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The Pan African Music Magazine
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MO LAUDI : Rencontre avec un artiste Sud‑Africain prolifique !

Aujourd’hui, PAM interview Mo Laudi : Artiste / Producteur / Organisateur de soirées et boss du label Globalisto. Le Sud-Africain, basé à Paris, est sur tous les fronts et vient de sortir un EP avec Gazelle et DJ Invizable.

Il revient sur cette collaboration, la fondation de son label, la scène Afro-House en Afrique du Sud et nous livre ses meilleurs plans soirées Afro-Electro à Paris !

Peux-tu nous parler du lancement de ton label « Globalisto » ? Quelles sont tes lignes directrices au niveau artistique ?

Au départ, Globalisto était un night club où j’avais l’habitude de mixer et d’organiser des soirées à Polokwane, en Afrique du Sud. Par la suite, j’ai emménagé à Johannesburg, puis à Londres, toujours en mixant et en organisant des soirées. A Londres, j’ai réalisé que les gens ne connaissaient pas grand-chose à la scène électronique en Afrique du Sud, c’était autour des années 2000.

J’ai lancé ma soirée à Londres, le « Joburg Project », c’était la seule résidence hebdomadaire qui proposait de la house sud africaine, du Kwaito, de l’Afro House et de la Deep House. Les gens venaient de toute l’Angleterre pour assister à ces soirées. Certains des titres que l’on jouait ont commencé à être connus comme par exemple « Township Funk » qui a été signé sur le label Warp Records 2 ans plus tard. Ce titre en particulier a eu un écho important au UK, et a influencé un grand nombre de producteurs anglais. Lorsque j’ai emménagé à Paris, j’ai remarqué que c’était le même vide, il n’y avait aucun lieu pour écouter de l’Afro-House ou du Kwaito. On m’avait parlé du Djoon mais c’était davantage de la Deep House et de la Disco Soul et il m’était compliqué d’être programmé dans ces soirées.

J’ai ainsi lancé mes propres soirées Globalisto au Nouveau Casino, à l’Alimentation Générale, au Comptoir Général et monté le festival Turning Point à la Gaité Lyrique. En faisant venir de nombreux artistes Sud-Africains en Europe, j’ai pris conscience qu’ils n’étaient pas connus du grand public, qu’on ne les entendait pas à la radio, qu’ils n’avaient pas de réseau… C’est une des raisons qui m’a amené à fonder Globalisto : afin de construire des ponts, montrer une autre facette de la musique africaine.

La ligne directrice au niveau artistique a toujours été simple : de la musique qui fait danser avec un groove, des rythmes syncopés, qu’elle soit gaie ou sombre. La majorité des productions sont inspirées de l’Afro-Electro mais ce n’est pas une barrière, on est ouvert à tous les styles de toute origine, du moment que le son est cool, frais et original.

Paradoxalement, il existe aujourd’hui de nombreux labels qui produisent de l’Afro-House, mais très peu sont gérés par des Africains et je pense qu’il est essentiel que nous prenions en main notre musique.

Peux-tu nous parler de ta collaboration avec Gazelle et DJ Invizable ? Comment les as-tu rencontrés ?

J’ai d’abord pris contact avec Gazelle et DJ Invizable via Myspace. Je les ai ensuite rencontrés à leur show au Social Club, qui était à l’époque le lieu le plus branché de Paris. J’y avais joué quelques fois avec Radioclit, une fois avec Major Lazer et pour la résidence de Brodinski. Je connaissais le gérant du Social Club, Manu, qui était très cool et ouvert. J’étais très excité de voir des artistes de mon pays jouer dans un lieu comme ça. J’aimais leur univers et leur approche : 2 mecs blancs jouant du Nu Disco Afrikaans, l’un habillé comme Maputo Seseko et l’autre portant un chapeau du Lesoto avec un casque. Leur projet était intéressant, nous avons parlé d’une collaboration et une nouvelle amitié est née. A présent, Gazelle est basé à New York et DJ Invizable est à Cape Town et nous communiquons beaucoup par internet.

Nous avons enregistré le titre « Speak Up » à Paris et le clip a été tourné en Afrique du Sud. J’ai tourné ma partie à Paris mais il était compliqué pour le réalisateur, Chris Saunders, de l’inclure. C’est dommage mais en même temps le clip est super avec les gars qui chantent dans les rues de Township et les danseurs de Pantsula exécutant leur chorégraphie.

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Le titre « Speak Up » s’adresse à la jeunesse d’Afrique, pour encourager à agir et à s’impliquer. Te considères-tu comme un artiste engagé et pour quelles causes ?   

Je ne sais pas si je me considère comme un artiste engagé mais je le suis naturellement dans ma vie de tous les jours. Il existe des personnes qui le font mieux que moi. Je pense que plus on en sait sur un sujet plus on a envie de s’investir pour une cause.

Le nom « Globalisto » m’est venu pour exprimer une idéologie dans laquelle le capitalisme global tel que nous le connaissons est fini : Global finito !

Ce qui se passe d’un côté de la planète affecte l’autre côté. Tu ne peux pas coloniser un peuple et t’attendre à ce qu’il ne te colonise pas en retour. Aucune culture n’est supérieure, on apprend de tout et de partout. Je crois en la liberté de se déplacer sans frontières, non pas pour des raisons d’argent, mais parce qu’on serait bienvenu partout. Le nom Globalisto est une façon de dire que nous sommes tous connectés. On ne peut pas voler du pétrole et bombarder des gens et s’attendre à ce que rien n’arrive, toute cause a un effet. Je crois en la création de ponts et l’apprentissage d’autres cultures.

« Speak up » parle de se battre pour ses idées, de s’exprimer sans retenu, d’évoluer au-delà de nos frontières, parler la langue de notre choix, aimer qui on veut et sortir de nos cases.

J’avais l’habitude que les gens des grandes villes me prennent de haut, c’est pourquoi aujourd’hui j’incite les jeunes à s’affirmer, à être fiers de qui ils sont et qu’ils soient fiers de leur langue.

Nous avons tendance à croire qu’une langue vaut plus qu’une autre parce qu’elle est plus répandue, mais si on regarde l’histoire, on s’aperçoit que ce fait s’explique parce que les personnes qui parlaient la langue la plus répandue ont tué les personnes qui parlaient d’autres langues. J’ai foi en la paix et les énergies positives, mais j’aime également parler des vérités qui blessent afin d’aller de l’avant.

Tu organises les soirées « Secousse » au Comptoir Général. Penses-tu que Paris propose suffisamment de soirées afro-clubbing, en comparaison à d’autres villes comme Londres ? Quels sont les lieux que tu recommandes ?

J’ai co-organisé les soirées Secousse au début, mais plus à présent. C’était davantage le projet d’Etienne Tron, une personne avec un gros réseau, qui a notamment présenté MIA à Diplo. Je l’ai contacté via Myspace, je voulais qu’il fasse un remix pour moi, mais il était trop occupé avec Johan de Radioclit à monter les soirées Secousse. Il m’a invité au Notting Hill Arts Club où se tenait chaque mois la soirée. J’ai pris le micro et mixé, ils étaient tous deux assez impressionnés par ma performance. C’est ainsi qu’a débuté ma collaboration avec eux sur différents projets, notamment le projet The Very Best.

J’ai emménagé à Paris et Etienne m’a rejoint un an plus tard. Nous avons organisé quelques soirées au Divan du Monde, puis Etienne m’a parlé de son ami Aurel qui venait d’ouvrir un nouveau lieu: Le Comptoir Général. Au départ c’était assez calme, ils m’ont demandé de l’aide pour la promo mais il n’y avait pas de son. J’ai convaincu Etienne d’investir dans un vrai Sound System et on a pu organiser de supers soirées. L’ambiance était incroyable. Puis, les problèmes du voisinage nous ont obligés à installer un limiteur. J’aime toujours jouer là-bas, le public est super, mais avec la limite de son ce n’est plus vraiment la même chose. Je préfère jouer là-bas en semaine lorsque le lieu n’est pas bondé de monde.

Si Paris est plus avancé que Londres question gastronomie, Londres est un lieu génial avec plus de clubs et de musique. Néanmoins, Paris change et est de plus en plus ouvert à l’Afro-Clubbing. Il y a quelques années je t’aurais répondu que la scène Afro-Club n’était pas représentée à Paris – bien que ce soit le lieu de naissance du coupé-décalé. En fait, cela dépend vraiment de ta motivation, de ce que tu recherches et de ce que tu considères comme de la musique Africaine.

Maintenant, avec Drake qui collabore avec des producteurs Sud-Africain, cette musique est partout. Les DJ Hip Hop jouent de l’Azonto ou de l’Afrobeats… Et tu as de plus en plus de DJ Electro qui jouent de l’Afro-House, Afro-Deep et beaucoup de Techno d’Afrique du Sud.

Après, même si Paris est une ville très ouverte, il persiste une certaine forme de ségrégation, les gens se limitent uniquement à certains styles de musique et il y a parfois un manque de culture d’autres musiques. Les mélanges sont assez rares et les personnes aiment s’en tenir à un style de musique. Certains sortent uniquement à l’Est, d’autres à l’Ouest, et lorsqu’ils sont en soirée, ils restent dans leur groupe d’amis…

Une fois, j’étais à la recherche d’un lieu pour organiser une soirée et le propriétaire m’a demandé si la foule serait mélangée. Quand il a vu ma réaction il a tenté de se rattraper en me disant que ce n’était pas à cause de moi mais que le voisinage avait peur lorsqu’ils voyaient une foule de Noirs. J’imagine que si davantage de Blancs venaient aux soirées coupe décalés dans les banlieues, on pourrait voir naitre de nouveaux styles musicaux comme à Londres. Il y a un problème d’espace à Paris, mais il reste une grosse marge de manœuvre et c’est ce qui est bien avec tout ca !

Je recommande :

  • les soirées Tropical Discothèque avec Emile Omar. Il y a toujours une bonne ambiance avec des sons vintage traditionnels, un bon Sound System et un bon lot de fesses qui remuent. Il sait comment choisir ses lieux et commence à être bien suivi à présent !
  • l’Ancestral Party avec Boddhi Satva au DJoon, J’aime sa vibe, sa personnalité, on peut sentir que la musique a une dimension spirituelle pour lui. J’aime les danseurs de House, les gens qui sont juste là pour danser comme des fous, la musique connecte tellement les gens.
  • les soirées Mawimbi. Alex du crew m’avait consulté au début du projet au sujet du nom. J’ai joué à leur 1ère soirée chez Moune et les ai booké sur l’une de leur 1ère grosse date à la Gaité Lyrique, c’était génial ! Ils jouent toujours de la House très cool avec une touche d’africanisme.
  • 97% Africa avec Yannick, mais il a un peu ralenti les choses, j’imagine qu’il cherche le lieu idéal.
  • les soirées Sofrito mais elles n’ont lieu que de temps en temps.
  • Le club « Alize », j’y vais souvent en ce moment, la musique est toujours variée et les titres s’enchainent rapidement, c’est très Afrique de l’Ouest. Très cool après 2 heures du matin.

Mo Laudi

Comment expliques-tu que la scène Afro-House soit si populaire en Afrique du Sud ? Quels sont les artistes à suivre selon toi ?

© Aurore Vinot IMG_7028La Deep-House en Afrique du Sud c’est comme la Pop, c’est partout. C’est la bande originale de Township, tu ne peux pas y échapper, une musique qui est connectée à nos racines.

La musique a toujours tenu une place importante en Afrique du Sud, Les gens sont très fiers de leurs racines c’est pourquoi ils les mixent avec leurs influences. C’est intéressant de voir l’intérêt de plus en plus fort de l’étranger, j’imagine que le monde est sans cesse à la recherche de quelque chose de nouveau.

Une poignée de DJ Sud-Africains ont émergé comme Black Coffee, Black Motion, Culoe… C’est le nouveau son Afro-Electro. Même des clubs Techno commencent à les programmer parce que la Techno en tant que telle change, tout le monde est ouvert aux influences et à ce nouveau son. Il y a Floyd Lavine, un producteur de Cape Town basé à Berlin, Lusiman, un super producteur de Durban, ou encore le groupe Limpopo Sunset de Limpopo. Batuk sont de très bons amis, cela fait des années que l’on parle ensemble pour faire des tracks ensemble, j’adore leur projet !

As-tu déjà joué en Afrique ? Où rêverais-tu de jouer un jour ?

Au moment où je vous parle, je suis au Ghana pour la 1ère fois et je me sens tellement chanceux de pouvoir découvrir cette scène. Et bien que ce soit ma 1ère fois le public est très réceptif.

En Afrique du Sud, j’ai beaucoup joué dans des clubs underground comme Capone. Il n’y a rien de tel que jouer devant un public Sud-Africain, le public est ultra-réceptif.

Au total, j’ai joué dans 15 pays africains, et 20 en dehors du continent… Chaque lieu est différent. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui connaissait parfaitement toute l’Afrique. Tout ce que je sais c’est que je ne sais rien et que je suis avide de culture.

J’adorerais jouer au Nigéria, il parait que l’ambiance est folle. Je me demande comment le public apprécierait l’Afro-House. Ils sont tellement Bling Bling, c’est dingue.

Pour finir, quel est ton grand classique de musique africaine ?

J’ai arrêté d’écouter des albums depuis longtemps, la faute au DJing. Je choisis toujours les meilleurs titres d’un album. J’aime beaucoup Oscar Sulley & the Uhuru Dance Band, en particulier le titre « Bukom Mashie ». Je peux l’écouter en boucle, d’année en année. C’est très Upbeat et Jazzy, super batterie et groovy. J’adorerais le remixer un de ces jours !

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