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The Pan African Music Magazine
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Accra, Brooklyn, Copenhague : Jojo Abot joue avec ses identités

Inclassable, c’est bien le premier mot qui vient à l’esprit quand on écoute les chansons ou regarde les clips de Jojo Abot. L’Américaine, d’origine ghanéenne, joue et se joue des identités. De manière assumée. Elodie Maillot l’a rencontrée à New York.

C’est à la fois reggae et afro-soul, hypnotique et digital, avant-gardiste et sacrément dérangeant. Le premier morceau de l’EP de Jojo Abot s’ouvre avec une chanson d’amour inattendue. « Lom Vava» ou l’histoire d’une passion entre un  amant « caucasien »  (expression politiquement correct pour dire « Blanc » aux Etats-Unis) et… une esclave. « Je t’appelle maître et tu m’appelles esclave, c’est la seule chose que je voudrai changer » chante Jojo. Comme si dans cette histoire, il n’y avait que le verbe à transformer.

Comme si dans cet amour auquel elle est « accro », il y avait quelque chose qui transcende les clichés et les douleurs. Comme si finalement les histoires et l’Histoire n’étaient pas aussi simples qu’elles en ont l’air. Pas si facile à classer. Comme Jojo.

À cheval entre le Ghana, New-York et le Danemark, Jojo Abot est aussi insaisissable qu’à rebours des clichés. Peut-être parce que, comme sa musique, et comme son identité artistique qui se décline aussi en photo, stylisme, films expérimentaux et autres œuvres multimédia, Jojo est en « renaissance perpétuelle ». « Mon voyage créatif est encore en cours. Qui suis-je ? je suis une artiste ! » répond Jojo après un concert performance au festival GlobalFEST de New York où elle évoluait avec grâce au milieu de ballons roses coiffée d’une perruque blonde, avant de finir son show dans la foule. « Que vais-je devenir ? Ça évolue en permanence. Ces six dernières années ont été des années de recherches pour explorer ma voix(e) et mes différents moyens d’expression ». Cette transversalité inspirée, le prestigieux New Museum’s new yorkais l’a bien comprise puisqu’il a offert à Jojo une résidence dans son Incubator New Inc, une pépinière de jeunes créateurs aux expressions multiformes (scientifiques, digitales, filmiques, musicales…). « Je travaille en ce moment sur différents projets de formes très libres, que je ne veux pas dévoiler tout de suite, promet Jojo, mais tout mon travail avec le musée tourne autour des représentations de divinités féminines mythiques, présentées en tant que femmes noires, parfois ambigües ». Jojo se penche en particulier sur les figures de Mawu SogboLisa la divinité, à la fois masculine et féminine, à l’origine du monde dans la cosmogonie Ewe.

« Je me suis rendu compte que mes parents et ma grand-mère, qui sont très chrétiens, appelaient toujours Dieu, avec beaucoup de conviction et de force, et ils disaient : Mawu Sogbo Lisa se souvient Jojo. Si un tel import est possible dans le christianisme, c’est que les cultures ne sont pas si éloignées que cela. Donc parler d’identité et d’évolution, ça touche aussi le terrain spirituel. Avant, nos identités étaient plus figées, aujourd’hui, on peut jouer avec, c’est excitant, mais pour ça il faut aussi accepter un certain malaise pour se poser les bonnes questions. »

En attendant de finaliser ses projets et d’intégrer les musées, Jojo Abot a été actrice dans le brillant court métrage Kwaku Ananse de la talentueuse réalisatrice ghanéenne-américaine  Akosua Adoma Owusu, et elle a été la styliste de la décapante série sur le retour au pays d’Afro-américaines au Ghana, dans « African City ». Mais Jojo s’est d’abord faite connaître en Europe  par la musique.

Après son clip très arty et cinématique, Hex, elle sort enfin son premier EP, FIFYA WOTO, qui signifie « Renaissance, Redécouverte » en langue Ewe, comme un clin d’œil à son identité en mouvement. De quoi aborder différents thèmes : la famille, la tradition, le devoir, l’amour, la liberté, et bien entendu les ragots ! Jojo a commencé la gestation de ce projet après un voyage au Ghana pour voir sa grand-mère de 95 ans. Elle a décidé de ne pas utiliser son billet retour pour Brooklyn et de rester à Accra. « Ce n’était pas un pèlerinage pour que mon « moi-futur » retrouve mon « moi passé », plaisante la chanteuse ghanéenne arrivée aux USA à 7ans. J’ai toujours fait beaucoup d’aller-retours car ma mère voulait que l’on grandisse avec deux cultures. Fyfya Woto, cette « re-découverte », c’est d’ailleurs quelque chose qui renvoie à ce qui existe en chacun de nous. »

Si le projet qui a mis des mois à éclore dans un utérus artistique en constante évolution, il n’aura fallu que six sessions au Danemark pour enregistrer cet hommage à la grand-mère de Jojo, et son combat pour être en rupture avec les cycles passés. Officiellement, Jojo se présente comme une artiste qui ne joue aucun instrument et qui cherche sa voix, mais sur scène, talking drum en main et sur ce nouvel EP, c’est bien sa patte qui orchestre. Une recette simple qui révèle une grande song-writter. De quoi retenir l’attention de Lauryn Hill, qui vient de l’inviter à participer à une grande tournée cet automne.

Tournée de Jojo Abot :
MAY 20 SAT Azgo Festival Maputo, Mozambique
MAY 26 FRI MTN Bushfire Festival Malkerns, Swaziland
MAY 27 SAT Bassline Africa Day Johannesburg, South Africa
MAY 28 SUN Zakifo Festival Durban, South Africa
JUN 3 SAT SAKIFO Festival Saint-Pierre, Reunion
AUG 26 SAT Afropunk Brooklyn, NY
SEP 9 SAT Otis Mountain Get Down Elizabethtown, NY

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