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The Pan African Music Magazine
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Jowee Omicil, saltimbanque sans frontières

Avec Love Matters!, paru en septembre dernier, Jowee Omicil invite au voyage à travers mers et continents. Un disque arc-en-ciel fait de rythmes et mélodies glanées au fil des voyages entre Caraïbe, Afrique et Amérique.

Jowee Omicill sera en concert au Théâtre des Abbesses le 20 septembre à Paris.

C’est un artiste multi-instrumentiste que la scène française découvrait en 2017 avec l’album Let’s BasH!, une exhortation à donner de l’Amour, réincarnée par le petit dernier, Love Matters! (l’Amour compte !), deuxième production française de Jowee Omicil. Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, petit retour en arrière :

Né à Montréal de parents haïtiens, Jowee Omicil est entré en musique par la porte de l’église évangélique fondée par son père à Montréal où il baigne dans le Gospel. Un beau matin, lui et son frère sont fermement invités par le paternel à entrer en classe d’instrument pour un jour intégrer l’orchestre de sa paroisse. Jowee était plutôt attiré par le piano, mais son professeur le lui refuse. Le vieux saxophone alto Selmer doré qu’il découvre dans la salle de cours lui plait. Il l’adopte, définitivement. Dès les trois premiers mois d’apprentissage, il se révèle passionné, studieux et doué, avec un goût prononcé pour le jazz. Son formateur lui recommande alors d’écouter Charlie Parker.

À vingt ans, il est admis dans le célèbre Berklee College de Boston, où il parfait sa maitrise du saxo, avant de déménager à New York pour intégrer la formation du trompettiste américain Roy Hargrove. Pendant ces années américaines, il fait la connaissance de grands noms de la scène tels que Ornette Coleman, le bassiste camerounais Richard Bona, ou encore Marcus Miller avec qui il jouera également.

Depuis lors, son goût du voyage et des autres le promènent à travers les États unis, la Caraïbe, l’Europe, l’Asie et bien sûr l’Afrique, où il parraine deux festivals, l’un en Guinée Conakry et l’autre à Mindelo au Cap-Vert. Ses nombreuses collaborations notamment avec Richard Bona, Tony Allen, BCUC pour ne citer que ces derniers, racontent au mieux son goût pour la diversité et le partage artistique. De tous ces voyages et rencontres on retrouve les traces dans la musique de Jowee Omicil. Et son dernier album est là pour le rappeler.

Love Matters!, la nouvelle cuvée de Jowee Omicil propose une immersion dans ses racines haïtiennes, une ballade à travers jazz, gospel, funk ou sono jamaïcaine. Treize compositions éclectiques porteuses de musiques à l’image de son univers.

Le musicien voyageur l’ouvre avec “Mende Lolo”, en créole haïtien, “demande à Lolo”. Mais c’est aussi un jeu de mots sur l’association du rythme mende de la Martinique, qu’on retrouve dans le Rara d’Haïti, et l’esprit de Lolo — l’une des figures féminines tutélaires de la musique haïtienne. Frétillante ou frémissante, la flûte picolo porte le morceau de bout en bout, caracolant sur le tapis que le piano et la batterie déroulent en hommage au défunt trompettiste Sud-Africain Hugh Masekela.

Love Matters! convoque l’esprit d’autres grands aînés qui ont inspiré le saxophoniste. Obas Konsa, où les tablas et la flûte laissent planer un air de cérémonie hindoue, exalte en une prière la mémoire des compatriotes de l’artiste, comme le plasticien Charles Obas, martyre du régime Duvalier dans les années 60, et le talent de son fils Beethova Obas considéré comme l’un des auteurs-compositeurs des plus doués et des plus inspirés de sa génération.

Au chapitre “tribute to”, Jowee revisite aussi quelques icônes nées loin d’Haïti, affichant son admiration pour le Nigérian Fela Kuti (Be Kuti), l’Américain Thelonious Monk (Wave Monk) ou l’Autrichien Mozart (Mozart Bash !), toutes compositions mitonnées avec des ingrédients de son imaginaire nourri de ses racines haïtiennes, omniprésentes tout du long de l’album. Comme dans Marie Clémence, où l’appel du saxo ténor réunit clavier et percus pour un morceau chaloupé façon Kompa.

On l’aura compris, l’univers artistique de Jowee Omicil s’interdit toute frontière. L’important étant de transmettre la mémoire des grands esprits, de raconter des histoires humaines, de partager des émotions, de plonger dans des atmosphères variées. “Il faut, dit-il, raconter des histoires avec la musique. Sinon, ça sonne creux. La musique, je ne la fais pas pour moi uniquement, mais pour que les gens y trouvent un refuge, une échappatoire”. Sûr qu’en ces temps de crise, l’Amour est une valeur refuge. C’est ce que semble rappeler, à chaque plage, Love Matters!. Une œuvre apaisante, vivement conseillée pour méditer.

L’album Love Matters! de Jowee Omicil est disponible chez Label Jazz Village — PIAS

Article publié le 1 octobre 2018, mis à jour le 13 septembre 2019.

Lire ensuite : Anthony Joseph : « J’espère créer un pont entre Trinidad et l’Europe »

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