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The Pan African Music Magazine
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Binhan : chanteur engagé dans l'espoir pour la Guinée‑Bissau

Binhanquinhe Quimor est tout simplement Binhan, chanteur compositeur de Guinée-Bissau qui dénonce la misère sociale et politique de son pays depuis 2008 dans des chansons pleines d’amour et d’espoir, aux textes engagés et réalistes. Collaborateur fréquent du culte Super Mama Djombo, il voit aujourd’hui son album de 2015, Lifante Pupa, sortir dans le monde entier, via Cantos Music.

Interview par téléphone à Lisbonne, où le musicien guinéen répète avant le concert de lancement de l’album vendredi 14 avril au B.Leza, club mythique de musique afro du centre-ville de Lisbonne.

PAM : Bonjour Binhan. Lifante Pupa sort cette semaine dans le monde entier. On connaît l’intérêt que tu portes aux textes. Quel est le thème de ce disque ?
Bihan : Il y a trois thèmes principaux : la paix, l’amour et l’espoir. Sans paix, l’amour n’est pas possible. Et sans amour, une valeur fondamentale selon moi, il n’y a pas d’espoir, notamment pour le peuple de Guinée-Bissau, pour qui je chante.

PAM : Avec cet album, tu souhaites passer un message ?
B : Oui, c’est un canal de communication pour faire savoir au monde ce qui se passe dans un pays qui a besoin de connaître la paix. C’est pourquoi il y a toujours une critique sociale dans mes chansons, parce que mon pays est en crise depuis des années. Après la crise de 1998 [une guerre civile suite au coup d’État contre le président], la Guinée-Bissau n’a jamais vraiment connu la paix, jusqu’à aujourd’hui et une nouvelle crise politique [instabilité du pouvoir gouvernemental depuis 2014].


JE NE FAIS QUE DÉCRIRE LA RÉALITÉ D’UNE SITUATION. MA MUSIQUE EST ACCEPTÉE DANS TOUT LE PAYS, DANS TOUTES LES CLASSES SOCIALES, ET A LE DROIT D’EXISTER. ET JE N’AI JAMAIS ÉTÉ CENSURÉ PAR LE GOUVERNEMENT.


PAM : Tu chantes en créole de Guinée-Bissau et en portugais. Crois-tu que le message peut passer au niveau international pour ceux qui ne comprennent pas ces langues ?
B : Ce sont mes langues, et je pense que lorsqu’on écoute mes chansons, ou qu’on me voit jouer sur scène, on comprend de quoi je parle. La musique reste le langage universel, je crois.

PAM : Le Super Mama Djombo est un groupe de Guinée-Bissau extrêmement populaire là-bas depuis les années 1960, pour ses prises de position indépendantistes, ses hommages à Amilcar Cabral, et pour son rôle dans la libération du pays contre le colon portugais. Tu penses que la musique peut encore aujourd’hui avoir un rôle et un impact sur la société, notamment en Guinée-Bissau où la crise politique et sociale est aujourd’hui assez grave – le Mouvement des Citoyens Conscients et Non Conformes demande actuellement la démission du président de la République. Est-ce que ta musique est acceptée par le gouvernement et la population ?
B : Qui provoque le peuple ? Les politiques. Qui en paie les conséquences ? La jeunesse. Quel futur pour les jeunes ? Quasiment aucun aujourd’hui. Je chante pour faire connaître les problèmes. Et parce que je ne fais que décrire la réalité d’une situation, ma musique est acceptée dans tout le pays, dans toutes les classes sociales, et a le droit d’exister. Et je n’ai jamais été censuré par le gouvernement.

PAM : Dans la chanson « Bolseiros » (« les étudiants boursiers »), tu parles des étudiants de Guinée-Bissau qui obtiennent une bourse pour aller étudier à l’étranger. Peux-tu nous parler de cette chanson ?
B : Beaucoup de jeunes Guinéens obtiennent une bourse d’étude du gouvernement et partent étudier à l’étranger. Mais lorsqu’ils rentrent en Guinée-Bissau, ils n’ont aucune perspective d’emploi et ils se retrouvent au chômage ou à la rue. Je pense qu’il devrait y avoir une réforme dans l’administration du pays pour permettre aux jeunes de travailler dans le secteur dans lequel ils ont étudié. Certains ne reviennent pas et finissent par s’installer à l’étranger, ce qui crée un manque dans le pays.

PAM : Tu as voyagé grâce à la musique, et tu as rencontré des artistes à l’étranger, comme Monica Seka, « la reine de l’afrozouk » que l’on retrouve sur ton album. Quelle est ta relation avec les genres musicaux des autres pays ?
B : Ce disque a été enregistré en Guinée-Bissau et à Abidjan, en Côte d’Ivoire. J’y ai rencontré Monica Seka, la grande chanteuse de Côte d’Ivoire. Elle est sur l’album, et c’était pour moi un honneur de chanter avec elle. J’ai aussi invité une grande chanteuse du Cameroun, Queen Etmen. Je pense que la musique est un espace magnifique pour faire la connaissance des gens.

PAM : En parlant de collaborations, tu as justement rejoint le Super Mama Djombo, groupe culte de Guinée-Bissau depuis la fin des années 60, comme chanteur, sur le dernier disque et sur scène. Peux-tu nous raconter l’expérience ?
B : J’ai rejoint le groupe en 2007 pour enregistrer le dernier disque. Ce groupe a donné beaucoup d’espoir aux Guinéens et j’ai appris énormément avec eux. C’est une véritable école de la vie pour moi.

PAM : Peux-tu d’ailleurs nous raconter une anecdote à propos du Super Mama Djombo ?
B : En 2008, on est allés en Islande pour enregistrer un album du groupe. C’était la 1ère fois que je voyageais en Europe. Il y avait beaucoup de gens dans la rue, et ça me faisait peur de sortir. Un des membres du groupe m’a demandé si je pouvais aller acheter des cigarettes dans un magasin. Je lui ai dit que je ne pouvais y aller à cause du froid ! On est finalement restés un mois, et ça s’est bien passé au final. Depuis, j’y suis retourné trois fois, et j’aime beaucoup ce pays.

PAM : Tu t’es finalement pris de passion pour l’Islande ?
B : Oui, l’Islande est devenu un pays frère !

Binhan, Lifante Pupa, sortie le 12 avril 2017 sur Cantos Music.

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