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The Pan African Music Magazine
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Les 25 meilleures rééditions de 2017

En cette fin d’année la rédaction vous propose une sélection coup de cœur des rééditions de 2017. 

Entre compilations, rééditions vinyles et travail d’archives inédits, 2017 fut riche en retrouvailles avec des artistes et des albums exceptionnels. Retour sur ceux qui nous ont le plus marqués.

Écoutez une sélection de ce classement sur notre playlist Spotify et Deezer.

The Original Sound of Mali

25. The Original Sound of Mali

Various Artists

(Mr Bongo)

La musique malienne est reconnue comme l’une des plus sophistiquées de l’Afrique. Réalisée par Vik Sohonie et David Buttle, la compilation met ainsi à l’honneur les talents maliens qui ont marqué l’histoire. Avec sa pochette vintage reproduisant une photo de Malick Sidibé (1936 -2016), cette compilation nous replonge dans les glorieuses décennies 70 et 80 de la musique malienne dans un tonnerre électrique de guitares funk et de claviers euphorisants.

On y retrouve des artistes tels que Idrissa Soumaoro et l’Éclipse (l’orchestre de l’Institut des jeunes aveugles où furent formés Amadou et Mariam), les grands orchestres bamakois comme le Rail Band, le Super Djata Band ou Les Ambassadeurs du Motel.


An eclectic selection of music from the Arab world, Habibi Funk

24. Habibi Funk: an eclectic selection of music from the Arab world

Various Artists

(Habibi Funk)

Consacré à la réédition de musiques des pays arabes, et plus précisément des artistes qui ont mélangé leurs influences régionales et locales avec des références venues d’ailleurs, le label Habibi Funk a permis la redécouverte d’artistes essentiels tels que le James Brown marocain Fadoul, le compositeur de musiques de film algérien Ahmed Malek ou le groupe disco tunisien Al Massrieen. Trois ans après son lancement, Habibi Funk sort sa première anthologie, Habibi Funk: An eclectic selection of music from the Arab world.

Le boss du label, DJ Jannis Stürtze, explique : « Bien que le nom suggère qu’il s’agit ici surtout de musique Funk, notre intérêt dépasse largement ce cadre. Souvent, ces musiques ont été inspirées par les musiques populaires occidentales que sont la soul, la pop et le rock mais ça ne limite pas non plus à cela. Certains de nos disques préférés ont été qualifiés de ‘zouk arabe’, de ‘coladeira algérien’ (la coladeira étant un genre de musique populaire du Cap-Vert) ou de ‘bossa libanaise’ – ce qui indique que le processus des influences qui se rencontrent sur cette compilation est bien plus complexe et large que la simple transposition de la musique occidentale. »

« Loin de nous l’idée, toutefois, précise Jannis Stürtze, de présenter cette compilation comme une sélection de chansons qui représentent l’histoire musicale arabe des années 1970 et 1980. Nous n’oserions pas y prétendre. Cette compilation n’est rien d’autre qu’un choix très personnel de chansons que nous aimons. » .


Bro. Valentino

23. Stay Up Zimbabwe

Bro. Valentino

(Analog Africa)

Anthony Emrold Phillip, plus connu sous le nom de Bro. Valentino, démarra sa glorieuse carrière dans les années 60 sous l’impulsion de la légende du calypso Lord Kitchener, qui en profitera pour lui donner le surnom de Brother Valentino en hommage au mouvement Black Power. Valentino était en effet un chanteur de calypso engagé qui chantait pour les pauvres et les opprimés.

À la fin des tumultueuses années 70, on pouvait encore sentir les échos de la révolution Black Power de Trinidad, notamment à travers les deux plus grands succès de Valentino : « Stay up Zimbabwe » sorti en 1979 et « Ah Wo (Brand New Revolution) » sorti en 1980 (repris par Guts en 2013).


22. 707

Umoja

(Awesome Tapes From Africa)

En Afrique du Sud, Umoja était un groupe phare de ce qu’on appelait la bubblegum music, un style de pop un peu kitsch construit autour de mélodies bien entêtantes. Dirigé par l’auteur, compositeur et multi-instrumentiste sud-africain ‘Om’ Alec Khaoli, le groupe s’est servi de cette musique populaire et dansante comme moyen d’évasion dans un pays encore soumis à la politique d’apartheid. C’était d’ailleurs la seule issue, tant la censure et la répression s’abattaient sur ceux qui s’en prenaient au régime de manière explicite.

Dans ce contexte où noirs, blancs et métis étaient maintenus séparés, Umoja, qui signifie « unité » en swahili, était clairement un message de défi aux autorités. « Orienté vers la société, prônant l’unité » clame Khaoli. « Nous voulions que les gens se rassemblent, soient unis. » Noirs, blancs ou métis, les fans représentaient l’unité dans la diversité, la « Rainbow Nation » que Mandela allait appeller de ses voeux.


21. Resurrection Los

Los Camaroes de Maroua

(Analog Africa)

Formé à la fin des années 60 dans la ville de Maroua au nord du Cameroun, le groupe Los Camaroes a laissé sa trace dans l’histoire de la musique du pays, et ce notamment grâce à leurs nombreux lives en club et des hits diffusés en boucle à la radio. Les moteurs du groupe étaient Jean Gabari, le leader, et Messi Martin, le guitariste qui révolutionna le bikutsi – une musique et danse traditionnelle du Cameroun – en ajoutant sous les cordes de sa guitare un bout de papier mâché pour lui donner le son d’un balafon.

Une fois au sommet de sa popularité, le groupe se disloque à cause de différends entre ses membres. Mais en 1978, un homme d’affaires part à la recherche des musiciens pour leur faire enregistrer un dernier album. Ce dernier parvient à les rassembler pour une mythique session d’enregistrement, en live au Mango Bar dans le but capter l’énergie de la scène. C’est ainsi qu’est né un des albums camerounais les plus originaux de son époque : Resurrection Los.


Zimba - Baleka

20. Baleka

Zimba

(Nyami Nyami)

Au milieu des années 70, Phil Arosa fuit l’apartheid de la Rhodésie du Sud (aujourd’hui Zimbabwe) et débarque aux Pays-Bas pour poursuivre sa carrière de compositeur et de musicien. Il crée ensuite Zimba, groupe avec lequel il jouera pendant plus de 10 ans dans les clubs du pays. Durant toutes ces années, « Baleka » est le seul morceau que le groupe enregistra. Sorti en 1983, le disque fait peu parler de lui à l’époque. Aujourd’hui, les rythmes africains version cosmique de « Baleka » ont séduit le label parisien Nyami Nyami. Ils ont notamment fait appel aux Anglais de The Comet is Coming et au Parisien Blackjoy pour que chacun donne sa propre version club du morceau.


Hamad Kalkaba and The Golden Sounds 1974​-​1975

19. Hamad Kalkaba and The Golden Sounds 1974​-​1975

Hamad Kalkaba

(Analog Africa)

Hamad Kalkaba est une personnalité aux multiples casquettes, pour ne pas dire aux multiples képis. Colonel de l’armée camerounaise à la retraite, il est actuellement président de la Confédération africaine d’athlétisme (CAA) et vice-président de l’Association internationale des fédérations d’athlétisme (IAAF). Dans sa jeunesse, outre le sport, Hamad se passionne pour la musique.

L’album Hamad Kalkaba and The Golden Sounds représente bien sa discographie, qui puise son inspiration dans les rythmes du nord du Cameroun. Kalkaba explique que ces chansons enregistrées dans le milieu des années 1970 faisaient partie d’un mouvement lancé par des musiciens issus des quatre coins du Cameroun qui, à l’aide de synthétiseurs, guitares électriques et boites à rythmes, ont commencé à moderniser les rythmes traditionnels de leurs régions.


King Bucknor Jr. - African Woman

18. African Woman

King Bucknor Jr.

(Hot Casa Records)

Membre de la République de Kalakuta – nom que Fela Kuti donnait à la maison accueillant sa famille et les membres de son groupe – King Bucknor Jr. enregistre African Woman en 1979 au studio EMI à Lagos, la capitale du Nigeria. Arrangé et produit par lui-même alors qu’il n’avait que 19 ans, ce second album est considéré comme un des meilleurs albums afrobeat de l’histoire.

Sur le disque, l’homme aussi connu sous le nom de « Black Isaiah of Africa » est accompagné des 16 musiciens du groupe nommé The Afrodisk ainsi que d’une dizaine de chanteurs. On y retrouve tous les ingrédients de l’afrobeat de qualité : rythmes complexes, cuivres puissants, chœurs féminins et textes engagés.


Colours of the Night - Maalem Mahmoud Gania

17. Colours of the Night

Maalem Mahmoud Gania

(Hive Mind Records)

Les Gnaouas forment une confrérie dont les rites et musiques, puisant leurs racines en Afrique subsaharienne, perdurent depuis des siècles dans la société marocaine. Le maalem (maître) marocain Mahmoud Gania a grandi au sein d’une des plus grandes familles Gnaoua avant d’en devenir une grande figure musicale. Des années 70 jusqu’à sa mort en 2015, Mahmoud a sorti un grand nombre d’albums et a travaillé avec des artistes occidentaux de renom tels que Pharoah Sanders, Peter Brotzmann, ou plus récemment James Holden et Floating Points. Il fut aussi l’un des piliers du festival gnawa d’Essaouira, qui depuis vingt ans cultive les rencontres entre cette culture et les artistes venus du monde entier.

Grâce au label Hive Mind Records, le dernier album de Mahmoud Gania, Colours of the Night, est sorti pour la première en dehors du Maroc en septembre 2017, avec des enregistrements originaux remastérisés – au Church Road Studios – et un joli portrait réalisé par le photographe Nicolas Diop.


Ethiopiques Box 7

16. Ethiopiques Box. 7″

Various Artists

(Heavenly Sweetness)

L’essentiel de la production discographique éthiopienne a été publié en seulement une décennie (1969-1978). En tout et pour tout, environ 500 disques 45 tours deux titres et une trentaine d’albums 33 tours. Ce premier coffret de singles permet de retrouver pour la première fois ces 45 tours rarissimes, chassés à prix d’or par les collectionneurs de vinyles, sous leur forme originale avec notamment leurs magnifiques pochettes (restaurées pour l’occasion).

Sélectionné par le mythique producteur et créateur de la collection Éthiopiques, Francis Falceto, on y redécouvre  les principaux noms de la musique éthiopienne moderne : Mulatu Astatke, Getachew Mekuria, Mahamoud Ahmed…


Vincent Ahehehinnou - Best Woman

15. Best Woman

Vincent Ahehehinnou

(Analog Africa)

En 1977, Vincent Ahehehinnou se sépara du Tout-Puissant Orchestre Poly-Rythmo, rejoint par Ignace de Souza du groupe Black Santiago. Un an plus tard, Ahehehinnou Vincent Vol. 1 (aujourd’hui réintitulé Best Woman par Analog Africa) fut enregistré à Lagos. L’album est un véritable chef-d’œuvre de funk et d’afrobeat qui comprend, en plus de son habituelle voix de velours, des rythmes vaudou issus du pays d’origine de Ahehehinnou, le Bénin.


caliban digital reggae

14. Digital Reggae

Caliban

(Music From Memory)

Guitariste pour le groupe afro-reggae bouddhiste Ozo et sur le projet afro-caribéen Steel N’ Skin, Milton Myrie a produit en 1984 le maxi Open Mind / Digital Reggae, son unique projet solo distribué. Il y a peu de temps, le producteur anglais Jackson Bailey (alias Tapes) partait à la trace du musicien pour redonner une nouvelle vie à ce maxi. Après l’avoir rencontré, Jackson repartira avec un grand nombre de morceaux jamais sortis, dont le génial « Supernatural » qui figure sur la nouvelle sortie de Music From Memory.


Studio One Supreme Maximum 70s and 80s Early Dancehall Sounds

13. Studio One Supreme Maximum 70s and 80s Early Dancehall Sounds

Various Artists

(Soul Jazz Records)

En Jamaïque, Clement ‘Sir Coxsone’ Dodd est un des parrains de la production reggae en Jamaïque. Avec son label Studio One, Coxsone a fait décoller la carrière de nombreux artistes : Bob Marley & The Wailers, Ken Boothe, Toots And The Maytals, The Skatalites… Le label traverse tous les styles proches du reggae, tels que le rocksteady, le ragga et le dub. À la fin des années 70, il se concentre sur une nouvelle tendance lancée par les DJ des sound systems : le dancehall.

Le label Soul Jazz Records fait ainsi revivre les palpitants débuts de ce genre avec la compilation Studio One Supreme: Maximum 70s and 80s Early Dancehall Sounds qui réunit la crème des chanteurs, sur deux époques : Alton Ellis, Jackie Mittoo, Horace Andy, Freddy Mc Gregor et les nouveaux : Dillinger, Lone Ranger,  Sugar Minott, Prince Jazzbo, Jim Nastic, Johnny Osbourne… Le tout accompagné d’un livret de 15 pages qui retrace cette évolution.


Love Peace & Happiness - Orlando Julius

12. Love Peace & Happiness

Orlando Julius & Ashiko

(Hot Casa Records)

C’est en hommage au célèbre acteur nigérian Orlando Martins que le musicien, chanteur-compositeur et multi-instrumentaliste Orlando Julius Ekemode a choisi son nom de scène. Né en 1943 dans l’état d’Ondo au Nigéria, il commença la musique très jeune en devenant le batteur de son école, apprenant ensuite la flûte, le bugle et d’autres instruments à l’école St Peters Anglican School. Plus tard, dans les années 60, Julius commence à gagner en notoriété grâce à sa propre version de l’afrobeat créée en mélangeant le rhythm and blues américain au traditionnel highlife ghanéen. Sa carrière traverse ensuite l’Atlantique, touchant ainsi un nouveau public. Un de ses morceaux les plus populaires est « Going Back To My Roots », composé avec Lamont Dozier.

La pièce maîtresse d’Orlando Julius, Love Peace & Happiness, fut composée en 1978 entre Maryland et la Virginie-Occidentale. L’album était sorti en quantités limitées au Nigéria sur un label obscur nommé Jungle Records. Aujourd’hui, Hot Casa Records donne une nouvelle vie à ces six puissants morceaux afro funk grâce à cette réédition soigneusement remastérisée par les spécialistes Carvery.


Pop Makossa - The Invasive Dance Beat of Cameroon 1976–1984

11. Pop Makossa – The Invasive Dance Beat of Cameroon 1976–1984

Various Artists

(Analog Africa)

En 2009, Samy Ben Redjeb, boss d’Analog Africa, se lançait dans l’aventure Pop Makossa après avoir parcouru en tout sens le Cameroun pour y trouver des perles rares. Il en revient avec un grand nombre de morceaux reflétant la période où le disco et le funk en vogue contaminent le fameux makossa dont le coeur bat à Douala.

Née entre 1952 et 1962, le makossa est une danse initiée par Nelle Eyoum, inspirée de l’ambass’bey, l’assiko bassa, l’essewe et le bolobo. Le terme makossa dérive de m’akossa – les contorsions – et de kossa – les cris d’exhortation qui éveillent l’ardeur des musiciens et des danseurs.

Avant de sortir la compilation, il a fallu résoudre de nombreux mystères autour des titres sélectionnés. Le DJ et producteur Déni Shain se lance alors dans une enquête au Cameroun pour trouver les producteurs, les musiciens et les ayants-droits, afin de pouvoir sortir cette compilation dans les règles de l’art. Il en profite pour scanner des photographies et voyager de Douala à Yaoundé pour y rencontrer les artistes qui ont contribué à cette prolifique décennie musicale. On retrouve leur histoire dans le livret qui accompagne le disque.


Disque La Rayé

10. DISQUE LA RAYE – 60’s French West Indies Boo​-​Boo​-​Galoo

Various Artists

(Born Bad Records)

Selon Julien Achard, tenancier pointu du site Digger’s Digest, le but de cette compilation était « de réunir des morceaux de 1966 à 1970, métissés, dansants, à la fois latins, créoles et français avec un son des années 60 ! Le thème du Boogaloo est un prétexte à raconter une histoire du spectre musical antillais à travers des labels majeurs comme DEBS, Aux Ondes et Hit-Parade, et montrer la richesse des productions de cette époque qui se sont calquées instantanément sur les modes provenant des États-Unis. Mais au final il s’agit bien d’un boogaloo créole. »

Si elle apparaîtra plutôt confuse et peu cohérente dans son contenu pour qui n’est pas spécialiste du boogaloo et du syncrétisme des musiques antillaises des années 1960 – un titre en créole non expliqué, des grand-écarts musicaux – cette compilation est justement une bonne façon de prendre la mesure de la complexité des échanges musicaux entre l’Afrique, les États-Unis, la France et les Antilles françaises.

9. Synthesize the Soul: Astro-Atlantic Hypnotica From the Cape Verde Islands 1973-1988

Various Artists

(Ostinato Records)

Après avoir obtenu leur indépendance en 1975, les îles de l’archipel du Cap-Vert subissent de grandes vagues d’émigration vers l’Europe et les États-Unis. Les musiciens cap-verdiens, jusque là habitués aux sonorités traditionnelles, découvrent les styles musicaux occidentaux en vogue ainsi que les nouveaux instruments qui les accompagnent, et plus particulièrement les synthétiseurs. Mais il n’est pas question d’oublier leurs racines. Les synthés vont simplement être intégrés à la musique locale. Ce mélange donne naissance à une version unique de la musique électronique et reflète ainsi la liberté fraîchement acquise du Cap-Vert.

Une compilation de dix-huit titres uniques qui révèle comment l’immigration de la population d’un petit archipel isolé au milieu de l’Océan Atlantique (vers l’Europe et les États-Unis) a produit une histoire singulière de la musique électronique.


8. The Original Sound of Burkina Faso

Various Artists

(Mr Bongo)

Compilé par David ‘Mr Bongo’ Buttle et Florent Mazzoleni, The Original Sound of Burkina Faso traverse les différents genres représentatifs des années 70 du Burkina Faso : folk, funk, blues, highlife, disco, psyché, latin, rock et soul.

Une collection de morceaux qui rend hommage à un véritable âge d’or de la musique durant laquelle un nouveau son a émergé, quelques années avant que le président Thomas Sankara ne rebaptise le pays, la Haute-Volta, qui devient Burkina Faso (le pays des hommes intègres). On y retrouve notamment Abdoulaye Cissé, Amadou Balaké, Bozambo ou encore Pierre Sandwidi & le Super Volta.


Oté Maolya

7. Oté Maloya: The Birth of Electric Maloya

Various Artists

(Strut Records)

Dans le courant des années 70, l’avant-garde des musiciens se met à explorer de nouveaux horizons, en revendiquant plus que jamais l’usage de la langue créole. Nombre d’entre eux étaient autodidactes et évoluaient dans des orchestres de bal. Le Studio Royal d’André Chank-Kam-Shu, situé au sud de l’île, devient alors le carrefour des expérimentations, des rencontres et des collaborations. À l’image du groupe Caméléon (dans lequel figurèrent les légendes Alain Peters et Hervé Imare) qui façonna son propre son et deviendra un collectif majeur de cette scène, avec des paroles poétiques et un style assumé frayant une place au jazz et au psychédélisme.

Oté Maloya raconte l’histoire de cette époque musicalement fertile de l’île de la Réunion, présentant le maloya sous son spectre le plus large. À travers, entre autres, les géniaux Caméléon, le classique « Maloya Ton Tisane » de Michou, le breakbeat de Daniel Sandié « Défoule 3e Age » ou encore l’approche plus traditionnelle de Pierrot Vidot et du crooner Maxime Lahope, celle compilation offre une plongée essentielle dans l’ère révolue de la soul et du blues modernes de la Réunion.


Professor Rhythm

6. Bafana Banana

Professor Rhythm

(Awesome Tapes From Africa)

L’album Bafana Bafana de Professor Rhythm – en référence à l’équipe de foot nationale sud-africaine – était sorti au milieu des années 90, quand le kwaito battait son plein.

Professor Rhythm était un des noms de scène de Thami Mdluli, producteur et musicien membre de la Rainbow Nation et de deux groupes de « bubblegum pop » à grand succès, Taboo et CJB. Au début des années 80, les albums produits par Mdluli étaient souvent accompagnés de versions « instrumental dance ». Ces morceaux sans voix commençaient à devenir très prisés par le public sud-africain. Mdluli décida donc de répondre aux demandes des fans en sortant un premier album solo d’instrumentaux, sous le nom de Professor Rhythm, qui témoigne de l’émergence du kwaito en Afrique du Sud – variante de la house à base de samples de musique africaine, un genre qui définira la génération post-apartheid. Pour Mdluli, le kwaito est la « musique club des townships » (banlieues réservées aux non-Blancs). Inspiré de ce qui se faisait à Chicago, le kwaito était le nouveau moyen d’expression d’un peuple qui venait de retrouver le gout de la liberté.


Zaïre 74

5. Zaïre 74

Various Artists

(Wrasse Records)

Pour la première fois, des moments magiques du festival Zaïre 74 sortent de l’oubli et sont réunis sur disque. Franco, Tabu Ley, Makeba, Abeti Masikini… font entendre leur voix, captée lors des trois nuits folles annonçant le célèbre combat de boxe Ali VS Foreman. C’était à Kinshasa, au Zaïre, en 1974.

Un marathon musical réunissant la crème des artistes du Zaïre (aujourd’hui République Démocratique du Congo) et les grandes stars venues d’Amérique : James Brown, BB King, Bill Withers et les Spinners, sans oublier l’orchestre Fania All Stars, emmené par Johnny Pacheco et la divine Celia Cruz. Il s’agissait de célébrer les retrouvailles entre l’Afrique et sa diaspora, comme l’avaient déjà fait le Sénégal en 1966 (Fesman) ou le Ghana en 1971 (Soul to Soul).

Tabu Ley, Abeti Masikini, Franco & l’OK Jazz, Manu Dibango, Miriam Makeba, les Stukas… la plupart d’entre eux figurent sur ce disque de toute beauté, dans une merveilleuse qualité d’enregistrement due aux gros moyens déployés par le producteur Stuart Lewine, secondé par le Sud-Africain Hugh Masekela dans le rôle du directeur artistique de l’événement. L’organisation avait d’ailleurs été un chantier colossal, et quand Foreman annonça sa blessure, il était trop tard pour reculer. Pour le plus grand plaisir des 80 000 spectateurs qui se sont pressés chaque soir au stade.


Friday Night - Livy Ekemezie

4. Friday Night

Livy Ekemezie

(Odion Livingstone)

Pressé pour la première fois en 1983 dans l’usine de de William Onyeabor, l’album mythique de Livy Ekemezie monte facilement à plus de 1000$ sur Discogs. Mais grâce Odion Livingstone – label basé à Lagos – on peut maintenant acheter le vinyle à un prix décent ou même l’écouter en streaming sur Spotify.

Livy a mis presque un an à enregistrer Friday Night. Il l’a financé lui-même, en empruntant de l’argent à ses amis pour pouvoir payer des musiciens et des sessions dans « un des meilleurs studios nigérians de cet époque ». Livy Ekemezie explique : « À peine sorti du lycée j’ai voulu faire un album. J’étais dans le disco et le funk à cet époque. Je recherchais un son funky principalement tourné autour de la basse. L’idée était de faire un album qui sonnait comme s’il avait été fait à Londres ou aux États-Unis. J’ai essayé de sonner « américain » mais tout ça a fini différemment : un son à cheval entre l’Américain et le Nigérian. »

Digital Zandoli 2

3. Digital Zandoli 2

Various Artists

(Heavenly Sweetness)

Pour notre plus grand bonheur, et ce grâce au label parisien Heavenly Sweetness, Julien Achard de Digger’s Digest et Nicolas Skliris ont continué le travail qu’ils avaient commencé sur le premier volume de Digital Zandoli. Une suite qui ne perd pas son souffle, bien au contraire.

Les morceaux sélectionnés, d’une efficacité surprenante, ont tous étés enregistrés aux Antilles entre 1984 et 1993 par des artistes principalement auto-produits. On y retrouve les traditionnels Champagn’, Osmose ou Michel Alibo, mais aussi des sonorités plus hybrides signées Coco Fabert, Wach’Da ou Patrick Nuissier. À l’aide de synthétiseurs et de boîtes à rythmes, le zouk labellisé Digital Zandoli se frotte avec panache à d’autres genres comme le funk, le disco, le boogie ou l’afrobeat.


Sweet As Broken Dates Lost Somali Tapes from the Horn of Africa

2. Sweet As Broken Dates: Lost Somali Tapes from the Horn of Africa

Various Artists

(Ostinato Records)

C’est une époque que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître, ni même imaginer, en Somalie. L’époque où la vie nocturne à Mogadiscio était animée. Durant les années 1970-1980, la musique pop somalienne a connu son âge d’or, avant que le pays ne sombre dans la guerre et le chaos. Une période que fait revivre l’album Sweet As Broken Dates, sorti sur le label new-yorkais Ostinato Records.

Vik Sohonie, fondateur du label mais aussi DJ et producteur de musique,  américain d’origine indienne a puisé dans le trésor de 10 000 bandes, aujourd’hui géré par la fondation somalilandaise RedSea, pour en extraire des pépites. L’album est une merveille de 15 titres classiques interprétés par des groupes illustres et des artistes réputés : Waaberi, Iftiin, Shareero, Dur Dur, Maryan Mursal, Kadra Daahir, Faadumo Qassim, Hibo Nuuro, Ahmed Naaji…

Ce disque est un miracle car aucun titre ne provient d’un enregistrement professionnel réalisé en studio. Réalisés avec des moyens rudimentaires en concert ou en club, ces enregistrements ont tous ont été sauvés par de véritables passionnés.


Noir et Blanc Zazou Bikaye CY1

1. Noir et Blanc

Zazou / Bikaye / CY1

(Crammed Discs)

Noir et Blanc donne cette impression d’être à la fois toujours plus moderne et encore plus inclassable avec le temps. À tel point qu’il est presque étrange de faire figurer ce disque au nombre des rééditions, tant cet album traverse le temps et les générations.

Ce chef-d’oeuvre naît de la collision entre les chants traditionnels d’Afrique centrale et l’expérimentation électronique. On y entend les synthétiseurs analogiques et les instruments acoustiques (guitares en acier, clarinette, kalimba) survolés par des chants en swahili, kikongo, lingala et français tropical.

Enregistré en 1983, Noir et Blanc résulte de la rencontre fusionnelle entre le chanteur congolais Bony Bikaye, le compositeur algérien Hector Zazou et les scientifiques fous de CY1. Mais ce qui est unique dans Noir et Blanc, c’est cette rencontre radicale entre le kraut, l’electro-pop avant-gardiste, le post-punk et les styles vocaux traditionnels de Bikaye qui donnent à la musique son côté charnel, et son pouvoir d’émouvoir. Depuis lors, rares sont les expériences du genre aussi réussies. Zazou Bikaye deviendra plus tard un véritable groupe de tournée, adoptant un son plus électro-funk, et enregistrera deux autres albums avant de se séparer en 1988.

Noir et Blanc a été acclamé par la presse musicale internationale et continue d’influencer de nombreux artistes. Une oeuvre unique, et toujours actuelle.


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