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The Pan African Music Magazine
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Fuse ODG tente de reconnecter l'Afrique à ses diasporas

On peut dire que ‘Antenna‘, le premier single de Fuse ODG sorti en 2013, fût la chanson de l’année en Afrique, à Londres, voire aux quatre coins du monde.

C’était la première fois qu’un artiste de la diaspora africaine atteignait une audience aussi large en Afrique. Le succès de « Antenna » a vite été suivie par « Azonto » et son clip « Afropolitain » qui a gentrifié une danse traditionnelle ghanéenne. Attendu et bien accueilli, son premier album T.I.N.A est sorti en 2014 accompagné de featurings avec Sean Paul, Killbeats, Itz Tiffany, et Angel. En 2015, Fuse collabore avec Major Lazer sur « Light it Up« , remix qui grimpa jusqu’à la septième position du top singles UK.

Alors que Fuse est au Ghana pour promouvoir son nouveau single où figure Damian Marley, « Bra Fie », nous avons échangé avec lui. Dans cette interview, Fuse ODG parle de ce nouveau morceau, de politique et de musique en Afrique.

Ta chanson, « Antenna », a été un succès dans le monde entier. Ça t’a surpris ?

On ne pensait pas que ça allait prendre ces proportions folles. On savait qu’on tenait là quelque chose de spécial, mais on a quand même été surpris par un tel engouement. C’est un moment marquant pour l’afrobeats [une nouvelle famille musicale née au Nigéria et au Ghana, marquée essentiellement par sa signature rythmique et son chant en anglais aux accents d’Afrique de l’Ouest ; NdT].

Qu’est-ce qui a inspiré ta nouvelle chanson, « Bra Fie », avec Damian Marley ?

C’est une invitation à rentrer au pays : « bra fie » signifie « rentre à la maison ». C’est un appel que je fais à notre peuple pour qu’il rentre chez lui, non seulement physiquement mais aussi spirituellement. Il est temps de nous reconnecter avec notre âme et notre culture, pour pouvoir représenter complètement notre culture. C’est donc un appel que je lance aux Africains pour qu’ils rentrent à la maison, et ma collaboration avec Damian Marley tombait à pic : dans cette chanson, il a pu exprimer ses propres préoccupations. Ce morceau a été le début d’un tout nouveau dialogue entre Damian et moi, et je suis certain que beaucoup de gens vont s’y reconnaître.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

On s’est d’abord connus l’an dernier à Londres et la première chose dont on a parlé, c’est le fait que les Africains et les Caribéens devaient être unis. On doit commencer à travailler ensemble, à créer ensemble. Et c’est exactement ce qu’il voulait, lui aussi, et je reconnais que c’est très agréable de rencontrer quelqu’un comme moi, qui partage la même mentalité. C’est ce qu’il a dit :  lui et moi, on avait une bonne façon d’encourager les gens à s’unir. C’était une discussion géniale. C’est à partir de ce moment qu’on a su qu’on voulait travailler ensemble. Alors quand on a commencé à composer, c’était très simple pour nous de choisir une chanson qui allait favoriser l’union de notre peuple. 
 


Quand avez-vous commencé à travailler sur cette chanson ?

Tout a débuté au Ghana, puis Damian m’a invité en studio, chez lui à Miami, et c’est à ce moment qu’on a vraiment commencé à travailler sur la chanson. On l’a finalisée là-bas. On a passé une semaine ensemble, à chiller, et à parler de l’Afrique et des Caraïbes. On a même pris un peu de temps pour jouer au football, pendant qu’on composait !


J’essaie d’imaginer le genre de conversations qui ont mené à l’écriture de cette chanson…

Je m’en doute bien ! C’était toujours des conversations très profondes, on pouvait rester éveillés toute la nuit et soudain, on se rendait compte qu’il était déjà 6 heures du matin. Tu vois le genre de conversations ? C’était une des meilleures semaines de toute ma vie [rires].


Dans cette chanson, il y a un extrait du discours de la déclaration d’indépendance du Ghana, le 6 mars 1957, par le Premier ministre Kwame Nkrumah. Pourquoi était-ce important d’utiliser ces mots ?

Je pense qu’il a dit des choses qui sont très pertinentes aujourd’hui encore. Il était tellement en avance sur son temps, un véritable visionnaire. Il voulait montrer au monde que les noirs étaient capables de gérer leurs propres affaires. Il a parlé d’une nouvelle Afrique et d’un nouveau monde avec tant de fierté et de confiance. Des choses tellement pertinentes par rapport au nouveau mouvement actuel et à la nouvelle nation africaine. Je le considère comme le fondateur de tout ça, et je le fais savoir dans cette chanson afin que les gens puissent mieux le connaître. Les Africains du continent connaissent déjà ce discours mais en dehors d’Afrique, peu d’entre eux en ont entendu parler, et ce discours m’inspire beaucoup.


« Bra Fie » serait donc une extension du projet TINA (
This Is New Africa : 
« Ceci est la Nouvelle Afrique ») ?

Oui. « Bra Fie » est le nouveau souffle de This Is New Africa (TINA). Il nous signifie qu’il est temps pour nous de devenir une nation. Il nous montre ce que nous avons traversé, où nous sommes aujourd’hui, et pourquoi nous devons avancer ensemble.


Ne crois-tu pas que la philosophie de Nkrumah a été trahie, puisqu’il est toujours aussi difficile pour la diaspora africaine de s’installer en Afrique ?

Oui, on a laissé cette idée de côté en cours de route, et c’est pourquoi je me suis donné pour mission de la raviver, uniquement pour rappeler aux gens qu’on a perdu là quelque chose qui était très pertinent à l’époque, quelque chose qu’on doit absolument récupérer.


Quelle est ta propre expérience du retour en Afrique ?

J’adore être au Ghana, et j’adore être en Afrique car ici rien n’est verrouillé : si tu travailles dur, tu peux obtenir ce que tu veux. Ce n’est pas comme au Royaume-Uni ou aux États-Unis, où j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de verrous qui t’empêchent d’accéder à certains niveaux. En Afrique, rien de tout ça. Au Ghana, j’ai pu m’asseoir à la table du Président, simplement parce que je suis amoureux de ce pays. Ce genre de choses n’arrive jamais au Royaume-Uni.


Que penses-tu de la représentation que les médias occidentaux font de l’Afrique ?

La représentation de l’Afrique par les médias occidentaux est très négative, biaisée et ce n’est pas ce qui va encourager le tourisme en Afrique. C’est pourquoi le projet This Is New Africa (TINA) est très important pour moi, parce qu’on est en train de créer une nouvelle plateforme. Il était temps que l’on crée notre propre média et que l’on raconte notre propre histoire : si nous, on ne raconte pas leur histoire à leur place, pourquoi se permettent-ils de le faire pour nous ? Ils ont leurs préoccupations, qui ne sont pas les nôtres, alors on doit raconter notre histoire à travers notre musique et nos médias.


Que penses-tu de la démocratie dans ton pays, le Ghana ? Et en Afrique en général ?

J’aime le nouveau président du Ghana et sa façon de penser. J’apprécie les projets qu’il a mis en place, et j’espère seulement qu’il fera ce qu’il a dit à propos du Ghana : un pays autosuffisant qui n’a pas besoin de faire l’aumône, et une puissance économique qui encourage les échanges commerciaux, et pas l’aide internationale, et c’est pourquoi je l’apprécie. Cette philosophie s’aligne sur le système de pensée de Kwame Nkrumah. C’est très important que l’on apprenne à faire les choses par nous-mêmes, et que l’on se développe sans aller quémander la charité. Je suis très enthousiasmé de voir ce qu’il fait. C’est encore très récent pour lui, même pas deux ans.


As-tu déjà envisagé d’entrer en politique au Ghana ?

[Rires] Je ne suis qu’un artiste dévoué et je veux utiliser ma plateforme pour aider les autres. Je n’envisage pas vraiment de faire de la politique [rires]. En ce moment, je veux me focaliser sur ma musique et l’utiliser pour aider les gens.


Quel impact la musique peut-elle avoir sur la politique en Afrique ?

Un impact énorme ! Selon moi, la musique est une des armes les plus puissantes qu’on peut utiliser en tant que continent pour créer une prise de conscience au niveau politique. On ne doit pas sous-estimer le pouvoir de la musique. C’est véritablement une des armes les plus puissantes en Afrique, qui peut aider les gens à se rassembler : de la même manière que j’ai pu me connecter à Damian Marley, on peut se connecter aux Africains d’Afrique et à ceux de la diaspora. La musique est une arme puissante, qui ne pourra jamais devenir une monnaie d’échange dans la sphère politique, quelle que soit la nation.


Tu peux nous en dire plus sur ton label discographique, Off Da Ground ? As-tu signé des artistes récemment ?

Oui, on est justement en train de travailler avec un nouveau talent… Je ne veux pas donner de détails tant que ce n’est pas officiel [rires]. Mais tu peux déjà checker Kojo Talr : c’est mon frère, et il vient juste de sortir une nouvelle chanson, « Obaa Hemaa ». On travaille avec énormément de nouvelles têtes, et tu vas bientôt entendre parler d’eux.


Quels ont été tes plus gros défis jusqu’à présent ?

Ça a été un chemin béni, et je crois que je n’ai pas à me plaindre. En ce moment, mon plus gros challenge est de trouver l’équilibre en créant une plateforme pour aider l’Afrique, sans pour autant être trop controversé ou polémique. Trouver l’équilibre est très important.


Tu es au Ghana désormais. Sur quoi travailles-tu ?

Je dois rentrer chez moi pour « Bra Fie » et dire aux gens que je suis à la maison. On fait de la promo et on se connecte à différentes personnes. J’aime beaucoup rentrer à la maison.

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