Dans la nuit du 17 au 18 avril 1980, la Rhodésie du Sud, ancienne colonie britannique accédait enfin à l’indépendance, après quatorze années d’une sanglante guerre de libération.
Ce soir là, dans le Rufaro Stadium de Salisbury (la capitale ne s’appelle pas encore Harare), est proclamée solennellement l’indépendance du Zimbabwe. Un nom qui rappelle les grandes heures de l’empire du Monomotapa (XIè-XVè siècles) et ses colossales forteresses, baptisées Great Zimbabwe.
Devant les 35.000 spectateurs en liesse, et bien plus à l’extérieur, l’Union Jack descendit lentement de sa hampe pour laisser place au drapeau du pays enfin libre, sonnant le glas des empires coloniaux européens en Afrique. Le clou du spectacle fut à n’en pas douter le concert de Bob Marley, qui quelques mois auparavant avait sorti sa fameuse chanson « Zimbabwe », hommage aux combattants du pays, et plus largement aux peuples en quête d’autodétermination. Il avait été joint peu de temps auparavant, et avait tout de suite accepté l’invitation du gouvernement.
Marley avait certes déjà joué sur le continent, mais jamais son message n’avait à ce point rejoint l’histoire de manière aussi percutante. Jamais sans doute le retour d’un fils d’Afrique sur la terre mère n’avait eu autant de sens, et de portée. Marley s’éteignit un an plus tard. Il n’aurait sans doute pas aimé la manière dont le pays allait, avec les années, s’enfoncer dans une terrible crise. Ni l’autoritarisme de Robert Mugabe, l’indétrônable président du pays.
C’est aussi ce que disait Tiken Jah Fakoly, qui se produisait en 2005 à Harare, et qui tint absolument à se rendre au Rufaro Stadium où le roi du reggae avait autrefois fait résonner « Zimbabwe ».