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The Pan African Music Magazine
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Basquiat, mixes et remixes
Jean-Michel Basquiat mixant au Area Club, 1984 © Ben Buchanan, avec l’aimable autorisation de la Philharmonie de Paris

Basquiat, mixes et remixes

Alors que deux expositions s’ouvrent simultanément à Paris, PAM emboîte le pas de celle qui se tient à la Philharmonie, consacrée aux relations du peintre Jean-Michel Basquiat et de son œuvre avec la musique. A commencer par le jazz et le hip-hop, qui hantent ses tableaux, et par sa furieuse propension à user visuellement du mix et du remix.

Comment sonne l’œuvre de Basquiat ? On peut se poser la question, comme le fait la Philharmonie de Paris en consacrant une expo entière – « Basquiat Soundtracks » – aux relations entre le peintre new yorkais avec la musique qui n’a cessé de l’accompagner, et dont il fut lui-même un acteur. Car les œuvres de Basquiat, à bien des égards, invitent à être écoutées. D’abord parce qu’elles font régulièrement référence à la musique et aux musiciens, aux disques – on dit que le jeune peintre en possédait près de 3000, mais aussi par sa manière de s’exprimer qui, après avoir débuté dans la rue à l’heure où s’impose le graffiti, fera recours aux fragments, à la photocopie, et aux mots, rappelant les samples et le flow du hip-hop en pleine émergence. 

Les musiques – il écoutait aussi bien du jazz, du rap, du reggae, du punk que de l’opéra – firent partie de la bande son permanente qui l’accompagnait lorsqu’il peignait dans son atelier de Great Jones Street. Mieux, il fut un acteur de la scène musicale new-yorkaise, en pleine ébullition au tournant des années 80. D’abord dans le groupe Gray qu’il fonda avec ses amis, puis en produisant et réalisant « Beat Bop », un titre de hip-hop dont il dessina la pochette. Autant le dire, la musique est au cœur de la création de celui qui fut le premier peintre noir à percer le monde très blanc et fermé de l’art contemporain, avant sa mort prématurée en 1988, à l’âge de 27 ans.

Tout au long de son parcours de comète, Basquiat ne cesse d’interroger sa place et celle des noirs dans la société américaine et dans le monde. La musique va l’y aider, elle qui fournit les traces intangibles des liens qui unissent l’Afrique à ses enfants, des rives du Nil à celles du Mississippi. L’Afrique, Basquiat s’y rendra un jour – en 1986 –  pour exposer en Côte d’Ivoire, mais en attendant, c’est en grande partie à travers la musique qu’il va recomposer une généalogie, et rassembler les pièces éparses du puzzle de son identité, et avec la sienne, des diasporas africaines. C’est ce fil musical, cette histoire personnelle et collective, que nous allons évoquer dans cette série en trois volets consacrée à Basquiat.

©Joachim Bertrand / Philharmonie de Paris. Avec l’aimable autorisation de la Philharmonie de Paris