière en tant que propriétaire de label et ce disque me rappellera toujours le début de cette phase du label !

Ghetto Kumbe – Vamo a Dale Duro 

Je me sens tellement chanceuse et bénie d’avoir eu une carrière qui m’a fait faire le tour du monde. Chaque voyage que j’ai fait, j’ai appris quelque chose de nouveau sur moi-même. Il n’y a rien que j’aime plus que de me connecter avec la diaspora noire et la musique, en particulier la musique électronique, notre héritage africain étant ce sur quoi nous pouvons nous retrouver. Voilà pourquoi c’était magique d’aller en Colombie l’année dernière. La culture africaine y est tellement préservée et célébrée. Le fait d’être d’origine mixte et de voir tant de familles exactement comme la mienne, m’a fait ressentir quelque chose de chaleureux et de libérateur là-bas. J’ai eu la chance d’avoir un hôte formidable qui m’a fait découvrir une immense richesse musicale, dont ces gars-là font partie. J’ai hâte d’y retourner !

Jaymie Silk · 01 – Dance Music Is Black Music
Jaymie Silk – Dance Music Is Black Music 

Et enfin pour terminer, un disque poignant de l’année dernière. Malgré mon amour pour la musique électronique, pendant longtemps, je ne me suis pas vraiment sentie à ma place et j’ai eu souvent le syndrome de l’imposteur. J’ai fait des shows en étant la seule personne de couleur dans la programmation, et ce sentiment (de ne pas être à ma place) est encore plus grand lorsque vous êtes la seule femme noire, et il est encore amplifié quand vous jouez devant une foule presque entièrement blanche. Mais à travers mes voyages, les conversations de l’année dernière autour de Black Lives Matter, mon apprentissage sur le rôle historique des noirs dans la musique électronique et mon travail sur le label, je ne me sens plus comme cela. Et au fond, je me fiche de me sentir la bienvenue. Je suis là, et je n’irai nulle part ailleurs. Ce disque incarne cet état d’esprit pour moi !

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