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The Pan African Music Magazine
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Festival ABC : l’alphabet de l’électro passe bien par Ouaga

La quatrième édition du Festival Africa Bass Culture (ABC) s’est tenue du 1er au 10 mars à Ouagadougou. L’occasion de confirmer que la culture électro est en plein essor sur le continent. Dom Peter était l’un des DJ français invité : il nous a envoyé son compte rendu.

Une : le groupe Batuk par Sophie Garcia

Peut-être qu’il faut considérer que la reine du Festival ABC (Africa Bass Culture), c’est d’abord la capitale du Burkina Faso. OUAGA – Cette ville est cool. Vraiment cool. Tous les artistes venus de l’extérieur et invités au festival vous le diront. Ouaga et ses motos, ses vélos et ses poulets bicyclettes, sa Brakina (bière locale) et ces quelques 5000 maquis, ses habitants charmants, son sens de l’hospitalité rarement égalé…Voilà de quoi vous fasciner d’emblée et vous donner le sourire jusqu’à la fin du séjour.

C’est dans ce terreau propice qu’est né ABC. Au départ, des soirées organisées par une bande de potes parmi lesquels Camille Louvel et DJ Bomaye, qui ont évolué – avec le concours des Nantais de Trickart et le Fab Lab Ouagalab – vers un véritable festival, première édition en 2016. De la jungle et de la bass music pour matcher avec les Mc’s très présents ici. Bien sur, le Burkina y est très bien représenté avec ses rappeurs. Une scène énorme et qui s’exporte. Joey le Soldat, Art Melody, Martial Panucci ou D-oud la paix, sont des rappeurs intègres, curieux de nouvelles sonorités, sur une scène qui est tout sauf formatée ! Leurs instrus passent du dancehall à l’afrobeat et se marient à l’électro sans avoir peur des délires expérimentaux ni des couleurs “dark”. Tous ces artistes naviguent autour de l’équipe d’ABC qui propose de longues et belles soirées de fête et de musique électronique à Ouaga (c’était du 1er au 10 mars) et à Bobo-Dioulasso (la seconde ville du Burkina, les 15 & 16 mars). Cette année, l’aventure se prolonge même à Abidjan (22 & 23 mars). Toute l’équipe et les artistes devraient y aller en train !


Nyege Nyege, ABC, l’African Connexion prend de l’ampleur

Le premier week-end a très bien commencé, et concordait avec le Fespaco, le célèbre festival panafricain du cinéma : l’affluence était record, les Sud-africains de Batuk music et les Réunionnais de Sauvage sound system, avec les nombreux Dj de Ouaga, ont mis le feu au Sky Bar !

Hibotep, invitée pour cette 4ème édition du festival, est une Dj d’origine somalienne installée en Ouganda. Egalement productrice, cinéaste et créatrice de mode, elle fait partie du collectif Nyege Nyege basé à Kampala
 

Hibotep Nyege Nyege

Hibotep


Avant Nyege Nyege, il n’y avait pas d’endroit pour faire la fête sur des musiques underground, tout était réservé au mainstream. Donc les fondateurs de Nyege Nyege nous ont réunis, et on a commencé à se produire ensemble tous les soirs, jusqu’à ce qu’ils décident de monter le festival. C’était il y a cinq ans… nous sommes tous nés à ce moment-là !

Enthousiaste, elle se sent à la maison à Ouaga, et voit le festival ABC comme un cousin du Nyege Nyege : Ce que je vois ici, c’est comme l’expérience Nyege-Nyege : au départ ça commence comme une fête de famille, et puis ça grossit,  et ça rameute pleins de gens qui viennent découvrir des musiques expérimentales, des musiques électroniques, et ça, ça manquait en Afrique. Ici, ça permet aux cultures d’Afrique de l’Ouest et de l’Est de se rencontrer, et de créer de l’harmonie entre les gens : c’est bien ce que doivent faire la musique et ce genre de festival.” 

Le Nyege Nyege a connu une expansion phénoménale et une belle reconnaissance, publique comme professionnelle : bien des artistes du collectif sont en tournée à travers le monde. DJ Kampire a ainsi remporté tous les suffrages, et s’est retrouvée programmée au Sonar de Barcelone, aux Nuits Sonores de Lyon, etc …


Labo international à ciel ouvert

Étonnamment, c’est au moment où le Nyege Nyege ou l’ABC prenaient leur envol que les activistes réunionnais du Sauvage Sound System ont commencé à défendre à leur manière une autre vision de la dite « global music /sono mondiale » ou du moins des musiques électroniques africaines. Sur l’île de la Réunion, ils organisent les « Nuits sauvages » tous les deux mois au Choka bleu, un lieu tout simplement magique, avec aussi des résidences au Kabardock, et ils occupent la place de choix en Dj set pour clôturer chaque édition du festival Sakifo. 
 

Le duo Sauvage Sound System


Bet nwaar et Kwalud, les deux “Sauvages” expliquent : “
c’est vrai que tout ça a commencé au même moment, avec le même souci de construire durablement, de mettre du sens dans nos rencontres et dans les projets. Beaucoup de choses vont naître de ces trois semaines passées au Burkina, c’est sûr !

Et c’est vrai que le festival ABC, cette année encore, a servi de laboratoire à ciel ouvert pour beaucoup d’artistes qui s’y sont rencontrés et qui ont enregistré ou commencé des productions pour de futurs projets.

Par le passé, cela avait donné naissance par exemple à des rencontres fructueuses entre Joey le soldat et Akwaaba music du Ghana ou Max le Daron en Belgique. Ça se confirme aussi cette année avec Sauvage sound system qui a décidé de prendre son temps à Ouaga pour travailler avec Art Melody et D-oud la paix. Le Sud-Africain Spoek Mathambo a lui aussi enregistré des artistes lors de sa venue. Quant à moi, Dom Peter (Blanc Manioc), j’ai retrouvé mes camarades Mc Waraba et  Mélèké Tchatcho, arrivés de Bamako en bus : « notre son c’est le son de Bamako ! proclament-ils, on a gardé les sons du mandingue pour que notre nouvelle musique électro ne ressemble à aucune autre ! (entendez d’abord celles du Naija et du Ghana). On a du balafon, de la kora, du taman sur du coupé decalé et nous on rappe en Bambara ! »

Pour la première fois donc, le festival et l’équipe vont s’exporter à Abidjan (au Bushman Café les 22 & 23 mars) pour croiser le fer ou plutôt les CDJ avec la team Kamayakoi. Praktika le fondateur du crew a vécu à Abidjan, puis à Bamako, mais a commencé sa carrière au Burkina. Il revient juste de de Dakar où de nombreux crews commencent à émerger et à faire parler d’eux. 
 

MC Waraba


Pour la première fois donc, le festival et l’équipe vont s’exporter à Abidjan (au Bushman Café les 22 & 23 mars) pour croiser le fer ou plutôt les CDJ avec la team Kamayakoi. Praktika le fondateur du crew a vécu à Abidjan, puis à Bamako, mais a commencé sa carrière au Burkina. Il revient juste de de Dakar où de nombreux crews commencent à émerger et à faire parler d’eux.

Oui, l’Afrique de l’Ouest est en pleine ébullition : “On est sur le même élan que le hip-hop en Afrique de l’ouest et même en Afrique à la fin des années 90, confirme Camille Louvel, le programmateur du festival. Chaque 1er mars, à Ouaga c’est l’ABC, et tous les crews de la sous-région peuvent se retrouver ici. On continue d’échanger avec pleins d’artistes du continent, car les Djs se déplacent facilement – à une, voire deux personnes – pas comme les grosses formations, donc le Dj peut-être un premier ambassadeur pour développer des relations avec d’autres pays. Et on continue bien sûr nos échanges avec Nyege Nyege (Ouganda), Africa Nouveau (Kenya), le Ghana, et j’espère bientôt l’Afrique du Sud et pourquoi pas la Réunion…”


Ouaga est grand, mais le monde est petit

Autant prévenir que la diversité du propos et la porosité des styles et des vibes musicales pourrait déconcerter plus d’un clubber occidental. Tant mieux !

Je le dis, ABC est une expérience unique, un festival hors-norme, fraternel, drôle, (oui un festival peut être drôle), avec une proposition « Afrique électronique” des plus pointues, mais avec une forme d’ouverture assez déconcertante, le tout hyper bien organisé pour les artistes comme pour les festivaliers (je parle en connaissance de cause pour être déjà allé jouer dans les pays voisins)

C’est une immersion totale, et pas seulement sonore : mapping sur les grands immeubles qui entourent le site, créateurs en action sur zone, ateliers numériques organisés par le Ouagalab, sérigraphie, une radio et un Facebook live, et… des brochettes à tomber par terre !!!

En tout cas c’était encore une fois une édition magique, une très belle fête et artistiquement, c’était dingue ! En plus de ceux que j’ai déjà cités :  les Soeurs Doga, Michel Platinist, Zhyac Empereur, Moise el Raheb Red rockers, MistBack, Dj Ke’ly, Dj Oro, Dj Ayeayeaye, Dj Flym, Dj NMI, Mr Coton, fresh nunas, ras Fya…  Toute la scène Ouagalaise et panafricaine était là ! Et comme on dit aussi la bas, c’est ça qui est ça !

Lire ensuite : Les Fokn Bois, des bons à rien… pas sûr !

Une des soeurs Doga

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