« Black Indians ». Voilà deux mots qu’on n’a guère l’habitude d’associer en Occident. Pourtant, ceux qui ont choisi de se nommer Black Indians incarnent une réalité historique, mais aussi sociale et culturelle. Ils rendent hommage à un fait unique dans les Amériques : la rencontre des populations noires et indiennes pour résister ou se soustraire au système d’oppression esclavagiste et colonial hier, socio-économique et racial aujourd’hui. C’est à la Nouvelle Orléans que cette union forgea une culture spécifique, célébrée lors du Mardi Gras, cette journée exceptionnelle où les identités et les revendications avaient une place pour s’exprimer en public. Les Mardi Gras Indians (Les Indiens de Mardi gras) sont ainsi sorti du bois, exhibant fièrement la beauté de leurs chants et de leur costumes, dont les plumes et les perles puisent dans le double héritage culturel africain et amérindien. C’est l’objet du premier volet de la série que PAM consacre aux Black Indians, dont l’histoire est retracée dans une exposition inédite au Musée du Quai Branly.
On n’aurait tort de n’y voir que folklore passéiste ou divertissement, car ceux qui perpétuent cette tradition appartiennent à des gangs ou tribus bien réels qui ont tissé de puissants réseaux de solidarité et de résistance à l’adversité. Pour certains, la musique a parfois même été synonyme de calumet de la paix, comme ce fut le cas des Big Chief Jermaine et Romeo, deux jeunes chefs qui ont formé le 79rs gang, un groupe dont le hip-hop puise dans l’héritage afro-amérindien, et dont Elodie Maillot, auteure de notre série sur les Black Indians, dresse le portrait dans le second volet de la série.
Elle se refermera avec un portrait de Christian Scott, aka Chief Xian Atunde Adjuah, jazzmen lui-même chef d’une tribu de Black Indians, qui incorpore des éléments de cette tradition à son art, et la défend sur les scènes du monde entier.