Cette semaine, je vous invite à poursuivre le voyage sur cet extraordinaire continent musical où l’Afrique et Cuba dansent ensemble…
Retrouvez également les [EPISODE 1], [EPISODE 2], [EPISODE 3].
Cotonou – Ouaga – Abidjan – New York
Retour en Afrique de l’Ouest, pour une escale au Bénin, que l’on a longtemps surnommé « le Quartier Latin de l’Afrique ». Le pays fut en effet un vivier d’intellectuels et de cadres qui essaimèrent au delà de leurs frontières. Côté musique aussi, le Dahomey (qui devient République populaire du Bénin en 1975) fut une terre de prédilection pour les musiques afro-cubaines. Gnonnas Pedro, en est certainement la figure cardinale. Ici, avec Yiri Yiri Boum [Titre 21 – DEEZER / SPOTIFY], il reprend un titre du sonero mayor cubain Beny Moré, auquel les guitares (absentes de la version cubaine) donnent une extraordinaire puissance nostalgique. Décédé en 2004, Gnonnas Pedro fut aussi un des piliers du groupe Africando, qui lui rend hommage [Titre 22 – DEEZER / SPOTIFY] dans son tout dernier disque paru en 2013.
Sur ce même disque, Viva Africando, figure aussi le salsero du Burkina Amadou Balaké, qui nous a quitté en aout 2014. A la fin des années 70, il part même enregistrer deux albums à New York, avec la crème des salseros de là-bas. Yamba en fait partie, qui ironise sur les méfaits du yamba, entendez de la marijuana (« le satan envoyé en Afrique pour arrêter le progrès africain », assène-t-il). Balaké manquera à la salsa made in Africa.
Bon nombre de chanteurs qui firent les grandes heures de la salsa ouest-africaine, firent partie du All Stars Africando sur lequel nous reviendrons plus longuement la semaine prochaine. Pour l’heure, et pour le plaisir, voici [Titre 23 – DEEZER / SPOTIFY] un titre chanté par le défunt Pape Seck, ancien du Star Band de Dakar dont la voix rocailleuse n’a jamais trouvé d’égal.
Retour à l’envoyeur, quand les cubains chantent la salsa africaine
Ainsi donc, les musiques afro-cubaines sont entrées dans la bouillonnante marmite culturelle des villes africaines qui mijotait au feu des indépendances à venir. Elles ont partout accouché de recréations originales. Quelques décennies plus tard, alors que peu à peu des ponts partout se reconstruisaient entre le Continent mère et ses enfants, qui depuis quatre siècles en cultivaient la mémoire, les musiques africaines ont retraversé l’Océan.
Si bien qu’aux Etat-Unis, au Brésil, en Colombie, les afro-descendants tendirent l’oreille vers le continent. On s’intéressait notamment aux musiques rituelles, aux rythmes traditionnels dont les Amériques avaient subi l’empreinte. Il faut dire que certains rythmes cérémoniels – comme ceux utilisés en Afrique dans le vaudou ou la religion Yorouba – étaient toujours en vigueur dans les cultes comme la santeria cubaine ou le candomblé brésilien.
La chanson Agoh, du béninois Michel Pinheiro, mélange avec brio le rythme traditionnel agbè avec de la salsa dura [Titre 24 – DEEZER / SPOTIFY]. Les échanges, souvent invisibles se poursuivirent donc.
Cuba bien sur n’y fit pas exception. Et le mythique orchestre Aragon, qui avait inspiré dès les années 50 des centaines et des centaines de musiciens africains, s’emparait d’un classique de la salsa sénégalaise, Yaye Boye, déjà repris par Africando [Titre 25 – DEEZER / SPOTIFY]. L’Orquesta Aragon reprend la chanson en wolof [Titre 26 – DEEZER / SPOTIFY], en y mettant sa touche cubaine, et notamment les fameux arrangements de violons, marque de fabrique de la formation née en 1939, il y a 75 ans !
Cette longue et durable histoire d’amour entre l’Afrique et ses enfants d’outre Atlantique se poursuit donc. A travers la salsa mais bien sur aussi d’autres musiques (jazz, reggae, rap, afro-beat, etc…), l’arbre âgé de plus de quatre cents ans est plus vigoureux que jamais, donnant toujours naissance à de nouveaux bourgeons.
La semaine prochaine, je reviendrai sur un des meilleurs albums de ce groupe déjà maintes fois cité, mais sur lequel il faut vraiment s’attarder : Africando.
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