fbpx → Passer directement au contenu principal
The Pan African Music Magazine
©2024 PAM Magazine - Design par Trafik - Site par Moonshine - Tous droits réservés. IDOL MEDIA, une division du groupe IDOL.
Le lien a été copié
Le lien n'a pas pu être copié.

Daa Dee : la berceuse hypnotique de l’Éthiopienne Minyeshu

La chanteuse éthiopienne, basée à Amsterdam, sort son quatrième album… entre rythmes traditionnels de son pays d’origine et accents pop.

Minyeshu Kifle Tedla, de son petit nom Minyeshu, trace depuis 1999 le chemin de sa seconde vie. Car si son premier disque enregistré en Europe a bientôt 20 ans, elle a débuté toute jeune, dès l’âge de 17 ans, dans le célèbre Théâtre National Éthiopien.
École complète, elle y a chanté, joué et surtout dansé. L’occasion pour elle de rencontrer des pointures comme le crooner Tlaloun Guessese, ou le parrain Mulatu Astatqué qui n’avait pas encore connu les bénéfices du revival éthio-jazz que la célèbre collection Éthiopiques allait lui procurer.

Elle y découvre aussi le monde, au cours des nombreuses tournées que fait la troupe institutionnelle, ambassadrice d’un pays qui vit sous la coupe réglée d’une junte militaire au pouvoir depuis 1974. En 1989, la chute du mur de Berlin accélérait l’histoire, et précipitait deux ans plus tard le régime de Mengistu Haile Mariam – aka le Négus Rouge- vers sa perte. Ceci a-t-il un lien avec cela ? Toujours est-il que quelques années plus tard, au mitan des années 90, elle pose ses bagages à Bruxelles et débute une nouvelle vie, une nouvelle carrière aussi. Elle délaisse la danse pour renouer avec son premier amour, la chanson, et publie en 1999 Africa Unite, son premier disque personnel.  Elle déménage ensuite en Hollande, où elle vit toujours aujourd’hui, creusant le sillon d’une artiste singulière, branchée sur son héritage autant que sur les univers musicaux qui l’environnent. Et peu à peu, gagne en reconnaissance.

Son album Dire Dawa (2008), en hommage à sa ville natale, lui ouvrait davantage les portes d’une carrière internationale. Elle multiplie alors les collaborations, offrant à ses morceaux les orchestrations les plus diverses, comme ici avec le Dutch Brass ensemble de Rotterdam

Elle participe aussi, entre autres, au second festival mondial des arts nègres de Dakar (Fesman 2010), ou au second festival pan africain d’Alger (Panaf, 2014). Elle est depuis lors fréquemment associée à des concerts organisés pour des causes comme la protection de l’enfance ou, comme en 2014, au concert organisé pour la journée internationale de la paix. Elle y retrouve Kahsay Behre, chanteur érythréen, pour un duo inédit en faveur de la paix entre leurs deux pays, enlisés depuis plus de vingt ans dans un interminable conflit.

Comme souvent, les artistes en la matière devancent les politiques, car ce n’est que tout récemment, en 2018, que de réels signes de décontraction sont apparus entre les dirigeants éthiopiens et érythréens.

Cette même année, elle revient avec Daa Dee, toujours en collaboration avec le multi-instrumentiste Eric Van de Lest qui arrange les morceaux qu’elle compose. L’album tire son nom d’une chanson douce, qui reprend (Daa Dee) les onomatopées que les mères éthiopiennes adressent à leurs jeunes enfants pour les encourager à faire leurs premiers pas. Le tire reprend le célèbre mode méditatif Tezeta qu’affectionnent tant les Éthiopiens, cette fois-ci accompagné par un piano et un violon traditionnel masenqo qui semble murmurer pour répondre à sa voix. Mais la chanteuse s’emballe dans d’autres titres bien plus énergiques, comme dans Hailo Gaja qui semble avoir emprunté à l’univers indien (Bollywood ?) un de ses motifs les plus efficaces. Il faut dire que, du Soudan à l’Ertythrée en passant par Zanzibar, les influences orientales, voire extrême-orientales ne sont pas rares. La voix de Minyeshu domine l’ensemble du disque de toute son autorité, racontant le dur labeur des femmes qui partent quotidiennement chercher le bois pour cuisiner (Enchet Lekema), ou encore ses regrets de n’avoir pas assez su remercier sa mère adoptive (Yikerma). Le tout, dans une production qui n’est pas sans rappeler les désormais un peu lointaines heures de la world music. C’est d’ailleurs peut-être le seul vrai bémol qu’on peut émettre tant le talent de la chanteuse mérite à n’en pas douter qu’on la découvre.

L’album Daa Dee de Minyeshu sort le 26 octobre chez ARC Music.

Lire ensuite : Le Bénin fait BIM à Paris !

Chargement
Confirmé
Chargement
Confirmé