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The Pan African Music Magazine
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Dr Khaly et Mr Angel : du pianiste virtuose au chanteur survolté

Dernier pianiste de Cesaria Evora, le jeune pianiste a laissé derrière lui mornas et coladeras traditionnelles pour se lancer dans une carrière solo, en suivant les sons qui font danser sa génération.

L’an dernier, Carlos Alberto Pereira Tavares Silva dit Khaly accompagnait au piano plusieurs des artistes du Kryol Jazz Festival. Il est vrai que le jeune homme, du haut de ses 24 ans, a des références. C’est lui qui fut le dernier pianiste de la diva aux pieds nus, Cesaria Evora, dont le visage orne désormais les billets de banque capverdiens. À l’époque, il n’avait que 17 ans, et un passé de surdoué vite remarqué à Mindelo, sur l’île de Sao Vincente.

Khaly a grandi dans une île, et mieux, dans une famille de musiciens. L’un de ses oncles jouait du cavaquinho (il avait d’ailleurs accompagné Cesaria), son père de la guitare, que sa mère taquinait aussi (la guitare). C’est d’ailleurs elle qui, quand il arriva à l’âge mûr de… deux ans, lui offrit son premier piano. Un simple jouet chinois, sur lequel il repiquait les mélodies qu’il entendait à la radio. Et puis il apprit les airs qu’on joue à Noel, à la Saint Sylvestre : les gens l’applaudissaient ! Son oncle, voyant son talent, l’embarqua dès l’âge de onze ans pour jouer dans les soirées capverdiennes avec son orchestre, l’Harmonia. À 17 ans, José da Silva, le producteur de Cesaria Evora, vint le chercher pour remplacer le pianiste de l’orchestre. Ce dont il s’acquitte, une année (et trois tournées durant), avec maestria. Après la mort de la diva, il termine ses études. Baskets, large T-shirt et basket, Khaly s’habille comme les jeunes de son âge, écoute du hip-hop, du funk, de l’afro-beat, scrute les nouveaux horizons électroniques. Et rêve d’un nouveau son, rien qu’à lui.

(c) Youri Lenquette

À la voir répéter, au sous-sol d’un studio situé à deux pas de la place Louis Camoes où se tiennent la moitié des concerts de l’AME, on pourrait croire qu’il a un frère jumeau, que ses déjà fans appellent Khaly Angel. Il danse, sautant sur ses appuis, comme l’aurait fait Mohamed Ali. Les deux synthés chauffent, la guitare électrique s’énerve, et la basse a de faux airs de bombardier. Le batteur – Rob Leonardo, exilé d’Amérique, fait gronder le tonnerre surs ses toms. Seule, aérienne, plane la voix du chanteur, qui visiblement a un faible pour le R’n’b… avant que le morceau s’embarque sur un beat frénétique, qui n’a rien à envier au coupé décalé ou au kwaito d’Afrique du Sud. Khaly se fait alors rappeur, rageur, et fonce tête baissée dans la mêlée. En remontant les marches du studio, j’étais sourd. Mais content.

Dans la nuit du 13 au 14 avril, il animait la scène de la plage Cabra Canela, dédiée à la jeunesse. Un show case énergique, qui laissait présager du potentiel de ce jeune touche à tout. Il envisage d’enregistrer bientôt son premier disque. A suivre, évidemment.

1ère photo : (c) Youri Lenquette

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