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The Pan African Music Magazine
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Dawn Richard allume le calumet de la paix intérieure

Entre diva pop et génie incomprise, Dawn Richard tente un nouveau coup d’éclat avec son dernier opus new breed, hommage à ses ancêtres et à sa ville natale de la Nouvelle-Orléans.

Aucun doute, Dawn Richard travaille dur depuis des années, à la recherche d’une identité musicale qu’elle pense aujourd’hui avoir trouvée avec New Breed, son cinquième album studio. Déjà déguisée en pharaonne du futur sur la pochette de son précédent disque, elle porte ici de grandes bottes argentées dont l’éclat s’oppose à cette vieille maison en bois qui lui sert de décor, et à cette imposante coiffe indienne traditionnelle. Avant même d’entamer la première écoute, on devine une certaine nostalgie à travers l’artwork, comme si Richard cherchait à connecter son passé et son présent, ses origines et l’environnement parfois superficiel dans lequel elle évolue depuis maintenant bientôt treize ans.


Un tremplin à double-tranchant

À l’époque, elle est propulsée dans le star system pop US grâce au girls band Danity Kane, pur produit de la téléréalité façon MTV. Sans doute manipulée par ceux qui tirent les ficelles du milieu, la jeune chanteuse se laisse guider par le diktat de l’impitoyable industrie musicale, même lorsqu’elle démarre sa carrière solo pour tenter de provoquer le destin. Tiraillée entre les regards de son public et sa volonté d’expérimenter dans un style qui ne le permet pas toujours, elle crée son propre label Our Dawn Entertainment pour y démarrer sa trilogie du cœur : Goldenheart, Blackheart et Redemption sortent ainsi coup sur coup entre 2013 et 2016. À vouloir à la fois tenter des coups de génie tout en restant mainstream pour éviter de voir sa fanbase s’envoler, Richard vacille entre pop mainstream assumée, sursauts bass music et R’n B post-moderne pour un résultat globalement tiède mais néanmoins acclamé par la critique, qui salua avant tout son culot. 


Elle y étale ainsi ses influences (de Prince à Cindy Lauper en passant par Genesis) au milieu de productions synthétiques poussives où les beats compressés prennent parfois toute la place. Si on pouvait pourtant déceler une certaine puissance vocale sur une poignée de titres, l’âme de l’artiste se perdait nettement au milieu des séquenceurs, visant alors le dancefloor au détriment de l’émotion de l’auditeur, même lorsqu’elle se laissait produire par l’esprit génial de Machinedrum sur Redemption.

Cependant, rares sont ceux et celles qui parviennent à se construire une vraie carrière en l’ayant attaquée sur un plateau télévisé, et c’est tout à son honneur. Car celle qui se fait aussi graphiquement appeler D∆WN est une survivante qui peine à se débarrasser des clichés qui lui collent aux talons-aiguilles. Pénalisée par la couleur de sa peau dans un milieu où il semble inopportun pour une femme noire de prendre tant de risques, la chanteuse les assume pourtant pleinement à la manière de la grande Janelle Monáe ou même de Beyoncé, lorsque cette dernière choisit de s’entourer d’un gars comme James Blake à la production.


Je fais ce que je veux

Fatiguée de chercher la gloire sans jamais réellement toucher les étoiles, Dawn Richard nous fait une simili-crise d’ado à 35 ans et décide de reprendre les commandes de sa carrière en repartant du début. La créatrice d’accessoires de mode/actrice/dessinatrice de mangas fait une pause dans sa vie hyperactive pour réaliser un pèlerinage en Louisiane, terre familiale qu’elle dût quitter à cause de l’ouragan Katrina. Ce voyage en forme de redécouverte de soi sert alors de déclic à l’élaboration de New Breed, dans lequel elle exhibe ses origines avec fierté sous la forme d’un ego trip sincère destiné à l’éloigner d’une industrie qui pourrait s’avérer destructrice à terme. Elle y visite ses parents, cherche à en savoir plus sur ses racines et sur cette ville de La Nouvelle-Orléans qui a forgé sa personnalité de jeune femme. New Breed est un cadeau qu’elle fait à sa famille issue de la nation Washitaw, l’une des tribus de Black Indians qui ont pour habitude de porter, pour Mardi Gras, des costumes cousus main hérités de la rencontre culturelle des peuples ouest-africains et amérindiens. Le « Chief Montana » lui a d’ailleurs prêté ses plumes faites maison sur l’artwork, comme pour l’aider à appuyer son hommage pas forcément évident, musicalement parlant.


Plus qu’à travers les arrangements co-produits par le très présent Cole M.G.N, le guitariste Kaveh Rastegar et le prodige électro Hudson Mohawke, c’est surtout à travers ses textes et les enregistrements de sa tribu qu’elle immortalise ce retour aux sources. En effet, on éprouve quelques difficultés à se croire sur les rives du Mississippi à l’écoute de cette petite dizaine de titres, mais elle se sert cependant de cette thématique personnelle pour délivrer quelque chose de plus simple, sans fioritures, et en se concentrant sur ce qu’elle sait faire de mieux, chanter. Elle introduit alors son album en toute humilité en parlant de l’endroit où elle a grandi dans « the Nine », avant de dérouler paradoxalement une instru sci-fi sur le morceau-titre « new breed ». On reste dans le thème avec « spaces », gentille balade pop qui lui sert de défouloir sur son ex, avant de danser avec le sourire sur la house funky et estivale de « Dreams and Converse », l’un des meilleurs morceaux du disque, sur lequel plane l’ombre de son père, leader du groupe Chocolate Milk qui marqua les seventies.


Sans prétention et sans forcer le talent, elle propose même un savant mélange de R’n’B et de dub psyché avec « jealousy », puis s’adresse à ses détracteurs avec ses tripes sur « Vultures / Wolves ».

Si la conclusion « We, Diamonds » est loin d’être désagréable, oscillant quelque part entre le piano d’Alicia Keys et la pop enjouée de Janet Jackson, on sent bien que Dawn Richard a encore des choses à dire et n’est pas au maximum de ses compétences artistiques.

En plus d’être un album sincère et chaleureux de pop soulful, New Breed est aussi un réel tournant dans la carrière de Dawn Richard, que nous interpréterons comme un nouveau départ…

Dawn Richard, new breed, disponible sur toutes les plateformes via Local Action / Our Dawn Entertainement.

Lire ensuite : Don Bryant, vétéran de la soul : « Ne laissez pas tomber l’amour ! »
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