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The Pan African Music Magazine
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Congo Freedom, l’épilogue : testament d’indépendance

#CongoFreedom (épilogue) par Vladimir Cagnolari

1960-2020. Soixante ans après l’indépendance, les Congolais – comme d’autres en Afrique – se retournaient sur leur histoire. Certains artistes aussi, qui livrèrent leur méditation en chanson. Gros plan sur les chansons de Jupiter et de Baloji.

Écouter la playlist sur Spotify et Deezer

Lumumba assassiné, le Congo devenait Zaïre sous la férule de Mobutu pour plus de trente ans de règne sans partage. Le pays connut des réussites, et sa musique, portée par de merveilleux grands orchestres, conquit toute l’Afrique. Cette époque là, on vous en parle souvent ici.

Mais quand la crise économique des années 80 frappa, on s’aperçu que le pays n’était qu’un colosse aux pieds d’argile. À la fin des années 90, il allait même s’effondrer, déchiré par les guerres et les rébellions à répétition. Une époque qui n’est pas entièrement révolue. Quand en 2010, le pays célébra, comme tant d’autres en Afrique, le cinquantenaire de son indépendance, ce fut le temps des bilans et des réflexions. Certains s’y consacrèrent en musique, et ils figurent à la fin de notre playlist.

Jupiter Bokondji, figure majeure et dissidente de la commune de Lemba, à Kinshasa, avait aussi vécu à Berlin, à l’époque du rideau de fer. C’est d’ailleurs dans cette ville que s’était joué le destin de l’Afrique en 1885, quand les grandes puissances européennes s’étaient réunies pour se partager le « gâteau africain ». C’est aussi cette ville coupée par un mur qui incarnait le mieux le destin de l’Afrique post-indépendance, prise dans les glaces de la guerre froide, entre URSS et États-Unis, chacun disposant d’alliés et de relais.  Sa jeunesse berlinoise, Jupiter l’avait évoqué dans « The world is my land », un des titres de son premier album paru à l’international, Hotel Univers. Dans ce même disque figure la chanson Congo.

Elle s’ouvre sur un extrait du fameux discours de Lumumba, le 30 juin 1960, et se referme sur cette réflexion.

« À l’époque coloniale, nos ancêtre étaient des esclaves, on les fouettait trois fois par jour mais il bouffaient trois fois par jour. Puis nos parents ont pris l’indépendance… soi-disant, ils ont fait le pays à leur image. Et 50 ans plus tard, les Congolais bouffent une fois par jour, à 22H… Mes frères je m’interroge, est-ce la faute des blancs ou celle de nos parents ? Est-ce qu’on est indépendants ou dépendants ? Tout dépend… l’histoire nous jugera… l’histoire nous jugera »

Quant à Baloji Tshiani, né à Lubumbashi et grandi en Belgique, il avait déjà évoqué les affres dans lesquels avait sombré le Congo dans son premier album, Hôtel Impala. Dans une chanson fleuve, « Tout ceci ne vous rendra pas le Congo », qui charriait toutes les difficultés que connaissait notamment l’est du pays, où les guerres s’éternisaient, et l’exploitation minière aussi.

En 2010, il reprenait à sa façon le fameux indépendance Cha-Cha chanté par l’African Jazz. Un constat la fois sévère, rappelant l’absence de justice et les détournements d’argent public, mais aussi porteur d’espoirs. Explication de Baloji, extraite de la chanson :

« J’ai repris cette chanson fédératrice symbole de la crédulité des prémices, entre indépendance et armistice. Mais pour que nos démocraties progressent, pour qu’elles apprennent de leurs erreurs de jeunesse, mon pays est un continent émergent, bâti en moins de 50 ans. »

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